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A la recherche d’un chien, Quentin Dupieux s’abandonne à l’émotion dadaïste.

Tout est question de codes (à tripatouiller). Il y a deux ans, Quentin Dupieux, également musicien sous le nom de Mr. Oizo, élaborait avec Rubber la théorie du « no reason » selon laquelle le spectateur ne devait pas chercher à comprendre ces aventures de pneu serial killer. La chose se confirme avec Wrong qui, dans la logique d’un esprit de contradiction, va à l’inverse. Si le ton déconcertant est toujours là (mais déplacé en toile de fond), Wrong déroule une histoire parfaitement lisible et rationnelle – un type cherche son chien adoré –, malgré ce réveille-matin indiquant 7h60 ou ce bureau dans lequel il pleut en permanence. Le tout filmé dans une banlieue middle-class qu’on croirait tirée des bandes dessinées de Daniel Clowes (David Boring, Comme un gant de velours pris dans la fonte) et qui pourrait même s’envisager comme une extension de la zone pavillonnaire de Blue Velvet (David Lynch, 1986). Chez Dupieux non plus, l’univers n’est jamais désigné comme étrange : ce n’est qu’une réalité alternative. Avec ses propres codes.

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Connexion astrale avec un étron 
Tourné avec un appareil photo sous licence poétique transgressive, Wrong plairait sans doute aux dadas (notamment cette séquence de connexion astrale avec la mémoire d’un étron !). Comme chez Buñuel ou Man Ray, rien n’est gratuit, tout fait sens. Sous l’écorce du récit, on devine un propos sur la nécessité de profiter de l’instant présent, de savourer des relations ordinaires seulement en apparence, ou sur l’apprentissage du lâcher-prise comme remède aux névroses métro-boulot-dodo.

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Dupieux semble mettre en pratique cette idéologie, en mettant de côté le cynisme qui pouvait s’emparer de Rubber quand le discours méta sous-entendait clairement que les spectateurs étaient des cons. Malgré tout pollué par certaines digressions (sous-intrigue avec employé de pizzeria, interlude onirique autour du jardinier), Wrong s’abandonne à l’émotion, en grande partie propagée par Jack Plotnick, exceptionnel en homme qui perd ses repères et son toutou, et William Fichtner, pas moins méritant en gourou pratiquant la télépathie canine. De moins en moins théoricien, de plus en plus cinéaste. Right.

 

Wrong
De Quentin Dupieux
Le 5 septembre

  1. l’article m’a donné envie de voir le film, un mec qui cherche son chien en plu jai déjà vu rubber jai bien aimé.

    cécile

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