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Criolo : la langue farceuse de ce rappeur brésilien provoque des orgasmes worldwide.

Effet papillon de nuit

« Le battement d’aile d’un papillon au Brésil pourrait déclencher une tornade au Texas. » Le célèbre météorologue Edward Lorenz avait vu juste – ou presque. Ce n’est pas un battement d’aile, mais une onde sonore venue d’outre-Atlantique qui a déclenché une tornade de sold-out en 2012, et bien plus loin que prévu, dévastant très sérieusement le continent européen. Ce phénomène ravageur, répondant au nom rigolo de Criolo Doido (« créole fou »), arrive tout droit du Brésil. Derrière, se dissimule un MC brésilien de 36 ans, Kleber Gomes, ayant fait ses griffes dans une des nombreuses favelas de Grajaú, en banlieue de São Paulo, à laquelle il dédie aujourd’hui une chanson aux tonalités rap jazzy dans son deuxième opus, Nó na Orelha (« nœud dans l’oreille »), élu meilleur album de l’année à la fois par MTV Brésil et le Rolling Stone local.

« Un disque, c’est une conquête, quelque chose de sacré. La musique, une porte vers l’âme… L’attention de notre corps, l’ouïe, la vue, tout se met en mouvement pour s’exprimer », affirme le magnétique animal. Des paroles entêtantes servies par une émouvante voix caméléon, désormais incontournable au pays de Dilma Roussef, via laquelle fusionnent trip hop, rap, afro-beat, samba, reggae et musique populaire brésilienne.

Criolo ©Guillaume-Roujas

©Guillaume-Roujas

International feel
Malgré cette ouverture, sa langue aurait pu constituer une barrière infranchissable. Comment expliquer un tel succès auprès d’un public non lusophone ? « On transmet une énergie, de l’art traduit en sentiments, en humanité pure… » Fort d’une résonance internationale, Criolo s’est lancé dans une tournée européenne pleine à craquer. Après le Cabaret sauvage en juillet, c’est début décembre à la Bellevilloise (Paris, où nous l’avons interviewé) que le chanteur a comblé ses amateurs. « On est comme une grande famille. J’ai rencontré mes partenaires scéniques [dont le rasta DJ Dan Dan, aussi intime qu’un frère] à travers Marcelo Cabral et Daniel Ganjaman, producteurs de ce second album. On vit la musique comme une sorte de troc loin, très loin du business des maisons de disques. »

En parlant biz’, on lui fait remarquer qu’il incarne, l’air de rien, le récent boom économique de sa patrie. « Tant de choses évoluent au Brésil, ça oblige à être encore plus attentif envers les laissés-pour-compte, à décrire sans rechigner le revers de la médaille. » Une vigilance qui fait son charme et provoque l’adoration chez ses compatriotes, ce qui l’étonne encore : « Même si les Brésiliens me voient comme leur nouveau porte-voix, je n’ai pas cette prétention. A quoi bon se mettre sur un piédestal ? Nous sommes tous ensemble la voix du peuple ! Je n’ai que la musique et la sincérité à offrir. » On n’en demande pas plus, promis.

Nó na Orelha
Oloko

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