Martin Kohan
Le Conscrit
Le Seuil
220 pages, 19 euros
Eté 1978 : l’Argentine accueille le Mondial de football, mais dans ses prisons, on torture. De jeunes appelés appliquent sans sourciller des ordres absurdes, les devancent parfois. C’est ainsi que le conscrit sillonne la nuit de Buenos Aires à la recherche d’un médecin militaire pour répondre à cette question urgente : « A partir de quel âge un enfant peut-il être torturé ? »
En courts fragments, comme les flashs d’un aveuglé volontaire, ce roman parle avec intelligence de la bêtise (de l’armée, des hommes) et déconstruit la logique inhumaine d’un système répressif sans le dénoncer frontalement. Kohan adopte le point de vue des militaires, vitupérant contre « ces guerilleras qui se font engrosser exprès, parce qu’elles croient que si elles sont enceintes on ne va pas oser les toucher »… Avec une intelligence mathématique et une ironie froide, il joue avec nous, maîtrisant l’art du contre-pied. But.