Kim Fowley est mort la semaine dernière. Nous lui avions téléphoné il y a 10 ans pour Standard n°4. Mégalo-drôle, il a terminé la conversation comme elle avait commencé : n’importe comment – « Venez les Françaises qu’on baise… Je suis toujours vivant. »
Comme Erich Von Stroheim, J.R Ewing ou Dark Vador, Kim Fowley est l’homme que certains aiment détester. D’autres le hissent en Poulidor de la pop. Qu’importe la vérité, seule compte la légende… Le parcours de ce pilier de la scène de L.A. a de quoi impressionner : les Beatles, Soft Machine, Cat Stevens, Hanson, Zappa, Gun&Roses & Add N To (X)… toute l’Histoire du rock, petite ou grande. Mytho, parano, génial opportuniste, bateleur de foire, élevé à Hollywood par des parents acteurs, il ne pouvait devenir que le grand escogriffe fascinant de cette usine à mirages.
Comment décririez-vous la scène musicale à Hollywood en ce moment ?
Elle est faite de gens qui se font passer pour des Anglais ou des Blacks. Mais je ne vis plus à Hollywood, je vis à la limite du désert, je m’en fous maintenant.
Votre ami Phil Spector vit une tragédie (on a retrouvé une starlette morte chez lui)…
Qui sait ce qui s’est passé, c’était peut être un truc de marketing pour vendre un prochain album. Ou une performance d’art. Le meurtre, la religion, la confusion de tout… La mort est banale, toutes les minutes il se passe quelque chose d’horrible dans le monde… et alors…
Feral house, la maison d’édition culte de L.A. (dont Marilyn Manson est le plus grand fan) va publier votre autobiographie…
Oui, mais personne n’aime la vraie histoire, la vérité est dans mes albums. Mes bios sont brillantes parce que je suis plus intéressant et plus doué que la plupart des gens. Je suis plus beau que beaucoup d’hommes, je chante mieux que pas mal de gens. Tu crois que si je joue à Paris il y aura du monde ?
100/500 personnes
C’est peu !! Jim Morrison est mort, Iggy Pop est vieux, il ne reste plus que Kim Fowley à voir. En Angleterre mes shows durent trois heures, des filles montent sur scène, des mecs aussi.
Kim Fowley : « Phil Spector may kill people but i still make new recordings.»
Vous semblez aigri de ne pas être assez célèbre…
Non, je suis célèbre ! Suffisament pour que tu m’appelles. J’apparais sur 300 000 sites internet. Je suis sûr que Justin Timberlake ou Britney Spears font moins bien. Je suis moins connu mais plus respecté que Tom Cruise. Britney Spears ne va pas durer 45 ans, moi je fais de la musique que les gens aiment depuis 1959.
Comment décririez-vous la Mecque du showbiz à un nouvel arrivant ?
Hollywood est une idée, c’est factice, c’est une ville sale, la capitale du meutre, très chère, bondée, les produits chimiques provoquent des allergies. Les gens n’y sont sympas que si tu es jeune, riche, beau ou célèbre. Si tu n’es pas Cameron Diaz ou Spielberg, reste à la maison. Le rêve vaut mieux, tout le monde a le potentiel d’être sa propre star. Pourquoi me coltiner toute cette merde. Je préfère vivre comme un mort vivant dans le désert. Je suis l’homme le plus étrange que vous ne verrez jamais. Comment s’appelle ce Français Serge…? Gainsbourg, c’est ça. Je suis comme lui. Je suis simplement plus beau. C’est comme ça que tu m’imaginais ? Je ne vois personne, comme Papillon sur son île au bagne. Je n’ai pas de vie en dehors des heures de studio ou de films. Mais j’adore baiser, surtout des lesbiennes, elles font l’amour de manière très originale. Elles viennent à la maison, baisent avec moi, puis s’en vont. C’est intéressant… Venez les Françaises qu’on baise… Je suis toujours vivant.
Entretien Jean-Emmanuel Deluxe
Les disques :
The West is Best (Zip records)
Fantasy World (Shoeshine records)
International Heroes (vinyle, reste 3 ex.)
Living in the street (Microbe)
Impossible but True : The Kim Fowley Story (Ace Records)
BO (Universal Jazz) du film Cette femme-là
Le film Edgeplay sur l’épopée des Runaways
Documentaire de 2004 produit et réalisé par la bassiste du groupe, Victory Tischler-Blue. Kim Fowley était leur premier manager.