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Isabelle Kauffmann : cabaret sauvage

 

Les neuf nouvelles de cet inespéré recueil rythment neuf temps d’une découverte aussi saisissante qu’intemporelle : non, les animaux ne sont pas forcément nos amis, puisqu’ils ne sont rien d’autres que nos cousins, sinon nos frères, sinon nous-mêmes. Ici, le nain (pas compris la comparaison entre les animaux et les nains) se hisse « sur la pointe des pieds pour vérifier l’absence de courrier » dans sa boîte aux lettres, le reclus « supplie en silence », l’asocial sait que « parler, marcher, courir » constituent autant de « fonctions dont il dispose par erreur », et la petite amoureuse s’endort « avide de cette disparition rapide d’un monde sans indulgence ».

Neuf temps battus sous forme d’autant de tonalités, d’autant d’augustes paternités dont les présents rejetons auraient bien tort de rougir : nouvelles cruelle, absconse, théorique, introspective, dénonciatrice, burlesque, poétique, rebelle, philosophique, dans cet ordre ou un autre, bâties chacune d’airain sous le double parrainage de Maupassant et d’un ours, de Borges et d’un rat, de Barbey d’Aurevilly et d’un ver de terre… Le lecteur s’agrippe tel le poulpe au salutaire rocher qu’il tient entre ses indénombrables bras mous.

Isabelle Kauffmann
Cabaret sauvage
Le Passage
144 pages, 14 euros

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