Exit la direction de l’info de France 2, Arlette Chabot reste aux commandes d’A vous de juger. Sans langue de bois ?

« Je suis là depuis dix jours, mais je n’ai pas encore ouvert mes cartons. » Et il y en a beaucoup dans le bureau d’Arlette Chabot en cette matinée de septembre, au quatrième étage de France Télévisions. Depuis son éviction fin août de la direction de l’information de France 2, poste qu’elle honorait depuis 2004, la Madonna des journalistes politiques français a du temps, dit-elle, confinée à 59 ans dans un espace grand comme une chambre d’hôtel deux étoiles, au milieu duquel, outre deux énormes portraits de François Mitterrand, trône un pilier sur lequel fut tagué, paraît-il par le précédent occupant, cet élégant proverbe : « Mieux vaut être belle et rebelle que moche et remoche. » A vous de juger si c’est drôle.

L’édition de rentrée d’A vous de juger avait ceci d’étrange que les acteurs de la réforme des retraites étaient présents, mais refusaient de débattre [voir encadré]. Inhabituel ?
Arlette Chabot : Le débat, ce n’est pas dans les gênes françaises. On préfère la polémique alors que la confrontation est très naturelle chez les Anglo-Saxons. Le débat présente un risque : il y a toujours un gagnant et un perdant. La dernière fois que François Bayrou a rencontré Daniel Cohn-Bendit [A vous de juger, juin 2009], le premier a fait une erreur et l’a payé très cher. Il y a ensuite les egos, les impatiences, les détestations et les affinités, il faut utiliser des trésors de diplomatie. Par ailleurs, la lutte des classes n’est pas morte : un Premier ministre ne peut dialoguer qu’avec le chef de l’opposition, un responsable de parti ne veut pas débattre avec un simple député. Si vous descendez un peu dans le top hiérarchique, Jean-François Copé accepte par exemple de parler avec Pierre Moscovici. En prime time, tout le monde est hystérique et veut passer en premier.
Il y a de plus en plus d’émissions politiques. Cela dilue-t-il le message ?
Dans le champ audiovisuel, l’offre se multiplie mais les « produits » ne sont pas illimités et perdent en densité. Avant, vous aviez 7sur7 sur TF1 et L’Heure de vérité sur Antenne 2, point barre. Maintenant, il y a tous les soirs des invités politiques au Grand Journal, chaque matin sur toutes les radios généralistes, dans Télématin… sans oublier les chaînes d’info en continu. Eric Besson, vous le voyez cinq fois par semaine ! Avant, ils étaient rares et annonçaient parfois des réformes à l’antenne. Créer l’événement est devenu compliqué.
Sur RMC, vous observiez : « Il y a chez Sarkozy comme chez d’autres une nostalgie de L’Heure de vérité. Mais il n’y a plus de superstars en politique capables de tenir deux heures à l’antenne. » Pourquoi ?
Il y avait des figures : Georges Marchais faisait le show, Charles Pasqua était truculent, les premières émissions de Jean-Marie Le Pen cartonnaient parce qu’on n’avait jamais vu une bête médiatique pareille. Mais ils s’économisaient. Le concept de L’Heure de vérité – trois journalistes face à un invité – paraissait difficile à l’époque. Aujourd’hui c’est un procédé assez convenu et c’est moins compliqué pour un responsable politique que d’être face à un chômeur de 50 ans. Quand des Français s’adressent directement à des élus, le public adore, les politiques moins. Sauf Sarko. Daniel Cohn-Bendit rentre dans la catégorie des showmen : vous pouvez lui parler d’Europe, de foot ou d’identité nationale, il peut tenir deux heures. Les autres ont pour la plupart un discours plus formaté et préfèrent les formats courts, entre cinq et huit minutes, sur un seul thème.
Comment évolue leur discours ?
Il y en a encore qui pratiquent la langue de bois. Si c’est le bordel dans un parti, on vous répond : « c’est sain que le débat se développe, le parti est riche de sa diversité ». Il ne faut pas prendre les Français pour des imbéciles. La com’ finira peut-être par tuer la politique. On en arrive à autre langue de bois, celle du faux-aveu calculé au millimètre : « Je vous dis très sincèrement que j’ai moi-même été bouleversé par… ». Dans un autre genre, la génération Sarkozy fait dans l’abrupt, brise les tabous et affiche ses préférences : c’est le modèle « On n’a rien à cacher. » Et ce n’est pas une caricature, car certains sont vraiment sincères. Jean-Louis Borloo a construit toute son histoire là-dessus, en parlant comme tout le monde : « Vous voulez que je vous raconte le chômage dans les quartiers de Valenciennes ? » Dès ses premières apparitions, ça détonnait.

Arlette Chabot ©Tom[ts74]

Arlette Chabot ©Tom ts74

“Les rédactions sont ultra-féminisées, il y a même trop de filles, il faut rééquilibrer.”

Toujours sur RMC, vous déclariez : « Je suis sûrement la journaliste qui a fait le plus de débats avec Nicolas Sarkozy. »
Depuis 1993, j’ai fait dix à douze grandes émissions avec lui. Face à Daniel Cohn-Bendit, Jean-Pierre Chevènement, François Hollande… et aussi, en 2002, une confrontation assez marrante que mes confrères ressortiront peut-être dans quelques mois, face à Strauss-Kahn. Pendant les émeutes en banlieue de 2005, il est aussi venu, en tant que ministre de l’Intérieur, face à des maires, des jeunes.
Comment faut-il le prendre ? Lui poser une question compliquée ?
Les questions difficiles, il faut toujours les poser lentement et avec un sourire. Gentiment. Avec un droit de suite.
Nécessite-t-il beaucoup de relances ?
Il fait souvent les questions et les réponses. Sa formation d’avocat laisse des traces et dans ses démonstrations, il anticipe les réactions : « J’entends certains qui disent… » C’est un risque-tout qui apprécie la bagarre, qui aime convaincre. Les politiques sont toujours meilleurs quand ils sont stimulés : les piquer, ça les réveille.
Pourquoi les Anglo-Saxons sont-ils meilleurs pour relancer ?
Tony Blair a fait un nombre incalculable d’émissions pour justifier le déploiement des forces armées de son pays en Irak ; il s’engueule avec les interviewers, mais il est là. En France, la presse est toujours soupçonnée [d’une voix lasse] de connivence avec le pouvoir. Ce métier n’est pas mieux considéré, dans l’estime de nos compatriotes, que les flics et les putes. Je n’ai pas à me plaindre, les gens sont plutôt sympas avec moi. Mais quand on demande aux Français leurs professions préférées, il y a d’abord les enseignants, les médecins, les chercheurs, puis, très bas, les journalistes. Au Royaume-Uni, les citoyens les respectent en tant que rouages importants de la démocratie.
Pourquoi ?
Hier, je regardais David Pujadas interviewer Tony Blair qui vient de publier ses mémoires. Il lui dit : « Beaucoup d’Anglais vous reprochent de gagner trop d’argent. Gagnez-vous trop d’argent ? » Blair sourit et répond. Interrogez un ex-Premier ministre français sur ses revenus, vous prenez une volée de bois vert. En Angleterre, si vous posez quinze fois la même question, c’est le politique qui a tort de ne pas répondre. En France, si vous posez trois fois la même, les gens se disent : « Il est cinglé ce journaliste. » Ce n’est pas mieux en Italie, pour d’autres raisons.
Il y a un mot un peu cliché pour qualifier un bon interviewer, c’est la « pugnacité ». Vous avez ça, vous ?
Ce n’est pas à moi qu’il faut le demander. Pour réussir une interview, il faut poser les questions extrêmement simples que se posent les gens, et pas celles – très intelligentes – que se posent les journalistes ; le pire, c’est quand vos confrères vous ont trouvé très subtil(e) tandis que les téléspectateurs, eux, n’ont rien compris. Le minimum de la relance, c’est : « Je constate que vous n’avez toujours pas répondu à la question. » De façon directe.
Revenons à votre éviction, fin août, de la direction de l’information de France 2. Comment avez-vous appris la nouvelle ?
Par téléphone, j’étais encore en vacances dans le Sud. Mon cas était évoqué dans les journaux depuis plusieurs semaines. Rémy Pflimlin, le nouveau P.-D.-G. de France Télévisions, m’a appelé un vendredi et m’a dit : « Je l’annonce lundi, ne dis rien. » J’ai raccroché et, c’est assez drôle, j’ai reçu un SMS d’un journaliste qui me demandait : « Est-ce vrai que vous êtes remplacée par Thierry Thuillier » ? Ce dernier avait démissionné le matin même de la direction de l’information d’i-Télé, ça s’est su, des confrères ont fait le rapprochement. J’ai répondu « oui » tout de suite. Ca s’est fait un peu vite mais il valait mieux que ça se produise à la rentrée.
La sortie de Christophe Hondelatte sur TPS Star qui déclare…
Ah, j’aurai droit à ça aussi, même avec vous ?
… que cela serait dû à un Sarkozy « ivre de colère » concernant votre traitement de son divorce et « prêt à libérer des éléments sur votre vie privée », vous auriez pu vous en passer, non ?
Concernant la couverture de son divorce, je ne comprends pas ce qui a pu le blesser – et si c’est le cas, il aurait pu nous le dire, c’était plus simple. On a fait très attention, sans verser dans le people ou le spectaculaire, on a attendu que ce soit officiel pour en parler au 20H…
Que savez-vous de Rémy Pflimlin ?
Je l’ai rencontré quand il était directeur général de France 3 [1999-2006], il est courtois, bien élevé, mais je le connais très peu. J’ai lu, comme vous, que ce n’était pas le premier choix du Président, qui songeait plutôt à Alexandre Bompard [P. D.-G. d’Europe 1]. C’est tout.
Et de votre successeur, Thierry Thuillier ?
C’est moi qui l’ai fait venir à France 2. C’est évidemment un bon journaliste puisque je lui ai confié la rédaction en chef du 20H de septembre 2007 au juin 2008.
Est-ce difficile de ne jamais laisser transparaître ses opinions ?
Ca ne me gêne absolument pas, c’est ma marque de fabrique. Je ne suis pas dans le cirage de pompes et j’ai toujours fait très attention à ce que chacun soit traité de la même manière. Tout le monde se fout de ce que je pense. Il y a des élus odieux, charmants, insupportables, remarquablement intelligents. Les étiquettes qu’on me colle changent : quand Vincent Peillon refuse à la dernière minute et sans prévenir de venir débattre [en janvier 2010] sur l’identité nationale dans A vous de juger, il lance un communiqué à l’AFP pour dénoncer le scandale d’une émission qu’il prétend « montée à la demande de l’Elysée » pour « sauver le soldat Besson », c’est de la manip’, de la com’ pour se mettre en valeur. Aujourd’hui, j’entends que je serais une « sarkozyste en disgrâce » ou « elle se fait virer, mais elle n’est même pas de gauche ! »
Alors que vous avez deux immenses portraits de François Mitterrand dans votre bureau !
Ils sont beaux. Je les traîne de bureau en bureau depuis 1996, je n’ai pas envie de m’en séparer. C’était les décors du JT de France 2 le jour de ses obsèques. J’aime bien. Regardez, ce n’est pas le Président, c’est le vieil homme, le dernier Mitterrand, le regard en coin, coquin. Ca fait rire à chaque fois. Je pourrais très bien avoir un portrait du Général de Gaulle.
Vous n’avez pas d’amis politiques ?
Il y a des gens que j’apprécie, à droite et à gauche, mais ils n’entrent pas dans ma vie personnelle. Des gens que j’ai connus quand ils avaient 25, 30 ans, quand je débutais, moi, en journalisme. Julien Dray, François Baroin, Jean-François Copé. Certains deviennent ministres, mais il faut savoir marquer une coupure. Ça ne vous empêche pas de vous engueuler avec eux, c’est arrivé une fois ou deux avec Dray. Avoir des sympathies ne doit pas vous empêcher de poser la question qui peut tuer. C’est le job.
Que retenez-vous de ces six ans et demi ?
Déjà, en termes de durée, ça permet d’installer les règles du jeu. Je suis arrivée juste après une crise liée à une erreur à l’antenne [le 11 février 2004, David Pujadas annonce par erreur le retrait d’Alain Juppé de la vie politique, ce qui conduira le directeur de l’information, Olivier Mazerolle, à démissionner] et notre traitement bizarre de l’affaire Alègre. Là, je repars, le climat s’est apaisé. On a réduit l’écart d’audience avec TF1, beaucoup d’émissions spéciales se sont faites en direct, la rédaction a bien travaillé. J’ai embauché une soixantaine de personnes en six ans, ça permet de constituer des équipes homogènes.
Vos fiertés, disiez-vous sur Europe 1, ce sont vos équipes et l’arrivée à l’antenne de Laurent Delahousse, Marie Drucker, Elise Lucet. Qu’apportent-ils ?
Elise pratique une proximité conviviale, testée sur France 3, qui convient bien au 13H. Laurent a une bonne gamberge pour mélanger actualité et magazine et ses émissions du week-end sont un succès. Et grâce à Marie, pour la première fois le 14 juillet, la spéciale consacrée au défilé a fait un meilleur score que celle de TF1. Je pense que Thierry Thuillier ne rompra pas avec ça parce qu’on a travaillé ensemble sur le fond.
Vos moments forts ?
Purée, il y en a beaucoup. Evidemment l’élection présidentielle de 2007 et le débat de l’entre deux tours. La spéciale pour la libération d’Ingrid Betancourt [le 2 juillet 2008] : c’était totalement improvisé, on était partis pour un flash et on est restés quatre heures avec David Pujadas. Quand la porte de l’hélico s’ouvre, c’est très impressionnant.
Les femmes arrivent-elles à s’imposer à ce niveau de responsabilités ?
Quand je parle de ça, on dirait que je viens de la préhistoire parce que les choses ont beaucoup changé. Nous étions trois ou quatre à France Inter, au milieu des années 70. Mais c’est une mauvaise période qui commence pour les femmes : les rédactions sont ultra-féminisées, il y a même trop de filles, il faut rééquilibrer. La difficulté évidemment, c’est de faire que des femmes accèdent aux postes à responsabilité. J’ai nommé une rédactrice en chef pour le journal de 13H. A la rédaction de France 2, les responsables des services économie et politique sont des femmes. Je note qu’à TF1, c’est Catherine Nayl qui dirige aujourd’hui l’info. Je persiste à croire que les femmes ne dirigent pas de la même façon que les hommes. J’ai toujours eu de l’humour, mais certaines peuvent se montrer un peu rudes.

Arlette Chabot

Arlette Chabot ©Tom ts74

En Angleterre, si vous posez quinze fois la même question, c’est le politique qui a tort de ne pas répondre. En France,les gens disent : « Il est cinglé ce journaliste. »

A l’antenne, on dirait pourtant qu’il faut toujours avoir une image glamour.
Moi, je n’ai pas une image glamour, c’est bien connu, et je suis toujours là. Je vieillis bien, je passe mieux qu’il y a dix ans. Quand on n’est pas terrible jeune, ça se voit moins après ; les très belles, quand elles prennent un coup de vieux…. Mais comme disait Jean-Louis Borloo ce matin : « Dans A vous de juger hier, j’ai surtout été surpris par la nouvelle coupe de cheveux d’Arlette Chabot. » Très intéressant comme remarque.
Au micro d’Europe 1, vous dites « avoir du temps de cerveau disponible » pour d’autres projets. Avez-vous été approchée ?
D’abord, il faut que je tourne la page dans ma tête. J’ai déjà connu ça une fois, quand j’étais directrice-adjointe de l’information de France 2 en 1998 : à l’époque, je suis allée sur Europe 1 pendant cinq ans, j’étais ravie. L’exigence de Rémy Pflimlin était que je quitte l’antenne, car la nouvelle règle suppose que le directeur de l’information ne soit plus à l’écran. Je ne voyais pas pourquoi, ce choix me paraissait biaisé car je suis là depuis 1992 et l’antenne, c’est mon histoire. La radio, pourquoi pas : j’ai présenté des journaux, des émissions touchant à différents domaines, pas uniquement de la politique. Je suis utilisable. [Le lendemain, nous apprenons qu’elle animera une chronique politique dans le JT de 22h de Public Sénat, du lundi au jeudi.]
Jamais de presse écrite ?
Je ne sais pas très bien écrire, j’ai oublié comment on fait. On m’a proposé d’écrire un livre sur mon expérience de directrice de l’info, ou sur les politiques « tels qu’ils sont vraiment », les lettres d’insultes, les fleurs envoyées… je n’en ai pas du tout envie. La balance, c’est quand on quitte ce métier, pas avant.
Quelles sont vos règles ?
Respecter le téléspectateur, le lecteur, l’auditeur. C’est un métier noble, pas un divertissement, et il faut l’exercer avec sens des responsabilités et rigueur. La carte de presse est un formidable alibi pour appeler n’importe qui. On rencontre des gens importants mais faut se calmer : on n’est pas grand-chose. La règle, c’est être pro, point final.
Comment avez-vous appris ce métier ?
Je n’avais pas de vocation, je ne savais pas quoi faire. Mais la télévision, la caméra, les images, ça m’intéressait. Les écoles d’audiovisuel n’existaient pas vraiment, il y en avait seulement une à Paris. Mais ils se sont gourés à l’inscription et ils m’ont mis dans la section « journaliste ». Et comme j’étais très timide, je n’ai pas osé protester. Bonne idée. Ma chance, ce fut mes rencontres. L’un de mes maîtres était René Duval, un type formidable, mon rédacteur en chef à France Inter. Philippe Gildas m’a aussi beaucoup appris, durement – il disait : « Il est nul, ton papier, nul ! » Jean-Luc Hees était là comme  moi, débutant, et on se prenait dans la gueule « Et si tu réécrivais ton truc une troisième fois ? » J’ai beaucoup appris aussi d’Eliane Victor, ma mère à la télé, comme de Michèle Cotta, Jean-Pierre Elkabbach ou Jérôme Bellay, dont la réputation de terreur absolue n’est plus à faire. Et je les recroise. Je me réfère encore souvent à Alain Duhamel. Guillaume Durand m’a appris la décontraction – il est zen, moi je suis terrorisée à l’antenne.
Terrorisée ?
Avant chaque émission, j’ai le trac, j’en suis malade et la veille, j’en dors pas, je me ronge. Et la nuit d’après, je me refais l’émission en me disant que j’aurais dû poser telle question à tel moment, qu’est-ce que t’étais nulle ! Lamentable ! Minable ! Je débriefe avec moi-même et c’est pire que tout. D’ailleurs il faut que j’aille chez mon kiné.

Entretien Richard Gaitet & Marjorie Philibert, photographie Tom[ts74] – Standard n°29 – octobre 2010
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