Carte blanche cinéma
Si l’amour ça fait pleurer alors le ciné c’est pas pour les andouilles.
par Gustave Kervern en juillet 2010 dans Standard n°28
Pour ma dernière chronique, je voudrais vous faire part d’un de mes coups de cœur de l’année – un petit film passé, hélas, totalement inaperçu lors de sa sortie en salles en février dernier. Ça s’appelle Si seulement tu voulais le bonheur. Ce premier long-métrage a été réalisé par Jean-Renan Demarescaux, le premier assistant de Christophe Honoré sur Dans Paris (2006). Jean-Renan avait déjà signé un court-métrage extraordinaire, Pourvu que le soleil cesse, récompensé, entre autres, au festival international du film franco-français de Montélimar. L’histoire de Si seulement tu voulais le bonheur (tagline : « Il l’aimait, elle l’aimait mais… ») est simple. Gwendolé (joué magnifiquement par Grégoire Leprince-Ringuet) fait du cheval dans la forêt de Rambouillet. Soudain, le cheval (qui s’appelle Gonzague, en référence au personnage de Michel Piccoli dans Le Mépris) trébuche sur une racine. Gwendolé tombe et s’évanouit malgré le port d’une bombe. Heureusement, une promeneuse, Renaudine, botaniste étudiant le rôle des fougères dans les sous-bois d’Ile-de-France, passe par là. Elle lui donne un peu d’eau fraîche de sa gourde et le ramène sur son dos au haras. Gwendolé se réveille et tombe sous le charme de celle qui l’a sauvé d’une mort certaine.
Hélas, Gwendolé doit se marier avec Astrid de Serponton, héritière du leader mondial des centres de bronzage. Quant à Renaudine, elle aussi – comme quoi la vie est incroyable – doit prendre pour époux Maximilien Pizzarelli, un Italien de 65 ans, qui possède un empire industriel en Toscane, dont la fameuse marque de saucisson d’âne « Il cornuto ». Impossible dilemme. Deux jours avant leurs mariages respectifs, Gwendolé et Renaudine se donnent rendez-vous dans un hôtel Ibis près de la porte de Versailles. Dans une très belle scène de cul, Gwendolé avouera à Renaudine qu’il n’a qu’un testicule, suite à un accident de tricycle. Qu’importe ! L’amour est bien plus fort.
Tragique ascenseur
Mais alors que les deux tourtereaux sortent de leur chambre, ils tombent nez-à-nez avec Maximilien Pizzarelli, venu au Parc des expositions de Versailles pour le Salon international du cholestérol. Maximilien se jette sur Gwendolé pour le rosser mais il est terrassé par des crampes. Le couple illégitime s’enfuit. Les portes de l’ascenseur, comme toutes les portes d’ascenseur, mettent énormément de temps à se fermer. Scène sublime où Maximilien, « il cornuto », (hasard de la vie) rampe, furieux, vers cet ascenseur qui emporte à jamais celle qu’il aime et qui lui faisait de si bonnes pipes. Sans dévoiler la fin tragique, disons que Gwendolé et Renaudine prendront le jet privé du père du jeune homme pour se rendre à Courchevel. Dernière image pleine de poésie où tous les deux, ayant renoncé à tout, font de l’accro-branches. Autre manière de dire qu’ils « s’accrochent » à la vie comme deux enfants à une Playstation. Voilà. Ce film est à redécouvrir au plus vite sur eBay. Bonnes vacances.
Si seulement tu voulais le bonheur Les Films du Patrimoine
Mammuth le quatrième long-métrage de Gustave Kervern et Benoît Delépine, a atteint les 705 000 entrées. De quoi barrir de plaisir.