Alexandre Petit n’est pas un mauvais bougre, au fond. Certes, il est bien trop âgé pour vivre encore chez sa macabre mère, participe parfois à des jeux télévisés, n’a pas beaucoup d’amis et a endossé la carrière d’enquêteur pour la Sofres. Pour autant, quand sa jeune collègue se noie dans sa baignoire, après qu’il est passé boire chez elle un dernier verre, tout l’accuse – sa fuite immédiate, en particulier. Suit une longue planque en hôtels de passe doublée d’une enquête parallèle, qu’il mène, persuadé de n’être pour rien dans cet apparent meurtre dans le milieu des punks à chien.
Après Un homme louche (2009), François Beaune, pour la deuxième fois, a choisi avec Un ange noir de céder la parole, exclusive, à son personnage, auteur de ces feuilles et pensées aussi troublées que paranoïaques, voire lucides, sur l’hydre statistique et la zombification des hommes. Poétiques tout du long – tout un vocabulaire fait maison : la voiture, « prison nucléaire à roulettes », la lâcheté, « cri de silence que l’on entend sous l’eau », des « corps-et-âme », des « gorge-et-nerfs »… –, terribles, de plus en plus (« Quand le seul métier qu’un homme peut faire est de se prostituer pour se payer ses doses, y a-t-il une bonne raison de prolonger sa vie ? »), les élucubrations du bonhomme exercent sur le lecteur une malsaine fascination. Ses conclusions confinent souvent aux idées du Front National. Alexandre Petit n’est pas un mauvais bougre, au fond… tant qu’on ne l’entend pas penser. Manque de pot, Beaune sait nous y forcer, ne nous laissons pas piéger.
Par François Perrin
Retrouvez cet article dans notre numéro en kiosques
Un ange noir (Verticales), 276 pages, 17,90 euros
Par Magazine Standard
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