TD05, The Unilever Series: Tacita Dean. Photo Lucy Dawkins

Du Bruit pour les yeux
Invité à La Fabrique Sonore – qui réunit au domaine Pommery des artistes autour du son et l’instrumentalisation de l’objet qui le produit –, Dominique Blais a choisi d’y installer Sans titre, Les Disques rouges (2011) : des répliques en grès de cymbales, disposées au ras du sol, créent de subtils tintements de pierre, qui résonnent dans les crayères que les propriétaires des caves à champagne mettent à disposition des commissaires d’exposition chaque année depuis neuf ans.
Ce détournement n’est pas nouveau pour Dominique Blais. Cela poursuit les recherches engagées en 2008 en résidence dans le cercle arctique, où il chassa les fréquences radio VLF inaudibles à l’ouïe humaine. Cette quête de ce qui nous échappe scrute l’invisible, capte l’infra-mince et écoute l’imperceptible pour jouer subtilement de ces contradictions. Le matériau enregistré est ensuite utilisé pour différentes installations. Œuvre sans nom, «  » (2010) le retransmet en un murmure par deux casques vintage formant un cercle, chaque écouteur étant relié à l’autre.

Sans Titre (Melancholia)#3

Disque rayé
Dans Whitehouse « A Cunt Like You » 5’57 (1998), qu’il proposa, ne pas se fier à la date, en 2009, le son devient image. Un dessin est généré par la vibration d’enceintes à plein volume sur lesquelles est posée, pendant la durée d’un morceau, une feuille avec de la poudre de fusain. Là encore, c’est en alliant la technologie et la tradition classique (le fusain) que les fréquences – celles, extrêmes de la musique du groupe anglais Whitehouse – prennent vie. Elles s’amoncellent en une surface délicate sur le papier.
A la puissance sonore s’associe la pauvreté du graphite, au vinyle vintage, la composition bruitiste contemporaine. C’est aussi le cas avec Sans titre (Melancholia), un tourne-disque entièrement démonté qui pend, accroché par ses fils de branchement. Encore en fonctionnement, il tourne en boucle sur le dernier sillon ; inlassablement, le bruit par défaut du disque rayé, le soubresaut de la fin, devient musique. La machine se dématérialise, rendant apparent le squelette d’une époque mécanique. Les motifs récurrents de Blais, cercle, boucle, déclinés en sculptures, sons, dessins, installations ou vidéos sont les images d’un temps dont il donne lui-même la mesure.

TD37, The Unilever Series: Tacita Dean

Exposition: Sans titre, Les Disques rouges
La Fabrique sonore, Expérience Pommery #9, Reims
Jusqu’au 31 mars

Par Patricia Maincent


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