Disque 1.
Jacques Berrocal est une icône de l’underground. Avec sa trompette et ses idées folles, il a accompagné Marie-France, Christophe, Pascal Comelade, Jaki Liebezeit (Can), James Chance et Vince Taylor. Vétéran proto-punk, Ghédalia Tazartès est un homme-orchestre aussi à l’aise avec la comédie française qu’avec les musiques tibétaines et africaines. David Fenech est le cadet de la bande, mais son CV est déjà bien rempli (musicien pour Jad Fair, Felix Kubin et Tom Cora). C’est à son instigation que l’on doit ce Superdisque (Sub Rosa) visitant les marges du rock, du punk et de la poésie sonore. La langue improvisée du trio, constituée d’onomatopées et de borborygmes, synthétise bien leur folie hypnotique.

Disque 2.
Trop peu connus de Dunkerque à La Ciotat, les Barcelonais de La Casa Azul, banda de dos chicas y tres hombres, ne cesse depuis 1997 de voir augmenter leur popularité… au point d’avoir eu la joie de composer le thème de la pub Nesquik en Espagne – en France, c’était Rectangle de Jacno, c’est un signe important. Avec La Polinesia Meridional (Elefant/Modulor), la Maison Bleue et leur cantante au crâne d’œuf, Guille Milkyway lorgne vers une pop sixties californienne, et revivifie les mélodies disco d’Abba ou l’électro-pop nineties (comme des simili-Pulp ou des Pet Shop Boys 2.0) avec une sensibilité moderne, entre désenchantement (« ¿Qué se siente al ser tan joven? ») et atavisme méridional (« ¡fiesta universal! »). Pour danser des neurones !

Disque 3.
Depuis la fin tragique de Broadcast et la mise en veille de Stereolab, l’amateur d’électronica pop se sentait orphelin. Heureusement, sous la houlette d’Andy Ramsay (batteur de Stereolab), le quinquet argentin Modular, au look sataniste ambiance Scooby-Doo, partage la même passion pour les synthés analogiques, les voix féminines éthérées et, mince, James Clarke et Syd Dale. Leur deuxième album Sinfonías Para Terrícolas (Elefant/Modulor), assez rétrofuturiste, évoque la solitude du cosmonaute qui découvrirait Giorgio Moroder sur une Terre dévastée. Plus personne pour se dandiner ! Modular rêvait d’un an 2000 où l’on se dépasserait avec des fusées dans le dos. La réalité est tout autre, beauté des larmes de robots.

Disque 4.
Au début de sa carrière, Michel Magne avait enfermé son public afin de lui provoquer des coliques par le biais d’infra-basses. Depuis, il est devenu un as des musiques de films (Fantômas, Les Tontons flingueurs, Tout le monde il est beau…). Grand Manitou du studio d’Hérouville où Bowie, Elton John, Pink Floyd, les Stones venaient enregistrer et mener grand train au mépris de toute rentabilité (l’entreprise fit faillite dans les années 80), on lui doit la B.-O. d’Emmanuelle 4 (Music Box), enregistrée en 1983, après celles de Serge Gainsbourg, Pierre Bachelet et Francis Lai, et un an avant son suicide. Elle prouve qu’une musique – ici, mélange de baroque, d’exotica, de funk, de pop et de salsa du Brésil – peut s’avérer plus géniale que le long-métrage pour lequel elle était conçue.

sélection Jean-Emmanuel Deluxe

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