Tristan Garcia, auteur de Faber le destructeur « Dans la faille »
Romans, essais, philo, HBO : prolixe et curieux, Tristan Garcia fait de son mieux pour se tenir « à égale distance » de l’enthousiasme et de l’amertume.
Rendez-vous pris, puis reporté – une chance, l’interview tombant « les deux semaines de l’année où [il n’a] rien d’autre à faire qu’à buller en regardant le printemps qui commence », nous retrouvons Tristan sur les hauteurs de Belleville, là où nous l’avons rencontré il y a cinq ans pour la sortie de La Meilleure Part des hommes, (premier) roman des désillusions des années 90 frappées par le sida, couronné d’un prix de Flore. Quasiment inchangé – enthousiaste, curieux de tout, une vraie machine à gamberger, comme le montrait sa carte blanche dans chaque numéro de Standard depuis trois ans –, ce docteur en philosophie de 32 ans trimballe désormais sur son dos une œuvre dont la variété laisse pantois : un essai sur Six Feet Under (Nos vies sans destin), un autre sur le droit des animaux (Nous, animaux et humains), un traité métaphysique s’attachant à « élaborer un modèle nouveau de découpage des choses » sur 492 pages (Forme et Objet), sans oublier un recueil de nouvelles sur le sport (En l’absence de classement final), une fiction S.F. mettant en scène un astronaute ayant arrêté le temps (Les Cordelettes de Browser) et un roman en partie écrit en langue de singe (Mémoires de la jungle), tout ça depuis 2008… En attendant Faber le destructeur, à la rentrée, centré sur un antihéros diabolique « dont l’intelligence sans sol ni plafond est une malédiction ».
Qu’est-ce qui a changé en littérature depuis 2003 ?
Tristan Garcia : Les lignes de front ont totalement bougé. On peut en distinguer au moins trois : en premier, il y a la ligne contemporaine, postmoderne, un peu en bout de course, qui poursuit le rêve de Joyce, de Nabokov et plus récemment de Thomas Pynchon [L’Arc-en-ciel de la gravité]. Le contemporain est parfois devenu celui qui se force à la joie, toujours curieux d’intégrer dans son travail tout ce qui émerge de la culture universelle. Des écrivains souvent graphomanes comme l’excellent William Vollmann [Central Europa] ou, en France, Claro et Mathias Enard, digèrent le monde présent avec talent. Cet esprit voudrait épouser toutes les formes de vie nouvelles, mais dit trop facilement oui à tout ce qui apparaît.
Cette tyrannie de l’enthousiasme domine aussi la presse magazine.
Tout à fait. Certains titres ont fait preuve ces dix dernières années d’un enthousiasme un peu pathétique – comme ces quinquagénaires qui veulent croire qu’un groupe comme Wu Lyf va changer le monde [allusion aux Inrockuptibles, qui parla d’une « révolution » pour ce collectif masqué de Manchester]. Or, ces gens, fatalement, peinent de plus en plus à s’extasier, à communiquer le sentiment urgent de leur joie : la nouveauté systématique ne surprend plus personne. Face à ce courant, certains se sont mis à se forcer non à la tristesse, mais à un jugement dur, impartial, pouvant aller jusqu’à l’aigreur ou au ressentiment, porté par l’intuition que notre présent n’est qu’un moment parmi d’autres qui passera et qui ne mérite aucune bienveillance particulière. Est donc réapparu un deuxième type de pensée, d’esthétique, qui m’était totalement étranger : l’idée de Réaction.
Les réacs sont de retour ?
La pensée réactionnaire est redevenue attractive pour tous ceux qui cherchent une intelligence méchante, qui préfèrent vomir l’époque que la digérer. En France, Marc-Edouard Nabe, Renaud Camus ou Maurice G. Dantec ont maintenu cette tradition quand elle était honnie, repoussante. Aujourd’hui, elle est surtout portée par des lecteurs, des critiques et blogueurs comme Juan Asensio [sous le pseudo Stalker : Dissection du cadavre de la littérature], réintroduisant la violence, la harangue et le sens du dégoût qui avaient disparu de la critique. Lorsque tu lis ces blogs, tu t’aperçois de l’audience de cette littérature de la bile et des nerfs fragiles, alors que rares sont les auteurs réactionnaires disposant d’une réelle visibilité. En dix ans, ce mouvement accompagne la fortune puis l’infortune de Richard Millet*, mais aussi l’œuvre intéressante, en partie réactionnaire et en partie expérimentale, de Pierre Jourde [Le Maréchal absolu, 2012], que nous avons défendue dans Standard.
Rien à sauver dans tout ça ?
Si. Des auteurs morts à réévaluer : d’une part des stylistes et des visionnaires longtemps négligés, tels qu’Emmanuel Bove [1898-1945], Raymond Guérin [1905-1955] ou Paul Gadenne [1907-1956], d’autre part le retour en grâce d’idéologues de la Contre-révolution, de Joseph de Maistre [1753-1821] à Remy de Gourmont [1858-1915]… Au croisement du style et de l’idée réactionnaire, les jeunes citent à nouveau Léon Bloy [1846-1917], Joris-Karl Huysmans [1848-1907], Jules Barbey d’Aurevilly [1808-1889], voire Paul Léautaud [1872-1956]. On relit du roman prophétique, hanté par le Mal et la perte de puissance : Absalon, Absalon ! de William Faulkner [1936], ou le Joseph Conrad antirévolutionnaire de L’Agent secret [1907] et de Sous les yeux de l’Occident [1911], pour se réinventer une généalogie. C’est le paradoxe de notre époque, et de ce courant : aujourd’hui, c’est le classique qui est redevenu inédit.
Et la troisième voie ?
Coincés entre les deux, on retrouve les modernes, incarnés par exemple par La Quinzaine littéraire, les héritiers de Maurice Nadeau, fidèles au marxisme critique, au freudisme, au cosmopolitisme, à la sensibilité de Walter Benjamin ou, plus près de nous, de Daniel Bensaïd [Le Pari mélancolique, 1997], voire de vieux professeurs d’université qui tiennent encore au surréalisme, à la fascination pour la folie, à la psychanalyse et à une vision politique de la littérature. Dépassé sur sa gauche par le contemporain et sur sa droite par le réactionnaire, le moderne est condamné à la mélancolie. Il ressasse les promesses trahies des Lumières, le romantisme, l’incompréhension devant la barbarie et la Shoah, et s’interroge sur sa mémoire. Ce qui produit encore quelques beaux bouquets finaux, comme ceux de Roberto Bolaňo [Les Détectives sauvages, 1998], W. G. Sebald [Les Anneaux de Saturne, 1999], voire Claudio Magris [A l’aveugle, 2005]. A mon sens, c’est dans le théâtre français qu’ont été écrits les derniers grands textes « modernes » en français : L’Origine rouge de Valère Novarina [2000] et la trilogie de Joël Pommerat [Au monde, D’une seule main, Les Marchands, 2004-2006] ; invention d’une nouvelle langue concrète, critique du capitalisme, exploration de l’inconscient et penchant pour la folie. Mais dans le roman, cette fibre-là est usée. En découle un autre paradoxe : le moderne défend une modernité passée, celle du xxe siècle, tandis que le réactionnaire bénéficie de l’attrait de la nouveauté.
D’où le succès, aussi, l’an dernier, du cinquantième anniversaire de la mort de Roger Nimier [1925-1962] : émissions, nombreux articles, rééditions… ?
Il y a quinze ans, Nimier ou Jean-René Huguenin [1936-1962, auteur de La Côte sauvage] n’avaient aucun impact. Ma situation, comme celle de Standard peut-être, est problématique, puisque nous nous retrouvons dans une faille temporelle : nous n’avons pas pris le train de l’enthousiasme sincère et parfois béat du contemporain – il nous en reste quelque chose pourtant, une curiosité –, mais n’avons pas non plus les affects et les humeurs du réactionnaire – la foi, la vindicte, l’amertume…
Sentiments parfois partagés par la star des lettres françaises, Michel Houellebecq.
Il a constitué une passerelle entre modernité et réaction. Dès ses articles des années 90, il cite Remy de Gourmont tout en étant d’abord publié par Maurice Nadeau. Aujourd’hui, il se contente d’être classique : quand il revient à la poésie avec son dernier recueil [Configuration du dernier rivage, 2013], c’est un peu L’Art d’être grand-père de Victor Hugo, des poèmes pour les confitures.
Pourtant, il rayonne à l’international.
Il a eu l’intuition idéologique de ce mouvement de Réaction – en prenant conscience dès les années 90 du fait que la France devenait une puissance économique et culturelle moyenne –, mais demeure, dans la forme, un vrai moderne. Ce n’est pas un contemporain : pas d’implosion de la langue, ni collage ni fragments ; mais ce n’est pas un réactionnaire non plus dans l’écriture : pas de style. L’époque lui inspire un haut-le-cœur, mais il ne va pas jusqu’à la vomir. Et puis il prend le point de vue de la mondialisation, quand les réactionnaires se replient sur la perspective de la nation. Si Houellebecq est aujourd’hui le dernier écrivain français à avoir du succès hors de France, c’est parce qu’il correspond à l’image figée qu’ont les étrangers de notre littérature moderne, disons de Balzac à Sartre ou Camus.
Tristan Garcia : « Dans tous les débats, trois lignes de front ne cessent de revenir : elles divisent notre culture, et elles me divisent. Elles me hantent. »
A l’étranger, en dehors de Houellebecq, point de salut ?
Seuls deux domaines rayonnent encore : les produits de luxe et la philo. Le moindre philosophe français – comme le meilleur de sa génération, Quentin Meillassoux [Après la finitude, 2006], méconnu ici – est écouté comme une sorte d’oracle aux Etats-Unis. Parce que contrairement au roman, le fil de la pensée française ne s’est jamais rompu : quand Michel Foucault meurt [en 1984], il reste Gilles Deleuze ; quand Deleuze meurt [en 1995], il reste Jacques Derrida et Pierre Bourdieu ; quand meurent Bourdieu [en 2002] puis Derrida [en 2004], il reste Alain Badiou. Et quand ce dernier mourra, il y aura Meillassoux. Avant eux, il y avait Lévi-Strauss, Sartre, Merleau-Ponty et, encore avant, Bergson…
Alors qu’en littérature, le Nouveau roman a brisé le fil ?
Bien sûr. De nombreux romanciers ont cessé d’écrire à cette époque : derniers récits de Julien Gracq [Un Balcon en forêt] en 1958, de Louis-René des Forêts [La Chambre des enfants] et de Michel Butor [Degrés] en 1960 ; abandon par Philippe Sollers de la « story », comme il dit, la même année… C’est la vraie rupture, la fin de la croyance au récit. Après, il faut attendre Patrick Modiano [Les Boulevards de ceinture, 1972] et Annie Ernaux [La Place, 1984] pour retrouver de vrais raconteurs. Or, cette reconstruction du récit se fera sur un mode mineur, en empruntant un ton feutré, très français, faisant abstraction de la dimension universelle du roman. Ce que les étrangers aiment pourtant dans la littérature et la pensée françaises, et que nous devrions chérir, c’est une correspondance très ambitieuse, et presque miraculeuse, entre des visions esthétique, politique, métaphysique et amoureuse. Dans le même geste : parler d’une histoire d’amour, de la vie et de la mort, de changer le monde et de créer une œuvre d’art absolue.
Comment te positionnes-tu dans tout ça ?
J’essaie de me tenir à égale distance de toutes ces positions : ne sombrer ni dans l’enthousiasme contemporain, ni dans la nostalgie moderniste, sans devenir réactionnaire et amer. Issu d’une famille marquée par le marxisme, pour qui l’adieu au xxe siècle est douloureux, et qui considère le réactionnaire comme l’ennemi, je suis plongé dans une époque où il ne me semble plus vraiment possible d’accomplir en même temps un geste esthétique et un geste politique réconciliateur. Aujourd’hui, dans tous les débats, ces trois lignes de front ne cessent de revenir : elles divisent notre culture, et elles me divisent également. C’est quelque chose qui me hante – d’autant plus qu’en France, je n’arrive pas à identifier quelqu’un qui parviendrait, justement, à se tenir comme je le voudrais à égale distance de toutes les tentations. Vient un moment où on se retrouve à plonger dans un camp, non par courage mais par faiblesse. Tu t’avances trop dans une direction, sans t’en rendre compte, simplement parce que tu commences à tenir les autres pour ennemis. Quelqu’un comme Richard Millet s’est radicalisé parce qu’il a fini par croire à la représentation fantasmatique de son ennemi – mélange de Bret Easton Ellis et de Salman Rushdie. La crispation généralisée entraîne tout le monde à pousser loin dans la caricature de soi-même et de sa ligne d’appartenance, au risque de devenir aveugle sur les termes du combat.
Et la science-fiction, que tu as pratiquée à deux reprises, avec Mémoires de la jungle [2010] et Les Cordelettes de Browser [2012] ?
Si, depuis les années 90, le roman policier est absorbé par la littérature contemporaine, la S.F. reste négligée. Aujourd’hui, dans la littérature comme dans les séries, il faudrait forcément en passer par l’enquête policière comme cache-misère d’un épuisement des formes narratives. Cette mise à l’écart de la S.F. dit qu’il devient difficile de produire une littérature qui représente l’avenir et le possible. Ce que cherchent les lecteurs dans le polar, c’est une littérature de la mondialisation, avec une couleur locale (scandinave, australienne…), dans laquelle le possible (peut-être qu’il s’est passé ceci, ou cela : mystère !) se résout dans le réel (ah oui, en fait, c’était lui le meurtrier). A l’inverse, la S.F. part du réel – une invention scientifique, une transformation politique – pour produire du possible. C’est une littérature de l’hypothèse. Or, l’hypothèse n’est plus lisible. Plus personne n’a de représentation, même fantasmée, de ce que nous pourrions être en 2050.
Persiste heureusement une certaine excitation autour de l’anticipation : Julien Péluchon avec Pop et Kok [2012], Xabi Molia avec Avant de disparaître [2011]. A la marge ?
Oui, ou Dolfi et Marilyn de François Saintonge [2013], Céline Minard [Le Dernier Monde, 2007], Eric Chevillard dans le bizarre Choir [2010] et, en pure S.F., l’excellent Alain Damasio [La Horde du contrevent, 2004]… A quelques exceptions près, l’imaginaire français peine à concevoir de l’utopie ou de la dystopie – nous dormons sans rêve ni cauchemar.
Comment sortir de cette impasse ?
En réinvestissant des genres ou des formes délaissés, comme l’aventure. Elle est liée à l’imaginaire colonial des deux derniers siècles – un homme occidental, blanc, avec un chapeau, se rend dans un pays peuplé d’indigènes et arpente leur territoire –, donc suspecte, à juste titre. Seule la BD nourrit encore cet imaginaire-ci, comme en atteste la survie de Blake et Mortimer ou de Spirou et Fantasio. Mais la frustration des lecteurs de romans est terrible. Car écrire des histoires sans se permettre l’aventure, c’est s’interdire en fait l’essence même du récit.
Tristan Garcia : « Houellebecq aujourd’hui se contente d’être classique : son dernier recueil de poésie, c’est L’Art d’être grand-père de Victor Hugo, des poèmes pour les confitures. »
Lecteur de Standard depuis 2008, contributeur depuis 2010, que trouves-tu dans ce magazine que tu ne trouves pas ailleurs ?
C’est probablement le seul dont j’ai lu intégralement tous les numéros. Vous n’essayez pas, comme les autres, de suivre l’Histoire, de deviner à tout prix qui est en train de la faire, avec des « tops » tous les six mois, des « qui est in ? qui est out ? » ou des « en hausse, en baisse » à la bourse des valeurs culturelles. Votre modèle est plus spatial, exploratoire, cartographique : prendre un thème, le baliser. J’aime le fait que vous ayez toujours proposé une géographie plutôt qu’une histoire de la culture : on se sent moins tenu de ne surtout pas passer à côté de quelque chose. Tu peux d’ailleurs relire Standard un an plus tard, sans impression de péremption. Pour cette raison, c’est une revue qui devrait être plus lue par les autres journalistes. Or, comme elle ne roule pas des mécaniques, n’est ni « virile », ni bagarreuse, ni péremptoire, vos confrères ne la perçoivent peut-être pas comme une concurrente potentielle. C’est très beau, vraiment, de se situer dans cette faille, à distance à la fois des affects réactionnaires – de type blogs d’humeur – et de la simple promotion de tout ce qui sort de nouveau. Mais est-ce audible ? Vous faites confiance à vos lecteurs en espérant qu’ils feront l’effort de vous trouver généreux, d’être aussi attentifs, curieux, intelligents que vous le souhaitez. C’est rare, mais peut-être aussi risqué parce que vous supposez que le lecteur sera toujours, comme vous, de bonne volonté…
*Editeur des Bienveillantes de Jonathan Littell (Goncourt 2006) ou de L’Art français de la guerre d’Alexis Jenni (Goncourt 2011), Richard Millet a fait scandale l’an dernier sur le plateau de Ce soir (ou jamais !) en exprimant son « malaise » d’être « le seul Blanc » dans le RER à Châtelet-Les Halles en fin d’après-midi. Il a publié dans la foulée De l’antiracisme comme terreur littéraire et Langue fantôme, suivi d’Eloge littéraire d’Anders Breivik, conspuant la dictature du bien-pensant, les conséquences néfastes du multiculturalisme et le mépris pour les préoccupations identitaires.
Le trône de Faber
« J’ai été de ceux qui ont choisi de baisser la tête pour pouvoir passer la porte de mon époque – mais pas Faber, hélas ou heureusement. Et pour cette raison, il n’a cessé de me hanter. » Poursuivant son idéal de variation des formes, des genres, des thèmes et des approches – tout en redoutant la « dissolution de soi » voire la schizophrénie –, Tristan Garcia publiera en septembre Faber le destructeur. Il décrit un personnage persuadé d’être le Diable, jusqu’à l’incarner en partie dans le cadre contemporain d’un activisme d’ultragauche à la Julien Coupat. L’auteur s’adresse à une part de son adolescence, à la trajectoire militante suivie par certains de ses amis entre Toulouse et l’Ariège, jusqu’à la plus extrême et irréversible marginalisation.
F. P.
Faber le destructeur
Gallimard
Entretien Richard Gaitet & François Perrin
Photographie Christophe Martinez
2003-2013, ce qu’il faut retenir
Une sélection francophone aux petits oignons de dix ans de théorie, romans, théâtre, bandes dessinées, par Tristan Garcia. Vous avez la décennie qui suit pour vous rattraper.Frederik Peeters, Lupus (Atrabile, 2003-2006)
Alain Damasio, La Horde du contrevent (La Volte, 2004)
Antoine Volodine, Bardo or not bardo (Le Seuil, 2004)
Martin Winckler, Les Trois Médecins (POL, 2004)
Joël Pommerat, Au Monde / D’une seule main / Les Marchands (Actes Sud, 2004-2006)
Georges-Olivier Châteaureynaud, Singe savant tabassé par deux clowns (Grasset, 2005)
Philippe Descola, Par-delà nature et culture (Gallimard, 2005)
Quentin Meillassoux, Après la finitude (Le Seuil, 2006)
Bruno Gazzotti & Fabien Vehlmann, Seuls (Dupuis, 2006-2012)
Eric Reinhardt, Cendrillon (Stock, 2007)
Céline Minard, Bastard Battle (Léo Scheer, 2008)
Mehdi Belhaj Kacem, L’Esprit du nihilisme (Fayard, 2009)
Bastien Vivès & Merwan, Pour l’Empire (Dargaud, 2010-2011)
Eric Chevillard, Dino Egger (Les Editions de Minuit, 2011)
Pierre Jourde, Le Maréchal absolu (Gallimard, 2012)