Timothée Chaillou répond à une, deux et trois questions sur l’exposition Seuls quelques fragments de nous toucheront quelques fragments d’autrui. Commissaire, il a invité Tom Burr, Haris Epaminonda, John Armleder, Wade Guyton (lire notre interview), Angus Fairhurst, Jonathan Monk, Claude Lévêque et Walead Beshty…

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L’idée de fragment renvoie à une brisure, une perte. Le collage, fil de l’exposition, induit-il cette violence ?
Timothée Chaillou : Pour être agencées dans un collage, les images doivent être mises en péril. Elles sont coupées ou déchirées, révélant leur fragilité. Les collagistes utilisent des objets contondants, comme des ciseaux ou des scalpels, pour tailler dedans. J’aime bien ce que dit l’artiste britannique Linder « Les gens qui passent leur journée à errer un couteau à la main sont soit des tueurs en série, soit des chirurgiens, soient des collagistes. »
Quelle est ta définition du collage ?
L’exposition présente des œuvres sur papier, des peintures, des sculptures et des films. Je ne voulais pas restreindre la vision du collage à celle transmise par l’histoire de l’art, celle d’un format intimiste, lié à ses origines dadaïste et surréaliste. La variété des médiums est à l’image de la variété d’utilisation de matières.
Comment as-tu envisagé la mise en espace ? 
Une exposition collective et ses subjectivités individuelles permet de créer un « supplément de sens », naissant de la confrontation des œuvres. Le hasard des dialogues qui les lient est à la fois fortuit et maîtrisé. A ce propos, je cite volontiers l’artiste français Xavier Veilhan : « Le display, l’agencement, évoquent plus l’idée de jardin qu’une disposition d’objets dans une vitrine de magasin : une cohabitation de différents événements visuels. »

Seuls quelques fragments de nous toucheront quelques fragments d’autrui
Galerie Thaddaeus Ropac, Paris
Jusqu’au 19 janvier