Sophia-Knapp-(1)-by-Bek-Andersen magazine standard

Les auteures-compositrices folk, ce n’est pas ce qui manque. Mais Sophia Knapp sort avec aise du peloton. Originaire de Californie et longtemps exilée à Brooklyn au sein du trio féminin Cliffie Swan (ex-Lights), elle invoque les grandes prêtresses du folk-pop californien des années 70. On parle bien des Carole King, Stevie Nicks ou Joni Mitchell, ces femmes fortes sorties de l’ombre de leurs groupes (Fleetwood Mac pour Stevie Nicks) et des usines à tubes où elles étaient « chapeautées » par des hommes ― à l’instar de Carole King, cheville ouvrière de Gerry Goffin dans le pôle industriel qu’était le Brill Building à NYC dans les années 60, avant d’éclore en solo une décennie plus tard (voyez Grace Of My Heart, le film de 1996 avec John Turturro et Patsy Kensit). Heureusement pour Sophia Knapp, les temps ont changé et elle n’a pas eu à subir les embûches de ses aînées. L’esprit de tous ces grands disques n’en est pas moins là, avec la même acuité existentielle, quand la jeune adulte s’interroge sur la fuite du temps et les amours qui se dissolvent. L’ouverture Glasses High, tube en puissance touchant droit au cœur, ne fait qu’annoncer une succession de perles empreintes de ce que les Portugais appellent la saudade, ce terme indéfinissable qui ne se décrit pas mais se chante. Looking Into Another Day en synthétise ici l’esprit, tout en résumant parfaitement les ambitions d’un disque indispensable faisant (enfin) place à la vraie musique soul, celle qui ravit l’âme.

Par Jean-Emmanuel Deluxe

Sophia-Knapp---'Into-The-Waves'-front-cover

Into The Waves
Drag City/Module