Sara Cwynar : dans la zone fictive de l’imagerie des médias
Longtemps graphiste pour le New York Times le jour et photographe la nuit, Sara Cwynar, artiste plasticienne d’origine canadienne, travaille aujourd’hui à plein temps dans son studio new-yorkais. En transformant des images vintage des années 60 et 70, elle interroge la réalité et la zone fictive de l’imagerie produite par les médias. De façon manuelle ou digitale, elle dévoile un nouveau sens. Transformés, ces clichés populaires et lisses dissimulent une réalité plus crue.
Elle rassemble et manipule différents processus photographiques basés sur une image de consommation de masse, pour en démontrer l’obsolescence. Avec Woman 1 (Cards), 2014 (photo ci-dessus), elle déforme des cartes à jouer vintage avec un scanner. Les figures sont des femmes nues : le glamour des pin-up part en lambeau. Elle éloigne également de leur état premier les illustrations d’un manuel d’apprentissage de la photo argentique (ci-dessous).
Accumulatrice excessive, Sara Cwynar reconstitue pour Contemporary Floral Arrangement (ci-dessous) différentes compositions florales qu’elle agrandit puis joint divers objets amassés. Elle re-photographie ensuite à l’échelle cette nouvelle pièce sculpturale, fidèle à son extrême précision colorimétrique .
Son travail évoque Joseph Cornell, Louise Nevelson ou Sophie Calle. Ses Color studies – classement par couleur des accessoires qu’elle accumule – rappellent le Régime chromatique de la Française.
Artiste ou photographe ? Il y a bien, bien longtemps que le débat n’existe plus.
Le livre
Kitsch Encyclopedia
(Blonde Art Book)
Enumère et dénonce des clichés visuels avec l’appui de Kundera, Baudrillard et Barthes.
L’expo
Presidential Index
Retrospective Gallery, New York
Jusqu’au 1er novembre
Photos de bouteilles d’eau de cologne représentant le buste d’anciens présidents américains qu’elle décapite avant d’agrandir à échelle humaine.