Niels Schneider : « Mes amis gays, savent que je suis hétéro. »

Prochainement dans Les Rencontres d’après minuit de Yann Gonzalez aux côtés d’Eric Cantona, Alain-Fabien Delon et Nicolas Maury (lire son interview), quand nous avions rencontré Niels Schneider en 2010 pour Standard n° 29), il était le bellâtre de Les Amours imaginaires de Xavier Dolan. A travers son accent, filtrait un humour aussi fin que ses traits.

Niels Schneider Interview standard © Shayne Laverdiere Studio 136

Niels Schneide par Shayne Laverdiere pour Studio 136

L’insaisissable angelo sexy des Amours imaginaires de Xavier Dolan tourne à Montréal, court les festivals d’Europe et clôt ses mails d’expression quebécoise aussi belles que lui : « Reviens moi pour me dire si ça va ».

Né à Paris, tu es arrivé à Montréal en 96, à 9 ans. Tes parents comédiens avaient trouvé du boulot là-bas ?
Non en fait je crois qu’ils étaient en pleine crise de la quarantaine. Ils ont decidé d’y passer un ou deux ans. Le charme québécois a fait son effet, ils ont repoussé leur retour. Ça fait quand même quinze ans !
A t’écouter, l’accent ne s’attrape pas à la naissance !
Je l’ai pris comme une éponge, mais mes parents n’étaient pas très fans et je me faisais corriger sans arrêt, donc je l’ai perdu. C’est quand j’ai commencé les auditions et que je me faisais dire « Dommage que t’aies l’accent français, tu aurais été parfait ! » que je l’ai repris volontairement.
Est-ce important d’avoir commencer par le théâtre ?
J’ai commencé en faisant du théâtre amateur, je ne suis pas un « acteur de théâtre », malgré ce que dit monsieur Wikipedia ! Mais oui, cela amène à une réflexion plus riche que le cinéma.
Tu dis ne pas être aussi ambigu que ton personnage. Que dis-tu à une fille qui s’amourache ?
Haha ! Si je suis célibataire et que le sentiment est réciproque je plonge avec elle ! Sinon je mets les cartes sur table. C’est un mal nécessaire pour ne pas créer de fausses illusions.
Et à un garçon ?
Je ne me suis jamais retrouvé dans cette situation. J’ai des amis gays, ils savent que je suis hétéro donc jamais dans un rapport de séduction.
Etre franc, c’est bien mais comment garder du mystère ?
Ça ne veut pas dire se mettre à nu au premier venu ! Le sujet aimant n’est jamais totalement franc car on a tous peur d’aimer. On se cache souvent derrière un masque de personne indépendante.
Tu es célibataire ?
C’est ce que j’écris à côté de état civil.

Niels Schneider : « Si tu croises Natalie Portman, tu lui diras qu’elle et moi, c’est mort ! »

Ta situation sentimentale la plus difficile à gérer ?
A 12 ans j’ai écrit une lettre d’amour passionnée à Natalie Portman. Elle n’a jamais répondu et je ne l’ai toujours pas digéré. Si tu la croises tu lui diras qu’elle et moi, c’est mort !
Tu dis qu’un acteur est mûr à 35 ans. Quel est le rôle d’apogée qu’on pourrait t’offrir dans 12 ans ?
Il y a des rôles incroyables bien avant aussi ! Celui qui m’a le plus marqué est Mike Waters (River Phoenix) dans My Own Private Idaho [Gus Van Sant, 1991]. Il avait 22 ans. Il y a aussi des acteurs extraordinaires jeunes qui vieillissent mal. De toutes façons, je n’ai pas une vision carriériste. Quand un personnage exceptionnel me tombera dessus, je ne me dirai pas : « Me voici à l’apogée de ma carrière. » mais : « Voilà le personnage que j’attendais depuis toujours. »
Qu’aimerais-tu jouer ?
Si je savais, je l’écrirais moi même ! En ce moment, j’ai envie de personnages physiques, écorchés vifs, qui ne maîtrisent plus leur vie. Beaux et moches à la fois. Sur un ton plus léger, hier j’ai visionné 500 days of summer (500 jours ensemble en vf) [Marc Webb, 2007] avec Joseph Gordon-Levitt (qui était extraordinaire dans Misterious Skin d’Araki [2005]). C’est une excellente comédie romantique. Et un rôle que j’aurais beaucoup aimé.
Avec quels réalisateurs ?
Denis Villeneuve, Denis Côté, Jean-Marc Vallée, Yves Christian Fournier pour le Québec ; pour la France, Romain Gavras, Christophe Honoré, Bernard Bellefroid, Jacques Audiard, François Ozon, Abdellatif Kechiche, Mia Hanson Love, Arnaud Desplechin, Christophe Charrier, Michel Gondry… La liste est longue !!
Qu’est-ce que ça te fait d’être le sosie blond de quelqu’un ?
Je ne vois absolument pas à qui tu fais référence… !!
C’est ça ! Es-tu proche de Louis Garrel ?
Non on s’est parlé deux fois, sur le tournage à Montréal et à Cannes. Chic type.

 

Les Amours imaginaires
De Xavier Dolan

Les Rencontres d’après minuit
De Yann Gonzalez