Son album solo est sorti il y a un mois sous l’inspiration de Bach. Variation : vendredi, le chef d’orchestre de la pop-electro se glisse dans la seconde peau du compositeur baroque et devient professeur de musique. Au Centre Pompidou, dans le cadre du Festival ASVOFF, l’auteur, avec Air, de la BO de Virgin Suicide et Lost in Translation de Sofia Coppola, anime une master classe sur la musique de film. Nous lui avions rendu visite dans son studio pour un entretien léger, duquel sont tombées quelques bonnes feuilles, plus lestes encore, amassées ci-dessous.

A part l’opéra, Bach pratiquait tous les genres. Tu pourrais faire du hip-hop ?
Nicolas Godin : J’adorerais, mais je ne sais pas faire. À la maison, on écoute pratiquement que ça. Ma fiancée est à fond dans Frank Ocean et Miguel, bon c’est plutôt R&B…

Il improvisait des fugues. Tu pars sur un coup de tête ?
C’est tellement n’importe quoi l’actualité ici, que parfois je pense partir en Nouvelle-Zélande. C’est peinard, loin de tout, le climat est bon, le vin aussi et la nature est belle. Je n’y suis jamais allé.

Il avait la foi luthérienne. Tu as la foi en quoi ?
L’amour et en la musique. Ce n’est pas très original, mais c’est mes deux moteurs.

Bach était protestant. Tu protestes contre quoi ?
J’en ai marre des gens qui râlent donc je ne vais pas râler !

Il était assez austère. On peut dire ça de toi ?
En tout cas, je suis concentré et réservé plus que expansif, et pas du genre à me rouler par terre sur scène.

Il n’était pas torturé par sa condition d’artiste. Comment la vis-tu, toi  ?
Je privilégie l’équilibre personnel à la folie créatrice. Au Japon, j’ai compris que le zen m’attirait. Mais je suis aussi un intranquille. Pour me détendre, je courre avec ma chienne au parc de Versailles. Les animaux, on les touche et tout à coup la pression redescend.

C’est pas contrariant au moins un binôme mort…
Tu as raison [rire] mais je crois aux vibrations, donc je pense que si je faisais fausse route, il aurait envoyé de mauvaises ondes pour faire capoter le projet. J’ai été me recueillir sur sa tombe à Leipzig, dans la petite chapelle où il était maître de chant. C’était hyper émouvant, j’ai mis une photo sur Facebook. C’est comme ça qu’on parle aux morts au XXIe siècle.

Tu crois en l’au-delà ?
En tant que musicien, tu es obligé d’y croire. Tu es assis le cul sur une chaise, tu as une idée géniale qui arrive et concrètement, ce n’est pas toi qui l’as trouvée. Les mondes communiquent.

Bach est venu te souffler des phrases ? 
Je pense… J’ai senti des choses magiques durant les séances d’enregistrement. C’est sa musique qui m’a soufflé une bossanova

Ce n’est pas plutôt parce que ta fiancée est brésilienne (Iracema Trevisan, ex-bassiste du groupe CSS) ?
J’aime la musique brésilienne, je ne sais pas si c’est pour ça que je suis avec une Brésilienne, mais en tout cas, si tu écoutes la variation Goldberg n° 21, tu entends une bossanova.

Elle est styliste (fondatrice de la marque d’étoles Heart Heart Heart) et a dessiné la pochette de l’album. Elle te conseille sur ton look ?
Non non, je suis d’un classicisme ! Je ne suis pas bohème du tout. D’un autre côté, le style français classique à l’étranger, c’est original.

C’est vrai dis donc, c’est quoi ta montre ?
Une Cartier.

Plus les mocassins…
Oui, je m’habille toujours pareil, pas envie de me prendre la tête.

Ça fait du bien de prendre un peu d’air par rapport à Jean-Benoît Dunckel ?
Oui, le côté agréable, c’est que tu ne fais pas de compromis. Mais avec quelqu’un, tu peux faire des choses que tu ne pourras jamais faire tout seul. Une bonne réponse de Normand !

Vous vous concertez sur vos projets solos ?
Non, au contraire : on est tout le temps ensemble en tournée, dans les loges, dans les bus, donc il faut pouvoir vivre sa vie en dehors du groupe.

Vous allez attendre combien de temps pour dire qu’Air, c’est fini ?
Ce n’est pas fini ! On se voit souvent, on parle de l’avenir. J’attends l’inspiration.

Contrepoint (Because)

Nicolas Godin & Nicolas Saada
Master classe musique de film
Centre Pompidou
Vendredi 4 décembre à 18h00 (6 euros / TR 4 euros / gratuit avec le pass Beaubourg)

Dans le cadre du festival A Shadded View On Fashion Film