Il pleut toute la semaine alors courez vous abriter à l’exposition Crumb.
Avant propos : D’habitude, au musée d’Art morderne, le premier samedi d’une nouvelle expo fait s’amonceler à gauche du bâtiment, 150 mètres d’une file de bourgeois plus ou moins rebelles. Là : personne. Preuve que Papy Crumby est encore un peu – et malgré cette belle retrospective institutionnelle – du sceau qui fit sa notoriété dans le San Francisco weird des années 70 : underground.
Remarque : Le documentaire Crumb du cinéaste Terry Zwigoff (1994) consacré à la carrière de Robert Crumb, à sa vie et à sa famille est très, très puissant. Il est projeté à l’exposition, mais ce n’est pas un endroit pour l’apprécier au mieux. Il est à voir au cinéma ou comme au cinéma (le DVD est en vente sur place).
Notule : Jean-Emmanuel Deluxe avait interviewé Robert Crumb dans Standard en 2003. Les CD de sauvegarde de ce numéro étant devenus illisibles, nous ne pouvons le restituer que scanné des archives de notre Standard n°2 qui comprenait aussi une rencontre avec Larry Clark – pas mal vu pour un début !
M. A.

interview Robert Crumb 2003 standard

interview Robert Crumb 2003 magazine standard

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La recette de l’amour fou, avec Aline Crumb

aline robert crumb love sex interview france

© Denoël Graphic

De l’infidélité, des engueulades à gogo, mais surtout de la passion et des scènes de sexe d’une sauvagerie formidable : dans l’anthologique Parle-moi d’amour, Aline et Robert Crumb dévoilent quatre décennies de vie conjugale, écrites et dessinées à quatre mains. Croisée au festival d’Angoulême, Aline ne ressemble pas trop à l’idéal de la femme « crumbienne », Walkyrie bodybuildée aux cuisses puissantes. Non, c’est une petite dame très digne de 63 ans, mince et espiègle, toujours in love.

C’est parti pour la question essentielle : c’est quoi l’amour ?
Aline Crumb :
Oh la la ! C’est supporter le quotidien, ses douleurs et ses joies, sans être fidèle ou monogame, avec des enfants et des ex. C’est prendre du plaisir à se voir matin et soir, avoir toujours quelque chose à se dire. J’avais 23 ans quand j’ai rencontré Robert, et s’il avait voulu me coincer dans une histoire enfermée, ç’aurait été impossible. On faisait des trucs séparément, on avait des amants, des amis différents, tout en ayant confiance l’un en l’autre. C’est parfois compliqué, certains ne le supporteraient pas. Mes parents sont ensemble depuis plus de cinquante ans et sont angoissés dès que l’autre fait autre chose ; moi, ça me tuerait ! Il faut laisser l’autre respirer, croire à une espèce de lien spirituel, à un destin commun.

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© Denoël Graphic

Question 2 : Bukowski écrit « Les amoureux deviennent souvent susceptibles, dangereux. Ils perdent le sens de la perspective. Ils perdent le sens de l’humour. Ils deviennent nerveux, psychotiques, emmerdants. Ils se transforment même en assassins. »
Je n’ai jamais souhaité la mort de mon mari, plutôt celle de certaines femmes qui le poursuivaient de façon peu sympathique ! Mais elles voulaient me tuer, elles aussi. Robert, de temps en temps, j’ai juste envie de lui donner des coups de pied dans les fesses !

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© Denoël Graphic

Question 3 : Comment il aime être embrassé, Pervers Robert ?
Il aime quand j’ouvre énormément la bouche, jusqu’à ce qu’il ait la tête dedans, que je l’avale complètement. Après je suis heureuse parce que ça me fait des lèvres pleines et jolies. C’est mieux que le Botox !

robert crumb aline crumb sex amour

Aline & Robert Crumb, Parle-moi d’amour
Denoël Graphic

Robert Crumb – de l’underground à la Genèse
Jusqu’au 19 août au musée d’Art moderne de la Ville de Paris.

Une autre BD très tendre
Romance tics
Vingt et une histoires d’amour contrariées en technicolor. Papas jackpot de Captain America, Joe Simon et Jack Kirby s’éloignèrent des super-héros pour explorer de 1947 à 1959 la psychologie et la sensualité dans des romance comics destinés à un lectorat féminin. Paradoxalement, les planches parues avant la censure du comics code (1953) sont les plus modernes : l’épisode Boy crazy est un bonheur, avec cougar Martha désespérée de voir le jeune Clint n’avoir d’yeux que pour sa nièce Suzi. Les fins ouvertes, le sens du mélodrame, l’absence agréable de morale et d’ironie postmoderne, et le talent de Kirby pour dessiner des femmes pulpeuses réchauffent le cœur et le corps.

Jean-Emmanuel Deluxe

Young Romance: The Best of Simon & Kirby’s Romance Comics
Fantagraphics