La House noire de Gui Boratto
Des cercles multicolores s’entrechoquaient sur la pochette du premier Gui Boratto (Chromophobia, 2007), des enfants affublés de masques à gaz posaient dans un paysage naïf et très coloré sur celle du deuxième (Take My Breath Away, 2009). Pour III, le producteur brésilien opte pour le noir radical – quitte à se prendre au sérieux. On apprécie ce choix gentiment rebelle d’artiste starifié, représentatif d’une house-tech à forte dominante pop (par moments légèrement trop consensuelle). En intro, le massif Geluchat part de très bas, ose une cadence très ralentie, comme rampante, et creuse plus profond, vers des sensations à la fois tordues et poignantes. Ailleurs, on découvre des penchants quasi dark wave – au détour d’une ligne de basse très Cure, projetée dans l’arène house de Striker, ou lorsqu’il délaisse sa patte mélodique pour se jeter plus fort sur les parois sèches de Stems From Hell. Même s’il répond par endroits aux impératifs clubbing, Boratto, ex-architecte propulsé vedette, réduit le sucre pour une onctueuse noirceur.
Thomas Corlin
Retrouvez cette article dans la rubrique Platines de notre numéro en kiosques