Kazu de Blonde Redhead : « Je chantais faux ? »
Après la sortie de Barragan le 1er septembre, la blonde à tête rouge se recoiffera au Trianon à Paris le 22 septembre, au 106 de Rouen le 23, au Bikini de Ramonville le 2 octobre et à L’Epicerie moderne de Feysin le 3.
Alliage de jumeaux italiens et d’une voix japonaise, Blonde Redhead papillonnait sur 23 en juin 2007 dans Standard n°16, disque de l’apaisement, cinémascope noisy pop tout en couleurs.
De la France, vous dites que vous aimez Georges Delerue et Michel Legrand*. C’est pour faire chic ou vous aimez vraiment Peau d’Ane ?
Kazu Makino [guitare/chant] : Ce n’est pas pour faire chic… Nous avons vu tous leurs films. C’est ça être intello à New York : préférer le vin à la bière, Fugazi à Nirvana et écouter Delerue.
Amadeo Pace [guitare/chant] : Nous adorons ses cordes dégoulinantes, sa manière de répéter les thèmes ; les répétitions, c’est un peu la base de notre musique.
Simone Pace [batterie] : C’est parce que lors d’une tournée en France, nous nous sommes retrouvés dans un hôtel ignoble, genre Ibis. Il y avait une toute petite télé qui crachotait, on commençait à déprimer sévère, on l’a allumée… et des couleurs complètement folles nous ont explosé à la figure.
Kazu : On a vraiment cru à une bonne blague.
Simone : C’était Les Parapluies de Cherbourg et ça nous a retourné le cerveau. Nous avons fait la fête jusqu’à pas d’heure dans notre chambre alors qu’on a toujours été loin de l’ambiance « groupe de rock décadent ».
Kazu : Maintenant, à chaque fois que l’un de nous a de la fièvre, que la panne d’inspiration guette, on se fait une soirée « film français kitsch des années 60 » pour nous remonter le moral.
En revanche, vous vous êtes un peu calmés sur Gainsbourg.
Kazu : Absolument ! Nous avons arrêté d’essayer d’être Serge Gainsbourg, qui sera toujours plus fort que nous. C’était chouette, pourtant, de lui piquer des idées… Nous avons quand même inséré une petite boucle dans une de nos chansons (on ne te dira pas laquelle).
Kazu, sur 23, tu chantes juste et avec moins d’accent, n’est-ce pas ?
Kazu : Je chantais faux ?
Pas du tout. Mais auparavant tu chantais un demi-ton en dessous, non ?
Kazu : C’est vrai. Je n’ai jamais voulu que mon chant sonne « beau »… j’ai toujours eu l’impression de ne pas y arriver. Cette fois, comme Amadeo se chargeait de l’enregistrement, il a joué au producteur désagréable et obsédé, il n’était jamais content ! Une fois, la climatisation est tombée en panne, il faisait très chaud, nous enregistrions Silently qui est assez difficile. Je voulais m’arrêter après chaque prise, d’autant que j’étais persuadée de chanter juste. Amadeo me demandait de recommencer en fronçant les sourcils. Ça peut être une définition de l’enfer.
Amadeo : Finalement, elle a été parfaite. Et si on écoute Silently très attentivement, on peut entendre les gouttes de sueur qui perlaient sur sa joue.
Que retenez-vous de l’Italie, musicalement ?
Amadeo : Ennio Morricone ! Reprends ce qu’on a dit sur Delerue et applique-le au grand Ennio… sans l’hôtel Ibis.
* Compositeurs respectifs, entre autres, des bandes originales du Mépris (Godard, 1963) et du diptyque Les Parapluies de Cherbourg/Les Demoiselles de Rochefort (Demy, 1964-67).
Barragan (Kobalt)
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