Julien Doré et Peter Peter : une version améliorée du romantisme
Julien Doré et Peter Peter : une version améliorée du romantisme
Dansants mais sombres, deux albums post-rupture amoureuse pour des garçons sexy à la poésie envolée. Qu’est-ce qui se passe, les filles, OH !
Standard choisit le parrain idéal pour Peter Peter. Ce Québécois sort son premier album dont le titre, Une version améliorée de la tristesse, est une parfaite définition de l’up tempo ensoleillé de Løve de Julien Doré. On imaginait les réunir autour d’une bière où ils auraient noyé les paroles de leur chansons d’amour : « Souffrir la mort pour te plaire » (Julien, Paris-Seychelles), « Je me tuerai si tu veux, pour que tu m’aimes un peu. » (Peter, Réverbère). Ce n’est pas qu’on a eu peur de l’ambiance, mais l’interview a dû être reporté et les avions pour le nouveau continent n’attendent pas. Nous les avons donc rencontrés séparément. Reconstitution d’entretien croisé.
Peter Peter se prépare dans une loge du Trianon. Il va chanter son premier single au public professionnel de la Convention Sony. Des échos de voix fatalistes presque chuchotés sur des saxos qui s’accommodent du bonheur pour une musique acidulée et abrasive. Une semaine plus tard, aux Folies Bergère, cabaret aux pourpres velours et aux chevaux or, un « lion » avance, sa crinière frôle son cuir noir. Il restera mystérieux au sujet de la personne qui l’a surnommé comme ça. Il rejoint la salle ronde où il bondira sur les rugissements romantiques de son troisième album, les 14 et 15 mars prochain, prend les coursives à gauche et suit un dédale de loges encombrées de préparatifs pour le spectacle du soir. C’est là qu’il acceptera – « Vous êtes sûrs, c’est pas un peu bizarre ? » – d’enfiler un pull à grosses mailles avec des badges à son nom. Le félin qui se change dans la petite pièce blanche et fume à la fenêtre est calme, excessivement poli, du genre à ronronner plutôt qu’à se faire les griffes. « Lion, ça se dit løve en danois, on prononce « louve ». Un love barré, comme si quelque chose venait le fendre. » De l’espèce des fauves à se laisser blesser par une louve.
Julien Doré : « Je préfère ne pas écrire ces chansons-là et préserver quelque chose de beau dans ma vie. »
Vous sortez deux albums post-rupture. Ça va mieux ?
Julien Doré : C’est pas sombre. C’est l’élégance avec laquelle une histoire d’amour unique et magnifique s’est terminée, et la beauté, préservée à temps, qui m’a donné envie de l’écrire. C’est au premier degré, intime, parce que j’ai écrit tous les textes et ai bossé la musique avec mes super potes. Mais les morceaux groovent. Les mélodies solaires, ça met plus en valeur les textes que si je les avais appuyés avec une musique mélancolique.
Peter Peter : Moi, c’est un délire un peu émotif, sentimental. Ce n’est pas seulement ma mélancolie, mais aussi celle des gens qui m’entourent. Tous mes amis qui sortent de l’université se rendent compte que leur vie c’est travailler, chercher l’amour et on se ramasse tous à se bourrer la gueule dans les bars en essayant de trouver un sens à ça.
Si vous n’aviez pas rompu, on aurait eu droit à quoi ?
Julien : Je n’en sais rien parce que pendant la tournée, où j’étais très heureux avec mes gars, je n’ai pas écrit une ligne. Mais je ne crois pas avoir besoin d’être malheureux pour écrire. Je préfère ne pas écrire ces chansons-là et préserver quelque chose de beau dans ma vie. L’axe qu’elle a pris m’a appris que je devais faire confiance à mon instinct. Quand j’écoute la partie reptilienne de mon cerveau, comme n’importe qu’elle bête, je sais fuir au bon moment, éviter de mettre les pattes où il ne faut pas. Il m’a fallu du temps pour m’en apercevoir. Il a fallu que ma crinière pousse.
Peter : J’aurais écrit le même disque. J’ai 29 ans, ce n’est pas encore la crise de la trentaine, mais j’ai une propension au spleen sévère. Sûrement dû à l’ambition de vouloir faire beaucoup de sa vie, et ne pas trop savoir comment s’y prendre.
Question Trente millions d’amis pour Julien : il y a des animaux dans tous tes clips – un cheval dans L’Été Summer et Les Bords de mer, un bichon dans Kiss me, un lionceau Forever et Paris – Seychelles – pourquoi ?
Julien : Le langage humain permet de communiquer à plein de degrés différents et on a une façon de savourer notre intelligence en oubliant l’origine de ce qu’on est. On est tous des animaux, et c’est important, ça m’apporte énormément d’y penser. Je m’étonne de notre façon de les consommer.
Tu es végétarien ?
Julien : Oui depuis deux ans. J’ai compris que l’industrialisation, machine à broyer l’animal, va à l’encontre des études scientifiques qui montrent qu’il a une conscience de l’autre, une mémoire et un langage à une échelle de valeur moindre, qui fait qu’on se pense supérieurs et qu’on les amène ensemble vers la mort. Qu’on puisse industrialiser ça, ça me pose un sérieux problème.
Julien Doré : « Je suis le prophète gourou de la suite de ma vie. »
D’où te viennent des phrases pareilles « Je volerai les reins des enfants rois qui à tes seins pendront leur bouche. » ?
Julien : J’ai une écriture un peu automatique, je ne sais pas. Ce texte [Paris – Seychelles] a été écrit sans musique, ce que je fais rarement. Il fait référence au mythe de la louve nourricière. On peut lécher les seins de la femme qu’on aime, qui nourrissent aussi nos enfants. La løve revient souvent dans l’album.
On retrouve de la distance et de la légèreté dans les cinq chansons en anglais. C’était le but ?
Julien : Oui, elles sont très simples, quelques mots. C’est surtout dû à mon manque de vocabulaire. Je n’essaie pas de progresser parce que c’est comme ça que je veux écrire. Écrire comme Pete Doherty, j’aime le faire dans la langue française qui est la mienne et qui me passionne.
Peter Peter dit : « J’ai l’impression de frauder quand je chante en anglais. », tu le comprends ?
Julien : Non, j’ai commencé par des chansons en anglais avec mon premier groupe, Dig Up Elvis, à Nîmes. C’est une problématique typiquement québécoise j’ai l’impression. Il y a historiquement un problème avec ça, là-bas.
Peter : Moi aussi j’ai commencé en anglais, mais j’avais l’impression d’être un personnage, un usurpateur.
Une ballade sur Michel Platini (Platini), il n’y a qu’en français que ça marche ! Tu l’as échangée contre sa carte de footballeur professionnel, Julien ?
Julien : J’ai sa carte depuis super longtemps parce que mon père travaillait dans une compagnie aérienne et un jour, Michel Platini, au tout début de sa carrière, a oublié un sac avec quelques petites affaires dont il avait rien à foutre. On a enregistré l’album au mois de mai dans une grande maison en pierre de Saint Rémy de Provence [le studio La Fabrique], une dizaine d’enfants sont venus de l’école d’à côté pour faire les chœurs. C’était magique. Ils ne savent pas qui est Platini. Cette chanson, je voudrais qu’elle devienne un hymne pour lui.
Vous faites du sport ?
Julien : J’ai fait du foot jusqu’à 17 ans mais depuis, je travaille avec des marques de bière et de whisky [rires]. Bon, je fais une préparation physique à base de pompes et d’abdos avant de monter sur scène et on a tourné un an et demi un spectacle très physique de deux heures et demie. La scène me soigne. C’est des médicaments. Je ne sais pas ce que je ferai si je n’avais pas ça.
Peter : Pour compenser les nuits où on boit jusqu’aux petites heures, je cours trois à quatre fois par semaine. La dernière fois que je suis venu à Paris, je m’étais pris une auberge de jeunesse un peu crade à Barbès. Quand j’étais seul, un peu bourré, je rentrais en petites foulées en me disant qu’on n’attaque pas quelqu’un qui court. Par contre le matin je faisais vraiment mon jogging jusqu’au Sacré Cœur. Dans mes bagages j’ai toujours mes baskets. Sans l’endorphine de l’effort, je ferais des dépressions.
Peter Peter : « J’ai une propension au spleen sévère. Sûrement dû à l’ambition de vouloir faire beaucoup de sa vie. »
Vous représentez ce qu’on aime de la chanson française. Ça craint comme expression non ?
Julien : C’est terrible, tu as une façon élégante de poser une pierre et de la rendre glissante. Qu’est-ce que je peux répondre… Merci si c’est sincère.
Peter : Ça sonne toujours mieux que « chanson québécoise » !
Vous comprenez qu’on ait eu l’idée de vous réunir ?
Peter : J’étais content, je sais qu’ici Julien Doré est un phénomène. Je débarque et on m’offre ça ! J’imagine qu’on a en commun l’amour pour les filles. Il est sensible et il cherche à faire de la pop francophone contemporaine sans être nostalgique, c’est un exercice de style quand on écrit en français… !
Julien : Je vois le parallèlement, oui. J’ai bien aimé sa prod’, ses textes, que je trouve plus abstraits et plus poétiques que les miens. Des collages d’images, comme je faisais avant. Et puis son accent québécois aussi, qui est très proche du mien !
Il y a cette profonde légèreté (ou cette légèreté profonde)…
Julien : Je suis d’accord. Ça permet d’être un peu moins impudiques. C’est comme la mise en musique des textes : ça les change, c’est plus voilé, universel. Je ne serai pas capable de déclamer ce que j’écris.
Peter : Il y a quelque chose de pédant dans la profondeur. J’assume mes associations faciles dans Le Monde n’y peux rien : « ton cœur brise mon cœur et tes yeux pleurent mes larmes, ses mains te les sèchent… ». J’ai consommé beaucoup de musique des années 90, il y avait ce besoin de la puérilité. Ce n’est pas ultimement cérébral que d’être cérébral. C’est important l’esprit punk : Pixies, Nirvana, The Smashing Pumpkins, Pavement. J’ai toujours écrit de la poésie mais ça m’a pris deux ans pour oser chanter en français. Quand on utilise la conjonction « car », les rimes, il faut se prendre à la dérision.
« Je milite pour une chanson francophone punk », tu dis. Julien, toi qui a pastiché des chansons (Lolita, 2007) et des clips (Les Limites, 2008), ça te parle ?
Julien : Pas du tout. Le punk, c’est du burlesque, du Didier Wampas. J’aime beaucoup, mais je ne me suis jamais revendiqué de ça. On a deux tatouages et les cheveux un peu plus long que la norme et on est un rebelle ! Je cherche rien à renverser. L’héritage des Clash et la musique politisée, je ne l’entends pas dans l’album de Peter Peter.
Peter : Chez nous ça a du sens parce que la contre-culture manque. La musique pointue est filtrée, il y a les artistes établis et les oligopoles qui contrôlent les médias. On n’est pas les Sex pistols, hein, mais en live c’est perceptible parce qu’il y a plus de guitare, je parle de l’ivresse, de s’anesthésier par les drogues [MDMA]. Je crois qu’en France ça va être mieux compris, parce que le français est vu comme du snobisme dans les régions du Québec où on écoute du folk et de la country.
Peter n’aime ni les tatouages, ni le foot, ni les Gypsy Kings… Il pourrait devenir ton pote, Julien ?
Julien : Avec un nom comme ça, non. Vraiment vraiment ça marche pas. Peter Peter Pan Pan dirait mon pote Darko [son bassiste]. Je déconne !
Peter : Je tiens ce nom depuis mes premières démos en 2003. J’ai été élevé par ma mère, je ne veux pas associer mon patronyme à ma musique. Comme je suis enfant unique, j’ai doublé mon prénom, ça donne une idée de la solitude.
Vous avez en commun une collaboration avec Cœur de Pirate. Comment expliquez-vous son succès international ?
Julien : Le français peut s’exporter, c’est une langue d’image et certains interprètes arrivent à faire voyager leurs mots, comme le faisait Piaf. Zaz marche en Allemagne et dans les pays de l’Est. Par contre moi, j’ai joué qu’une fois au Japon et en Espagne.
Peter : La musique indépendante francophone exerce une fascination chez les anglophones. Malajube [groupe de Montréal] a bien fonctionné aussi. J’ai joué à Austin au Texas, au South by Southwest, à Toronto au Canadian Music Week. L’album a été classé 38e sur deux cents nouveautés dans les College radios. Un succès d’estime, parce qu’il n’est jamais sorti là-bas. Mais entretenir un petit buzz aux États-Unis coûte des millions de dollars…
Julien tu as fait les Beaux-Arts, Peter une école de cinéma. Ça vous intéresse toujours ?
Julien : De loin pour pour le contemporain. Ce qui m’habite totalement c’est dada, les surréalistes, qui avaient une vision artistique enfantine. C’est à dire très, très proche de la vie. Qui ont une production toute bête comme des jeux de mots. Je faisais de la vidéo et de l’installation. J’ai cru pendant mes cinq ans d’études que je ferais partie du milieu de l’art. Mais j’ai été incapable de digérer ces références. Duchamps il y a cent ans faisait mille fois mieux que ce que ne pourra jamais abriter le Palais de Tokyo.
Peter : Mon amour pour le cinéma est né à 14 ans avec Orange Mécanique [1971] et 2001: L’Odyssée de l’espace [1968]. Ça fait huit ans que je n’ai pas prononcé le nom de Kubrick, souvent, tu en as marre de tes premières idoles. Je suis plus dans Richard Linklater, réalisateur des années 90 dont les films sont un peu oubliés. Dans Slacker [1991] et SubUrbia [1996], on suit des personnages pendant cinq minutes, le schéma narratif est en mouvance, on ne s’attache jamais. Confus mais cohérent, il réussit à tout ficeler !
Qu’est-ce qui vous nourrit dans la culture d’aujourd’hui alors ?
Julien : Le théâtre, la danse, deux, trois fois par mois. Je vais à la Comédie française, ou bien j’ai vu tous les spectacles de Zingaro et Bartabas. Dommage, ce sera terminé à la sortie du magazine, j’aurais conseillé Lucrèce Borgia mis en scène par Lucie Berelowitsch au théâtre Athénée. Ma grand-mère était directrice du centre Rosella Hightower à Cannes, j’ai des souvenirs de vacances petit au milieu des danseuses. Les ballets ça me rend dingue, c’est sublime. Orphée et Eurydice de Pina Bausch à l’opéra de Paris il y a un an, c’est incroyable, quoi. J’aime danser mais suis trop timide pour le faire dans la vie.
Peter : Moi c’est la lecture. Je suis fasciné par le Japon, en ce moment. Je lis Ryu Murakami, Thanatos [éd. Philippe Picquier, 2005]. Tout le monde me disait de lire son plus connu, Bleu presque transparent [1976, réédité chez Picquier Poche], mais je préfère les œuvres obscures. Mon préféré dans cette littérature japonaise dark, c’est les Chroniques de l’oiseau à ressort de Haruki Murakami [Belfond, 1994], du fantastique glauque. Sinon j’ai lu mon premier Yuko Mishima, Le Marin rejeté par la mer [Folio, 1963], je l’ai fini hier en pleine nuit dans une brasserie, grâce au jet lag. C’était bien cool.
Peter Peter : « Il y a quelque chose de pédant dans la profondeur. »
Vous êtes collectionneurs ?
Julien : Je collectionne des lettres manuscrites. J’en ai de Gustave Doré, achetées à Drouot et une de Flaubert, sublime. Il écrit à un ami pour venir récupéré son chien. Il lui dit qu’il passera « chercher le toutou vendredi prochain ». La lettre est cernée de noir, ce qui, au XIXe siècle, signale une période de deuil. Ce sont des choses qu’on ne connaît plus et qui me touchent. Bouvard et Pécuchet m’a beaucoup marqué, je l’ai lu au lycée et relu aux Beaux-Arts. Sinon, je garde plein plein de petits trucs important pour moi, rapportés de mes voyages ou tournées. Souvent religieux, même si n’ai pas de religion.
Peter : Les Stan Smith. Je ne porte que ça. Je n’en ai que trois paires pour l’instant, on n’en trouve plus, je les achète sur e-bay [le modèle est relancé dans les boutiques Adidas en janvier]. Je n’aime plus acheter dans les magasins, je trouve sur internet des chandails à 5 dollars au Texas. J’ai un problème avec les nouveautés, ça devient bourgeois.
Vous vous êtes fait connaître en participant à une émission de télé…
Peter : Mince, comment tu sais ? La mienne a été diffusée en un soir, sur une toute petite chaîne. Je n’en parle pas, ça m’emmerde un peu. Je l’ai fait par ce que je n’avais rien à faire, dans le temps. Je commençais à écrire en français et j’étais fatigué de jouer dans des groupes.
Julien, dis-lui comment on fait pour assumer !
Julien : Ça se sait à un moment donné. Même chez les hommes politiques maintenant tout se sait, donc tu imagines avec les artistes ! Il faut faire les choses sincèrement, avec le corps, le cœur et l’instinct et il n’y a pas de raison de regretter. L’émission m’a permis d’essayer des trucs avec ma voix. Ce yukulele, cette barrette, ça a mis un léger voile sur la façon dont j’écris.
Tu assumerais de rejouer dans des films aux titres prophétiques (Ensemble, nous allons vivre une très, très grande histoire d’amour, de Pascal Thomas, avec Marina Hands, 2010) ?
Julien : Oui mais mon expérience n’a pas fait son effet dans le milieu du cinéma pour l’instant. Je n’ai jamais fait de théâtre. Donc je fais des BO [entre 2009 et 2010 : le générique du Petit Nicolas (Laurent Tirard), Toutes les filles pleurent (Judith Godrèche) et Holiday (Guillaume Nicloux)] et c’est très très bien comme ça. J’ai toujours écrit seul mes clips et je les coréalise. Je crois que j’aimerais beaucoup plus réaliser mon propre film que jouer. J’y pense depuis longtemps et un poil plus sérieusement depuis six mois. Quant au titre du film oui, je suis le prophète gourou de la suite de ma vie. Tu penses qu’on nous conditionne ? Moi je pense que l’amour est plus fort que la pellicule.
Il faut développer…
Julien : Pellicule, développer, t’as vu ou pas ?
Le disque de Julien
On s’était dit des choses
« Je dessine tout le temps. », « Ce soir, je rentre, il y a la rediff’ du match d’hier » « Je sors très très peu, je fais des feux de cheminée. » Bribes de vie d’un garçon qui ne porte plus de placo pour payer mon loyer à Nîmes depuis 7 ans. À 25 ans, il devient La Nouvelle Star et développe un style second degré et profond, avec un yukulele et une voix grave. Ersatz, son premier album, disque de platine et révélation de l’année aux Victoires de la musique 2009 précède Bichon, disque d’or en 2011.Sur Løve, l’ironie est moins au service du mot que du sort. Yvette Horner ou Philippe Katerine ont cédé leurs tickets de guests à Brigitte et Micky Green. Écrit seul, intime, dansant, l’album tourne autour de la rupture. Des voix, des claviers. Le sourire de la dérision s’affaisse en soupir de la passion. Sur la pochette, le Bichon a détalé : un félin capturé par un photographe de Géo s’inverse en miroir du profil du chanteur qui, au dos, pointe le museau aux étoiles. On attendra l’hiver le rapproche de Benjamin Biolay mais Julien cite plutôt Jean-Louis Murat. Dans le clip de Paris – Seychelles, des paroles qu’on pensait écrites pour une fille ombrageuse sont renvoyées à un petit garçon : « On s’était dit des choses, que l’on ne tiendra pas. » Une des questions de l’interview aurait pu être : « quelle promesse n’as-tu pas tenu envers toi ? » Mais à l’écoute de ces rythmes en soleil trompeur voilés de romantisme, elle paraît inutile : ses promesses de gamin n’auraient pas pu être plus dignes que celles qu’il a tient avec ce troisième album.
Løve (Columbia)
Live! Le lion rugit aux Folies Bergère, Paris 9e
Les 13, 14 et 15 marsPuis les 15 et 16 novembre à L’Olympia
Le disque de Peter
Punky browser
Saguenay-Lac-Saint-Jean, région canadienne sur la rive nord du Saint-Laurent, dans les années 80, Peter Peter est élevé par sa mère. Après une école de cinéma à Québec, il monte à Montréal, à 23 ans, chanter dans les bars grunge. Classique. Sauf qu’il est repéré par Audiogram, « Je vendais des guitares, j’ai été chanceux. » Grâce aux avances, aux subventions, et aux concerts, il vit de sa musique avant son premier disque (Peter Peter, 2011, pas sorti en France). Des blogs anglophones donnent du crédit à son minimalisme chaotique. « J’écoutais beaucoup The Radio Dept., un band suédois qui a une habilité à jouer de la variété avec un twist qui sonne “bon goût”. Un peu comme Air, je suis un gros fan. » Sur ce premier album, on entend Cœur de Pirate, « On se croise à Montréal à l’occasion. » Et cette année, c’est la conquête de la France. Une version améliorée de la tristesse – « essayer d’atteindre le bonheur sans réussir » – traîne des petits riens kafkaïens sertis de synthés boîte-à-rythmés, auxquels ont souhaite une version améliorée du succès.Une version améliorée de la tristesse (Arista)
Sortie le 3 février 2014
Live! Le 6 mars au Nouveau Casino
Texte Magali Aubert
Photographie Felipe Barbosa
Assisté de Jade de Brito
Stylisme Olivier Mulin et Perrine Muller
Assistés d’Arthur Laborie et Elsa Puangsudrac
Grooming Stéphane Delahaye chez B Agency et Richard Blandel chez B4 Agency