John and Jehn : une moitié de duo d’avant revenant
On les pensait inséparables, on avait presque raison. Si Jehnny Beth ne chante plus avec Johnny Hostile, c’est pour mieux s’activer au sein de Savages, produit par Pop Noire, label du couple. Le quatuor féminin post punk donnera un concert unique en mars à la Gaité Lyrique. Retour sur un interview de 2010 (Standard n°27), quand John & Jehn ne voyaient la vie qu’à deux.
« I say go, and she said yes » (Love is the Drug, de Roxy Music). Le point de départ ?
John : J’adore ce son disco désuet et sirupeux, mais pas dénué de sens. Il y a deux ans, j’avais effectivement écrit le morceau Reminder pour retrouver ce côté nerd et étrange de Roxy Music. L’album a suivi naturellement.
Jehn : Nous sommes passés de Joy Division à New Order, ou du Velvet Underground à Blondie. Il y a ce morceau And We Run, sur lequel on bloquait depuis des lustres. Tout s’est débloqué quand on a trouvé un son de guitare très… Blondie.
« Mary says he changes his mind more than a woman. » (Johnny and Mary, Robert Palmer). Ça pourrait refléter votre passion pour les années 80 ?
John : Le groove est parfait et Robert Palmer a trop la classe. Je l’écoutais énormément quand j’étais gamin, impossible de la rater. Puis j’ai redécouvert ce texte qui a d’ailleurs inspiré Down Our Streets…
Jehn : Pour chaque chanson, on s’est dirigés vers une influence précise en essayant de la dépasser, parce que ca n’aurait eu aucun intérêt de s’arrêter à la première ligne de basse qui nous tombait sous la main. O’Dee, c’est un peu les Ronettes. Oh My Love, une sorte d’hommage aux dialogues entre Nancy Sinatra et Lee Hazlewood.
« Shiny tops and soda pops, when I hear your lips make a noise. » (Dead Leaves and the Dirty Ground, The White Stripes). Comme votre première rencontre ?
Jehn : Ah non, au contraire, ça plutôt mal commencé. La première fois qu’on a joué ensemble, c’était une vraie catastrophe. Je ne savais pas chanter et il avait du mal à jouer de la guitare.
John : On a attendu un mois avant de se revoir tellement c’était nul. Mais ensuite, c’était vraiment « soda pops ». Et ça continue.
Jehn : Ce qui nous a aidés, c’est de déménager à Londres. Pour la ville, mais aussi parce qu’on a emménagé chez une amie de mes parents devenue notre manageuse. Elle a vendu sa maison de campagne pour produire le premier album ! Elle disait : « Ecrivez trois chansons jusqu’à demain ». C’était très dur, comme une nouvelle éducation pour nous. On en avait besoin.
« Une vie commune… quelle idée ! Qui voudrait d’une chose commune ! » (Qu’il Pleuve, Francis Dennmark). Votre modèle de couple pas commun ?
John : Johnny Cash et June Carter ? Non, trop catholique, ça ne nous correspond pas.
Jehn : Gainsbourg et Birkin, cela ne colle pas non plus. Notre couple, on le vit sans y réfléchir.
Savages
Silence yourself
Pop noire
Le 21 mars à la Gaité Lyrique