Photo: Houyet fotografie

Avant ce triste mois de janvier 2011, Paul Sneijder considérait l’ascenseur comme « le miracle mécanique qui a un jour permis aux villes de se redresser sur leurs pattes arrière et de se tenir debout. ». Plus précisément, il n’en pensait encore rien, ne l’envisageait aucunement comme objet de réflexion, ignorant la richesse et la variété des magazines spécialisés imprimés à sa seule gloire. Or, quatre jours après la Saint-Sylvestre, dans une tour d’Amérique du Nord, un accident statistiquement moins que probable l’envoie dans le coma et sa fille ad patres.

Survivant ainsi au seul fruit de son premier mariage, mal entouré par une seconde femme et deux gamins peu prodigues de leur tendresse, il se réfugie dans la foisonnante littérature consacrée aux ascenseurs et à ses accidentés (« Confinés à l’intérieur de notre zone de confort allouée de 0,90 mètre carré, nous sommes les passagers dociles d’un système verrouillé que nous avons accepté sans l’avoir compris, ni jamais aimé »), puis dans le… dog-sitting. Chez Dubois, confronté à des accidents violents, on est rapidement mieux entouré par les clébards que par l’esquisse d’un ménage : « La vie, ce sport individuel qui mériterait […] d’avoir été inventé par un Anglais bipolaire, avait assez d’humour pour laisser à des chiens, dont je ramassais ce que l’on sait, le soin de me redonner une petite part de la confiance et de la douceur dont la plupart des miens m’avaient depuis longtemps privé. » C’est amer mais drôle, comme toujours, autant que léger, mais solide.

Le Cas Sneijder
Editions de L’Olivier
220 pages, 18 euros