Isabelle Le Minh More Re play (After Christian Marclay)

Re-Play (After Christian Marclay)
Installation : photographies, épingles (2009), environ 300 x 600 cm
©Isabelle Le Minh, Courtesy Galerie Christophe Gaillard

Toujours plus

En niveaux non pas de gris, mais de jaunes, les photos de famille retournées qui composent Re-Play (After Christian Marclay) disent « more ». L’œuvre de l’artiste franco-allemande est une référence à White Noise, où le Californien Marclay, dans le cadre d’un projet plus vaste, After Photography, débuté en 2008, avait recouvert un mur de photos argentiques. La photographe a cessé les prises de vue. À quoi bon en ajouter à la déferlante. Tout le monde peut produire et diffuser des images à bas prix et avec peu de connaissances techniques. L’usage que l’on peut en faire lui semble plus intéressant. L’ancienne scientifique ingénieur-brevets à Berlin quitte le poste qu’elle occupait depuis quatre ans pour suivre l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles, dont elle sort diplômée en 1996. C’est principalement en France (on la découvre à Paris Photo en 2012) qu’Isabelle Le Minh expose ses dialogues délicats entre humour et paradoxe. Ses photos jaunies deviennent des pixels géants.

Ce qu’elle en dit

« La photo de famille répond au désir de retenir les êtres chers. Il s’agit d’un leurre : cette accumulation met au contraire en évidence la disparition de ces moments. J’ai voulu souligner ceci par un jeu de mot « translangagier » puisque MORE signifie « PLUS », mais lorsqu’il est prononcé par un français, sonne souvent comme « MORT ». Ce memento mori soulève aussi la question de la disparition des images en tant qu’objets photographiques, de la fin des photographes de quartier (dont les tampons figuraient au dos des tirages), et témoigne de toute une histoire des papiers et des procédés en usage autrefois. Je suis surprise par la diversité des approches et des formes de l’époque, comme si les contraintes techniques stimulaient leur inventivité. Ces objets photographiques ont une présence singulière, presque organique. »

Galerie Christophe Gaillard, Paris
Jusqu’au 7 juillet