Cultiver la mode 2015-05-01T09:17:11Z https://standardmagazine.com/feed/atom/ WordPress Standard <![CDATA[Études studio : l’édition, l’art et la mode]]> https://standardmagazine.com/?p=19043 2015-04-30T14:54:52Z 2015-04-30T14:42:04Z En monochrome ou en effet cristal brisé, le bleu cobalt sert de fil rouge à cette entité plurielle. Le collectif Études studio fondé par Aurélien Arbet et Jérémie Egry gère une marque, une...

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En monochrome ou en effet cristal brisé, le bleu cobalt sert de fil rouge à cette entité plurielle. Le collectif Études studio fondé par Aurélien Arbet et Jérémie Egry gère une marque, une maison d’édition, une agence artistique, et bientôt un pop up store à New York.

Etude Studio par Charlotte Ortholary Jean-Marc Rabemila cite des pyramides

© Charlotte Ortholary

Ville d’origine : Grenoble, où ils se sont rencontrés en 1995. Timeline : les Beaux-Arts d’Annecy puis de Nîmes pour Aurélien, 34 ans et l’École de graphisme de Grenoble pour Jérémie, 35 ans. En 1999, ils montent la très sage marque Hixsept, et en 2007 l’assez renversante maison d’édition JSBJ (Je Suis une Bande de Jeunes). La fusion des deux prend, cinq ans plus tard, le nom d’Études studio. Tagline : « Néo, contemporain, générationnel et multidisciplinaire. » Matière : « Le satin de coton pour son aspect brillant et fluide qui le rend plus sophistiqué que la popeline. Il est aussi parfait pour le rendu en impression numérique. » Dernier achat culture : « The Recovery of Discovery, le livre de l’artiste français Cyprien Gaillard. » Leur atelier est… « À New York et Paris, l’un donnant sur l’East River et l’autre sur des ateliers dorfèvrerie du Haut Marais. Devise : « Rien n’est vrai, tout est permis. » Parents spirituels : Grace Jones et Guy Debord. Mannequin préféré : le Portugais Fernando Cabral, vu sur les défilés Lacoste, Hermès, Rick Owens… Obsession : « Deux heures de mix de Jamie du groupe The XX (lire l’interview culture et mode) et John Talabot pour Beats in Space, une émission diffusée sur NYU [radio universitaire new-yorkaise]. » Défilé idéal : « Une performance au Dia Beacon, centre d’art dans un ancien bâtiment industriel le long de l’Hudson River, avec un live de Koudlam. » Duo favori : les artistes suisses Peter Fischli et David Weiss : « On aurait adoré publier leur ouvrage 800 Views of Airports. » Des tarmacs, édité en Angleterre en 2012.

 

Etude Studio par Charlotte Ortholary Jean-Marc Rabemila cite des pyramides

© Charlotte Ortholary

Etude Studio par Charlotte Ortholary Jean-Marc Rabemila cite des pyramides

© Charlotte Ortholary

Par Elsa Puangsudra

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]]> 0 Standard <![CDATA[Il n’y a pas de vrai Andy Kaufman]]> https://standardmagazine.com/?p=19016 2015-04-29T10:19:23Z 2015-04-29T10:03:37Z Métaphysique anarchiste de la télévision américaine, Andy Kaufman (1949-1984) fit du bouddhisme une arme cathodique et pratiquait le sabotage jusqu’à faire douter le public de sa propre existence. Analyse passionnée de spectacles toujours...

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Métaphysique anarchiste de la télévision américaine, Andy Kaufman (1949-1984) fit du bouddhisme une arme cathodique et pratiquait le sabotage jusqu’à faire douter le public de sa propre existence. Analyse passionnée de spectacles toujours invisibles en France.

Andy Kaufman

Ce qu’Andy Kaufman n’est pas
Andy Kaufman n’est pas un comique. Il prétend n’avoir jamais réussi à raconter une histoire drôle de sa vie et c’est probablement vrai. Il a toujours détesté les blagues, l’ironie, les traits d’esprit et la connivence avec le public. Aucun discours politique explicite, aucune allusion grivoise dans toute son œuvre – à la différence de la plupart des stand-up comics, dont la complicité avec la foule vient des remarques assassines ou des copulations verbales. Kaufman est le roi du mindfuck : une machine à vous détruire la tête, toujours présentée avec un sourire mielleux et une voix doucereuse de fanatique extasié. Vous vous croyez d’un côté du miroir, et vous êtes déjà de l’autre.

En France, jusqu’à ce que Milos Forman réalise Man on the Moon en 1999, nous ignorions jusqu’au nom d’Andy Kaufman. Mais son biopic – accessoirement un des plus beaux films des dix dernières années – n’a malheureusement pas entraîné le dépoussiérage escompté. Aucun de ses sketchs n’a été diffusé en France : ni le Andy’s Funhouse de 1977, ni le Live at the Carnegie Hall de 1979, ni même le monstrueux Andy Kaufman Show de 1982. Trois monuments introuvables aujourd’hui, même en anglais, et dont seuls les extraits sont visibles sur Internet. C’est dommage, parce qu’aujourd’hui que nous assistons aux derniers jours de la télévision comme medium privilégié de la manipulation et de la domination des foules, il serait loisible de se replonger dans l’œuvre d’un des plus grands artistes du genre, dispensateur d’une anarchie métaphysique si radicale qu’elle déborde systématiquement des limites habituellement assignées à la subversion idéologique ou politique.

 Il n’y a pas plus dangereux qu’un homme qui ne croit pas à la réalité de sa propre existence.

Ce qu’Andy Kaufman n’a pas fait
C’est très difficile de dire ce qu’à fait Andy Kaufman. Son premier show, Andy’s Funhouse, est déjà d’une étrangeté extraordinaire : dès le prégénérique, Foreign Man (venu d’une île imaginaire de la mer Caspienne) explique devant un décor vide qu’il n’y aura pas de spectacle parce qu’il a dépensé l’argent de la chaîne en se payant des vacances. Maladroitement, « L’Etranger » s’excuse. Il nous conseille de changer de chaîne, se tait et attend longtemps… Si longtemps qu’on devrait déjà avoir éteint… quand il nous rattrape et nous explique qu’il a dit ça pour « faire fuir tous les idiots qui ne comprendraient pas » et que « maintenant que nous sommes seulement entre nous, nous pouvons commencer ». Le générique est lancé et on continue avec lui, planté devant un décor d’une abyssale pauvreté, enchaînant les blagues ratées et les imitations lamentables (la voix de l’imité est filtrée par l’accent de l’imitateur)… jusqu’à celle d’Elvis que Kaufman parfait désastreusement au-delà de toute espérance. Deuxième masque : celui de « Oncle Andy », dans le format conventionnel du talk show, avec des interviews qui pataugent, des sketchs qui ne vont nulle part, des petites chansons malingres et, cerise sur le gâteau, des sautes d’images et un passage de neige télévisuelle… Selon une source, ce serait cette neige et les sautes d’images qui le firent refuser par la chaîne (pour finalement le diffuser deux ans plus tard, lorsqu’il devint célèbre grâce au sitcom Taxi). Selon une autre, c’est qu’on ne savait pas « qui était le vrai Andy Kaufman dans tout ça ». Et c’est vrai que l’animateur y est alternativement gentil, agressif, méprisant, délicieux, humiliant, bête ou d’une vivacité telle que personne ne peut le suivre, transformant la perception du spectateur à son sujet.

Ce que Kaufman démontre magistralement dans son Funhouse, c’est l’angoisse du public dans l’impossibilité d’avoir accès à l’« identité profonde » d’une personnalité publique figurée par sa batterie d’opinions et le simulacre de ses manies. Une star ment plus que la moyenne des gens, mais elle fait semblant de dire la vérité encore plus souvent en multipliant les déclarations. Kaufman, en se refusant à mentir (ou en ne faisant que ça, mais de manière si ostensible que cela annule le mensonge), dérobe le simulacre au spectateur qui se retrouve seul, devant l’écran vide d’un téléviseur qui ne répond plus. Le show opère comme un miroir, et confronte le téléspectateur à la vanité de son désir, qu’il délègue temporairement à la star ou au médiateur contemplé…

La cible principale de toutes les performances kaufmanienne, c’est la notoriété, soit le « rêve américain » lui-même. Un fantasme que tous ses spectacles – mettant l’accent sur le ratage de tout – défont ; le plus cruel étant le Has Been Corner, une séquence où un has been évoque publiquement le moment de sa vie où il a failli devenir célèbre avant de passer à côté de son destin. Et Kaufman, passant de la mièvrerie à une méchanceté excitée, en rajoute pour l’humilier : «… Et maintenant, vous revenez sur scène après tant d’années. On vous souhaite de réussir cette fois-ci (personnellement, je ne crois pas que vous allez y arriver, mais bon, on vous le souhaite quand même…). » C’est un climax d’une obscénité radicale, où le public en vient à haïr ce mielleux présentateur qui le confronte à la triste réalité d’un rêve qu’il partage avec l’invité : la célébrité. Jusqu’au moment où on en vient à se demander si cet invité a jamais existé ! Et les recherches se révéleront si infructueuses qu’on en viendra nécessairement à se demander ce qui peut bien être vrai ou faux dans ce que Kaufman nous montre.

Andy Kaufman shows

Andy Kaufman a défait tous les principes du showbusiness par un hyperconformisme plus cruel que tout anticonformisme…

Ce qu’Andy Kaufman a défait
C’est très difficile de dire ce qu’Andy Kaufman a fait ; ce qu’on peut dire, c’est ce qu’il a défait. A savoir tous les principes du show-business, un à un, par un hyperconformisme plus cruel que tout anticonformisme, une littéralité plus dissipatrice et plus destructrice que toute allégorie, et un pseudo-amateurisme qui relève de la précision architecturale la plus démoniaque. Après une succession d’invités, dont la grâce tient, donc, paradoxalement à leur amateurisme, et la projection d’un obscur court-métrage des années 30, Mary Ann, où des cow-boys chantent pendant que des cow-girls dansent en levant la jambe, Andy invite « la dernière survivante » de celui-ci, une vieille dame de plus de 70 ans nommé Eleonor Cody Gould dont personne n’a jamais entendu parler et à qui Kaufman demande, avec une politesse obligeante quasi-asiatique, de refaire son numéro de jambe en l’air. Alors que Kaufman fait progressivement accélérer l’orchestre qui accompagne sa danse, Eleonor succombe à une crise cardiaque. Pas de doute : Kaufman est allé trop loin cette fois. Le showman part brusquement, et le producteur du spectacle déboule sur scène, suant d’effroi. Les derniers rires s’étranglent quand il fait rallumer la salle et appelle un médecin qui surgit du public pour confirmer la mort de la danseuse. Silence interminable. Puis Kaufman revient sur la scène, avec un chapeau d’Indien sur la tête… Il fait une ghost dance autour du corps de la vieille dame devant l’audience traumatisée, et Mme Gould se relève… Elle revient d’entre les morts pour saluer la salle… Et c’est comme ça toute la soirée, de numéro en numéro, dissipant une illusion pour la remplacer par une autre, donnant l’impression d’une improvisation continuelle quand il s’agit, en réalité, d’une technique hyper-précise visant à défaire, un à un, tous les leurres suspendus dans l’atmosphère. De minute en minute, ce que nous appelons réalité s’effondre un peu plus sous les coups de burin que le sculpteur Kaufman enfonce dans le plâtre de notre perception.

Le « Vrai Andy Kaufman »
Andy Kaufman est un bouddhiste offensif, un maître de l’illusion sans délivrance. Ce qu’il n’a cessé d’accomplir, dans sa très courte carrière – avant de mourir d’un cancer des poumons à 37 ans (la dernière blague de quelqu’un qui ne fumait pas, ne buvait pas et ne mangeait pas de viande) – c’est de plonger ses spectateurs dans un état de torpeur, un poids de mille atmosphères et une mélancolie saturée d’interrogations. Où s’arrête le show business et où commence le monde réel ? Quels événements révèlent le « vrai Andy Kaufman » ? Ses scandales célèbres dont on n’arrive pas à découvrir s’ils sont le fruit de son impulsivité ou une stratégie savamment orchestré ? Le sketch médiocre que Kaufman s’arrête soudain d’interpréter dans l’émission Fridays – avant de sauter à la figure de son partenaire ? Le mea culpa qu’il prononcera ensuite, accompagné de la chanteuse Kathie Sullivan qui annonce leur mariage et la foi retrouvée d’Andy avant d’entonner une déchirante ballade de christian reborn ?…

En vérité, il n’y a pas de vrai Andy Kaufman. Car, s’il a tant de facilité à nous faire croire aux subjectivités de ses personnages successifs, c’est parce qu’il a une conscience très nette de l’illusion de sa personnalité. Et c’est cette absence de moi patente qu’aucun n’a supporté de son vivant et qui explique ses exclusions successives et ses scandales. Le stand-up comic a tous les droits : provocation, transgression, colère, vulgarité, mauvais goût – mais pas celui de ne pas croire en lui (ce qui veut dire, par ricochet, ne pas croire non plus dans la subjectivité de son spectateur ni dans la réalité du monde). C’est autour de cet interdit que Kaufman tourne dans tous ses sketchs comme un chat qui demande à son maître de lui donner à manger. On comprend dès lors l’usage très particulier qu’il fit de la méditation transcendantale pratiquée sous les auspices du douteux Maharishi Mahesh Yogi, enfarineur notoire des Beatles, des Beach Boys, de David Lynch et auteur légendaire de La Science de l’Etre (le gourou est mort au moment même où je rédige ces lignes ; guerre à ses cendres !) : une organisation dont Kaufman eut le privilège de se faire exclure parce qu’il en donnait une mauvaise image publique.

A la différence des hippies, Andy Kaufman a transformé le bouddhisme en arme. Il a perçu la puissance destructrice de sa technique, et la possibilité de suspendre le monde visible par de simples gestes chargés de toute la force de l’illusion se révélant à elle-même. Il n’y a pas plus dangereux qu’un homme qui ne croit pas à la réalité de sa propre existence. Cette violence, canalisée par les yogis, Kaufman la déchaîne à la télévision comme un apprenti sorcier. Il transforme une pratique de sagesse en son contraire : un exercice de folie décapante. Nous laisserons au lecteur le soin de décider si ce danger est plus grand que celui d’accepter sagement la marche du monde, et si notre Terre a besoin de davantage de saints que de sorciers. Pour notre part, nous remercions Andy Kaufman d’avoir plus d’une fois fait imploser l’écran comme on soulève le voile de Maya, éclairant soudain l’illusion qui sous-tend l’ordre du monde, nous laissant voir la beauté qui n’apparaît que sur ses ruines.

Par Pacôme Thiellement dans Standard n°19

A lire : Andy Kaufman Revealed! de Bob Zmuda (Little Brown and Compagny, 1999) et Andy Kaufman: Wrestling With the American Dream de Florian Keller (University of Minnesota Press, 2005).

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]]> 0 Standard <![CDATA[Lloyd Kaufman : l’homme qui faisait des mauvais films exprès.]]> https://standardmagazine.com/?p=18692 2015-04-29T09:08:04Z 2015-04-29T08:59:06Z Depuis 30 ans, Lloyd Kaufman dirige d’une main de fer le studio new-yorkais Troma. Comparse des francs-tireurs du cinéma américain des années 70 (Dennis hopper, Roger Corman, Bert Schneider, Jack Nicholson…), il s’est...

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Depuis 30 ans, Lloyd Kaufman dirige d’une main de fer le studio new-yorkais Troma. Comparse des francs-tireurs du cinéma américain des années 70 (Dennis hopper, Roger Corman, Bert Schneider, Jack Nicholson…), il s’est spécialisé dans le nanar gore à deux francs. Des daubes trash mais drôles aux titres évocateurs (Blondes have more guns, 1994, Tromeo and Juliet, 1996) qu’il écrit, produit, réalise, interprète, et vend lui-même. Nous l’avons rencontré (en français) au festival de Cannes, dans les entrailles du Marché du Film.

Propos recueillis par Benjamin Rozovas dans Standard n°3

Lloyd Kaufman interview francais

© Troma

Après s’être débarrassé d’un acheteur pot de colle, Lloyd nous entraîne dans le coin le plus à droite du stand Troma, entre les affiches périmées des films que le studio annonçait en fanfare il y a 2 ans (qui ne se sont jamais tournés) et les costumes en latex du Toxic Avenger (1985) et de Kabukiman (1991). Lloyd est attentif à tout ce qui se passe autour de nous.

Rappelle-nous dans quel contexte et de quelle manière Troma a été créé…
Lloyd Kaufman : Troma incarne depuis 30 ans l’anti studio, l’anti Hollywood, l’anti élus, l’anti Forrest Gump. Michael Hertz [co-créateur du studio] et moi voulions que ce soit le studio alternatif par excellence, celui qui amuse. En fait, nous espérons toujours devenir LE studio anti…

Quels sont les films qui t’ont donné la vocation ?
Le déclencheur a été Ernst Lubitsch. J’ai vu un de ses films quand j’étais à l’université de Yale. Je me suis dit : Wow, je dois faire du cinéma. Il y a aussi Chaplin, Keaton, Mizoguchi, John ford, Howard Hawks, Renoir, Bresson… Manchette également parce que j’ai voulu me tuer après avoir vu un de ses films. J’aime les films sombres. Et bien sûr Andy Warhol avec qui j’ai passé beaucoup de temps. Il y a d’ailleurs des stars de la Factory dans mes premiers 8 millimètres.

Ok. Rien à voir avec les capotes tueuses (Killer Condom) et les monstres radioactifs qui font ta réputation. Bresson ?
Mais Van Gogh a appris des peintures des classiques flamands. Dali, à qui on me compare, se réfère aux classiques tout en étant révolutionnaire. Un jour, de nouveaux artistes seront inspirés par Troma et on trouvera cela étonnant aussi. Oh oh regardez (il désigne du doigt l’autre extrémité du stand), c’est Trish, notre nouvelle tromette. N’est-elle pas gay ?

Gay ?
Oui, formidable, fabuleuse. [Trish nous rejoint]

Trish : Lloyd est le nouveau Steven Soderbergh. On montrera à Cannes Tales From The Crapper en ouverture [dernière production en date du studio, une pochade tournée en DV selon les règles du dogme 95... rebaptisé pour l’occasion dogpile 95, ndr].

Vous jouez dedans ?
Trish : Non, moi je suis le Killer Condom. Regardez [elle désigne un éphèbe souriant sur l’affiche de KC]. Du moins j’étais le Killer Condom avant mon opération.

Heu… Lloyd, toi et ta troupe vous étiez  logés au Carlton l’an dernier ?
Apparemment ces grands messieurs du Carlton sont trop respectables pour nous, il nous ont jetés à la rue en plein milieu du festival. Tant mieux : nos affaires en ont profité. Le seul inconvénient ici, au marché, c’est qu’on est entourés de fascistes. Les gens de la sécurité prennent leur boulot bien trop au sérieux. Ils nous causent toutes sortes de problèmes pour aller et venir. Du coup, j’ai toute une collection de badges et d’accréditations autour du cou. J’ai celui-là [il nous tend un badge barré de la mention "press", avec son nom et sa photo]. Et si ça devient compliqué, je sors celui-ci [le même, mais avec la photo et le nom de Gérard Depardieu].

Hormis quelques sorties DVD genre Toxic Avenger et Kabukiman, nous n’avons pas accès en France à l’intégralité du catalogue Troma. Comment faire ?
[S’adressant derrière lui à un type dans un costume] peut-être peux-tu nous suggérer une solution, Killer Condom ?
Killer Condom : C’est ridicule que Terror Firmer n’ait pas été distribué ici. Connaissant le bon goût des Français, ayant mangé leur nourriture, ils adoreraient Tromeo and Juliet ou le futur Schlock and Schlockability, notre adaptation de Jane Austen. Ils seraient très en joie, très excités, surexcités voire.
L. K. : Très bien. C’était très profond et très sage.

lloyd Kaufman SIZZLE-BEACH VIDMARK-TROMA

Non, le premier film de Kevin Costner n’est pas « Les Incorruptibles » : la preuve.

Combien de titres dans le catalogue ?
L. K. : Plus de 200 , en comptant les dessins animés Toxic Avenger et Kabukiman. Peut-être pourrions-nous parler de l’influence de Troma sur les metteurs en scène d’aujourd’hui. [A Kabukiman et Killer Condom, derrière lui] Qui a été influencé récemment ? Vous le savez mieux que moi les gars. Parlez-nous des metteurs en scène.
Killer Condom : Nous savons qu’en Amérique Quentin Tarantino est très influencé par ce director style. Cela se voit à la façon dont il a piqué des scènes à Toxic Avenger pour Reservoir Dogs.
L. K. : Disons qu’il s’en est inspiré. Beaucoup de grandes stars et de réalisateurs renommés ont commencé chez nous. Kevin Costner, par exemple, tenait la vedette de Sizzle Beach, USA. Oliver Stone a travaillé pour nous [il se contente d’un passage éclair dans l’un des premiers films de la boîte]. Todd Solondz, Roman Polanski, John Waters adorent Troma. Dans son autobiographie, ce dernier raconte que Troma est la seule société qui a osé donner de l’argent pour produire Pink Flamingos 2, le «sequel». Malheureusement, divine est mort prématurément et le film ne s’est pas fait. Maintenant, John tourne des films à gros budgets. Ce n’est plus possible pour nous de lui donner de l’argent. Attendez… qui d’autre ? Laissez-moi réfléchir [il réfléchit]. Takashi Miike [réalisateur japonais, notamment du déglingué Audition en 1999] est un grand défenseur. Il donne des interviews nous concernant et déplace des montagnes pour que Citizen Toxie, le quatrième épisode des aventures du Toxic Avenger, soit diffusé en salles au Japon. Gaspar Noé est aussi un inconditionnel…

Tu aimerais distribuer un film de Noé ?
Oui, j’aurais adoré obtenir les droits d’Irréversible [2002]. En fait, j’aimerais tourner dans un film de Noé. Ou même, j’apporterais les cafés, nettoierais les toilettes. Je mangerais la «shit» de Gaspar… non, peut-être pas. Mais presque.

A quoi ressemble le fan type de Troma ?
Trish (de retour) : Il y a de tout. Des teenagers, des couples mariés, des bébés phoques. Cela va de 13 ans jusqu’à très vieux. Comme Lloyd Kaufman.
L. K. : Je suis un grand fan et aussi un climatiseur.

Lloyd Kaufman Toxic Avenger

Toxic Avenger, le super héros radioactif emblématique de Troma.

Un peu de sérieux maintenant. Troma a 30 ans et continue de rester fidèle à une politique d’exploitation qu’on ne voit plus depuis les années 70. Aujourd’hui, les grands studios se sont mis eux aussi au gore et à l’exubérance trash. Que vous reste-t-il ?
L’indépendance absolue. le monde est régi par une conspiration des élus. L’élu des syndicats, l’élu des hommes d’affaires, l’élu des bureaucrates. Ce sont eux les vilains, les diables. ils contrôlent le cinéma, la TV, la radio, tout. Cinq sociétés se partagent le gâteau tout entier. C’est dégueulasse. Quand je suis venu à Cannes en 71, Godard disait : « La vérité 24 fois par seconde, c’est le film ». Maintenant c’est fini. On a le bullshit 24 fois par seconde. Les grandes compagnies d’Hollywood en sont responsables. Il y avait autrefois beaucoup de petits studios comme Troma. Ils sont tous morts aujourd’hui.

T’es vraiment remonté contre Hollywood ?
Oui. L’esprit de là-bas fabrique les black lists, les contrats n’ont aucune utilité. On les signe et pouf… Ça vaut rien. Il ne reste plus que Troma. C’est le seul studio dans toute l’histoire du cinéma qui existe depuis trente ans… sans succès ! Et avec moi comme président, je peux vous garantir que ça va continuer comme ça !

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]]> 0 Magali Aubert https://standardmagazine.com <![CDATA[Bicolore]]> https://standardmagazine.com/?p=18665 2015-04-02T15:21:32Z 2015-04-02T15:21:32Z Photographie Paul Rousteau

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Bicolore serie de mode magazine standard Paul Rousteau
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Photographie Paul Rousteau

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]]> 0 Standard <![CDATA[François Hollande par Alex D. Jestaire]]> https://standardmagazine.com/?p=18650 2015-04-01T13:41:10Z 2015-04-01T13:29:55Z Le nouveau logo de l’Elysée ressemble au blason de Goldorak ? Ça nous rappelle que dès 2012, dans Standard 35, l’écrivain Alex D. Jestaire avait vu en François Hollande un envoyeur de « fulguro-taxes ». Bonne relecture ! Par...

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Le nouveau logo de l’Elysée ressemble au blason de Goldorak ? Ça nous rappelle que dès 2012, dans Standard 35, l’écrivain Alex D. Jestaire avait vu en François Hollande un envoyeur de « fulguro-taxes ». Bonne relecture !
Francois hollande portrait officiel David Garchey

© David Garchey

Par le pouvoir du crâne ancestral

Par Alex D. Jestaire

Vous savez pas tout. On vous dit pas tout. Tiens, l’élection de Hollande – le jour de la passation de pouvoir avec Sarkozy –, on se souvient de la poignée de main sur le perron de l’Elysée, « brève et sans chaleur » – enfin on se souvient surtout du narvalo dans la rue de devant qui a eu le temps de gueuler « casse-toi pov’con » au mégaphone avant de se faire piler par les condés – c’était sur YouTube le soir et à la une de Libé le lendemain. Mais ce à quoi on pense moins, c’est qu’avant la poignée de main, Hollande a reçu les codes nucléaires de l’autre – déjà tu pourrais te sentir soulagé, mais dis-toi que ce mec aux yeux qui tombent là, si t’es au courant pour Hiroshima, ben ça y est, c’est devenu une sorte de dieu, vraiment –, il a un pouvoir sur toi, sur tout le monde, celui de tout faire péter – et toi t’y peux rien, comme pour la météo. Tu vois Zeus ? C’est kif-kif.

Mais tu sais pas seulement le dixième. Quand Hollande a mis le collier de grand maître de la Légion d’honneur, ce truc énorme qui lui descendait jusqu’aux genoux, ça avait juste l’air folklorique, mais si tu t’y connais en sigiles et en héraldique, tu pleures ta mère du nombre de symboles hyper puissants cumulés dans les siècles que ce type portait sur les épaules – représente-toi Musclor recevant le pouvoir du crâne ancestral –, les couronnements étaient religieux, là c’était un patch upgrade pour le socialisme version 5.0, adapté au xxie siècle.

Le passé se consume sous l’Arc de Triomphe quand François ravive la flamme, pompe à lyrisme énergétique retransmis aux lucarnes des hospices. Un grand buffet bio des Restos du Cœur est ouvert à tous pour quatre jours sur la longueur des Tuileries. Après, si tu crois les images, tu te dis que Hollande est resté danser la java et le disco jusqu’à pas d’heure aux Tuileries avec le peuple. Mais bien sûr ce n’était pas lui mais un homoncule, ou même une doublure. Car une fois investi du pouvoir, le vrai François Hollande a grimpé dans une sorte de Batmobile qui l’a mené jusqu’à l’autre Arche du rézo, celle de la Défense.

Là il a vraiment pris les commandes de la République, dans un habitacle au centre secret de l’Arche, vêtu d’un costume de circuits et de lumière. Dans un plan parallèle où ont lieu les combats, sa puissance présidentielle s’est déployée sur l’esplanade noire et la cour anxieuse des sires transnationaux. Ses fulguro-taxes se sont mises à pulser, sa hache d’exception culturelle a glissé hors de son fourreau. Un éclair a brillé dans son œil avec un bruitage de lames et l’Arche tout entière s’est jetée au combat dans un cri, le sien : « La fête est terminée, Stratéguerres ! »

***
Alex D. Jestaire a publié en 2007 une errance dégorgeant substances et napalm, Tourville (Au Diable Vauvert), dont personne ici ne s’est totalement remis, suivi trois ans plus tard d’un trop bref polar, Elysée Noire 666 (La Tengo). Bonne nouvelle, il déclare avoir « remis le pied à l’étrier de l’écriture ».

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]]> 0 Magali Aubert https://standardmagazine.com <![CDATA[Pierre et Gilles : combat de kitch]]> https://standardmagazine.com/?p=18633 2015-04-30T14:56:00Z 2015-03-23T10:46:44Z Nous sommes allés frapper chez le duo d’artistes le plus célèbre de France. Pierre et Gilles, photographe et peintre romantico-sexo-bibelot, méritent-ils leur réputation sulfureuse ? On les découvre aussi mordants qu’un tigre en céramique....

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Nous sommes allés frapper chez le duo d’artistes le plus célèbre de France. Pierre et Gilles, photographe et peintre romantico-sexo-bibelot, méritent-ils leur réputation sulfureuse ? On les découvre aussi mordants qu’un tigre en céramique.
Pierre et Gilles interview serie de mode portrait Linus Ricard stylisme Olivier Mulin

Pierre (à gauche) Veste Paul&Joe T-shirt Lyle&Scott Short Fred Perry Casquette Stetson Chaussures Palladium / Gilles (à droite) T-shirt Robinson-les-Bains Pantalon G-Star Raw Casquette Stetson Chaussures Melinda Gloss

La playslist en Shuffle délivre des sanglots arabes, Aznavour en russe, une chanson indienne, un hit japonais et les Destiny’s Child… C’est Pierre qui sélectionne : « Ça, c’est Abdel Halim Hafez, je l’ai découvert au Maroc. Quand je découvre un morceau, je me renseigne à fond sur son auteur. » Nous sommes dans l’ancienne usine des cafetières Guy Degrenne, au Pré-Saint-Gervais, à quelques mètres au nord de Paris. Pierre et Gilles se sont établis ici en 1991. Ils ont racheté les lots voisins petit à petit pour agrandir leur espace, qui doit bien faire 300 m2. C’est grand, malgré la déco chargée et les immenses toiles qu’ils viennent d’emballer pour l’exposition Héros à la galerie Daniel Templon (terminée fin mai) : Marina Foïs en poulbot sur Les Escaliers de la butte (2011), Julie Depardieu en Nono (2010) princesse art nouveau, ou Isabelle Huppert en Ophélie rétrofuturiste (2012) : dans la salle à manger, de son autel cerné de divinités indiennes, de lampes de madame Irma et les chats, les cygnes, les angelots de la famille Porcelaine, la télévision bloque sur une chaîne coréenne. « On adore la K-pop. » Derrière le mur, Jean Marais a signé un « bisous » et l’acteur porno Titof a dessiné des petits cœurs. On s’amuse des autographes de Madonna, Kylie Minogue, Isabelle Adjani… les stars qu’ils photographient depuis trente-cinq ans.

Stickers et fleurs en plastique
Au sous-sol, le studio photo et des restes du dernier shoot : une corde de voilier en plastique suspendue à un hauban se balance devant un fond bleu troué par une mouette. À côté, une table d’atelier où s’affaire leur assistant, et des boîtes empilées contenant des éléments de décoration, des paillettes, des sculptures de pacotille et autres kitcheries rapportées de voyages. Guidé par un classement précis – « petites fleurs en plastique moches » –, Gilles pioche dedans pour fabriquer ses cadres. « La dernière fois qu’on est partis, c’était à Bangkok, il y a deux ans. J’avais ramené des oiseaux qui se vendent en gros pour mettre sur les barrettes. On travaille constamment, au rythme de deux images par mois, sinon, on est au fond du lit, malheureux. Notre travail, c’est notre plaisir. »

Retour au rez-de-chaussée, dans la cuisine, où les néons et les lustres jouent de la lumière sur les céramiques recouvertes de stickers et réfléchissent des billes de verre sur des fleurs en plastique qui descendent d’un plafond en miroir doré. De chaque côté de la table principale, des torchères des années 70. Aucune pièce ne ferme, on passe d’une ambiance à l’autre comme au musée ou au Macumba. Sous un tableau lumineux des Simpsons et leurs certificats « Chevalier des arts et des lettres », le salon feuillu s’ouvre à la chinoise, surplombé d’une mezzanine tournante. Le « bar de la marine » fait de l’œil à la bibliothèque. On serait dans un hôtel de Jakarta des années 20 si ne vivaient là Batman et Goldorak. Du haut de leurs deux mètres, ils toisent Barbie, Michael Jackson et Hello Kitty, enfermés avec de multiples petits baigneurs dans une vitrine Dior. Des battants de saloon démarquent la pièce où Gilles peint dans sa serre de jardin : « Le vide me fait peur. Dans cette serre, je me sens bien, je suis plus concentré. Et ça protège de la poussière. » Au-dessus de l’escalier en colimaçon, la chambre à coucher, enduite de laques japonaises, est gardée par un nain de jardin géant, et partout, en sous-sol ou derrière les mezzanines, des recoins survenus.

Trop-plein doucereux 
Cette série de mode avec nous, une première ? « Oui. À part Jean Paul Gaultier qui nous a habillés en marin pour le numéro spécial que Têtu à fait sur lui (n° 197, janvier 2014) et une pub pour Paul Smith dans les années 90. » Pierre aime poser, Gilles moins, il continue : « Je m’habillais bien quand j’étais jeune. Maintenant, je m’en fous. J’achète un truc qui me plaît en plusieurs exemplaires pour être tranquille. J’ai trois T-shirt France vendus lors de l’expo Paquebot France, design embarqué [en octobre 2013 à Saint-Étienne]. Mais j’ai rarement été aussi chic qu’aujourd’hui ! » Le long de la fenêtre, une rangée de gadgets solaires opinent.

Cette surabondance de couleurs et de détails kitch, trop-plein doucereux, aurait pu laisser penser que Pierre et Gilles étaient des « personnages », c’est-à-dire que trente ans de carrière, de critiques et d’amour fou auraient pu les modeler du caractère aigu de certaines célébrités. Mais ce sont des voix basses que l’on découvre au téléphone, des hôtes timides et des modèles malléables qui nous accueillent à domicile. « Ne rien décider seul, ça dote l’esprit d’un grand angle. Ça permet d’avoir un moi moins fort », affirment-ils. Ils n’imaginent pas une minute (tapante dans la pendule-guitare à l’effigie d’Elvis) prendre des chemins séparés. « Pendant des années, on était vraiment toujours ensemble, on avait un scooter pour deux et ne faisait rien l’un sans l’autre. Maintenant, on est inséparables, mais avec plus de liberté », explique Gilles, qui, le matin, part au sport de son côté avec son propre scooter.

Sur notre thème Deux, on pense à leur Adam et Ève prépubères (1981), à leurs autoportraits en cosmonautes, en marins ou en époux Les Mariés (1992) bien avant que la loi ne le permette. Mais c’est de leur Zahia en jupons d’organza, campant une Marie-Antoinette champêtre, leur dernière image, dont ils ont envie de parler. L’ancienne callgirl médiatico-décriée trône en reine bucolique dans l’hommage qu’offrent les Gobelins au mobilier du xviiie siècle. Pendant le vernissage (le 7 avril dernier), la CGT a distribué des tracts dénonçant les 35 000 euros alloués à l’exposition : « Les moyens de trois manufactures de tissage, dans un contexte où le budget du mobilier national a été amputé de 12 % depuis quatre ans » (source : Europe 1). Le règne de la surprise sur l’excellence et l’intemporalité du savoir-faire, quelle meilleure manière de faire art.

Pierre et Gilles interview serie de mode portrait Linus Ricard stylisme Olivier Mulin

Pierre et Gilles interview serie de mode portrait Linus Ricard stylisme Olivier Mulin

Pierre et Gilles interview serie de mode portrait Linus Ricard stylisme Olivier Mulin

Pierre : « Quand on n’est pas d’accord, c’est qu’on n’a pas trouvé la bonne idée. »

Comment est venue l’idée de ce dialogue entre vous et le mobilier de la Manufacture royale des Gobelins ?
Gilles : Elle avait envie de nous, je ne sais pas pourquoi. On ne fait pas souvent d’installation, on a hésité avant d’accepter. Finalement, au lieu de placer des images existantes, on en a produit une pour l’occasion. Dans la collection nationale, on a flashé sur une chaise dorée sans assise ayant appartenu à Marie-Antoinette. On a choisi ses meubles étoilés de la ferme aux coquillages, au château de Rambouillet, des appliques et une cheminée. On a pensé tout de suite à Zahia en épouse de Louis XVI. On l’a déjà photographiée, on a une certaine fidélité avec les modèles qu’on aime bien : Sylvie Vartan, Ariel Dombasle, Marc Almond…
Pierre : Au départ, on voulait la faire dans le Petit Trianon, avec les colonnes, les petits pompons, cocardes et compagnie… Mais la robe longue classique ne lui allait pas, on a dû se rapprocher du côté champêtre des sous-vêtements qu’elle crée. C’est elle qui a cousu sa robe.

Comment vous partagez-vous les tâches ?
Gilles : On fait du ping-pong avec les idées, puis chacun a son rôle dans la réalisation. Pierre est sur le dessin, préparatoire, la lumière. Moi, c’est la réalisation, l’encadrement, du décor. Comme le moulin du hameau de la reine Zahia que j’ai fabriqué en bois. On a besoin de se stimuler l’un l’autre puis d’être tranquille au moment de la création. Je suis derrière Pierre au moment de la prise de vue, mais je le laisse faire.

C’est plus simple de s’entendre sur les détails que la démarche globale ?
Gilles : On discute plus sur la démarche. Souvent, c’est le choix du modèle qui anime le débat. C’est comme en couple, rien n’est lisse. Travailler ensemble, ça nous arrange et nous aide, mais ça oblige à tomber d’accord.
Pierre : Quand on n’est pas d’accord, c’est qu’on n’a pas trouvé la bonne idée. Il faut que le modèle soit dans le rôle juste, et il faut qu’on l’aime pour être bons. Il y a un côté sentimental avec eux.

Vous dites : « Notre travail, c’est comme une famille avec six cents enfants. » Le secret pour durer trente-cinq ans ?
Gilles : Tout se dire. On est restés un peu des enfants, on peut se chamailler, se dire les choses crûment, sans rancune. On a besoin l’un de l’autre, tout simplement ! Quand on aime l’autre, on accepte des choses qu’on n’aurait pas acceptées au premier abord, c’est ça le respect, s’ouvrir à l’autre. C’est quand on commence à tricher que ça ne va pas.

Depuis le temps, vous parvenez à voir au-delà de vos habitudes ?
Gilles : On est toujours surpris par des petites choses de l’un, des idées de l’autre. Zahia en Marie-Antoinette, c’est une idée Pierre, ça m’a surpris, j’étais content. Quant aux déceptions, on les oublie ou on travaille dessus pour qu’elles n’en soient plus. On travaillait seuls avant de se rencontrer. Le faire à deux, c’est ce qu’on cherchait inconsciemment. On s’est apporté beaucoup. Pierre était plus proche de la mode, moi de l’art contemporain. Dès qu’on a commencé, il s’est passé quelque chose. On s’est sentis plus forts. L’habitude peut contribuer à augmenter ça.

L’œuvre en cours, quelle est-elle ?
Gilles : Un marin avec une mimique « C’est un garçon » qu’on a rencontré sur Facebook. La première fois qu’on l’a vu, il avait une haleine de bière, ça nous a inspiré le personnage. Pas Popeye, mais avec un petit côté drôle quand même. Il boit de la bière Paillette qui vient du Havre, que je buvais quand j’étais gamin et qu’on buvait sur le paquebot France. Il y a encore une brasserie qui produit cette bière artisanale là-bas.

Un duo en art à citer ?
Pierre : Gilbert et George. On a beaucoup de points communs : la religion, les voyous… On s’est vus dans des foires. Des journalistes avaient proposé un entretien croisé, mais on ne veut pas se rencontrer dans ce cadre-là. Il faudrait que ça vienne naturellement.

Pierre et Gilles interview serie de mode portrait Linus Ricard stylisme Olivier Mulin

Pierre : Chemise Christophe Lemaire Short G-Star Raw Chaussures Palladium Chapeau Stetson / Gilles : Chemise Melinda Gloss Pantalon Christophe Lemaire Chapeau Stetson

Gilles : « Ne rien décider seul, ça dote l’esprit d’un grand angle. »

Vous suivez l’actualité des galeries ? 
Gilles : On fait moins d’expositions, on oublie les noms, en plus. Quand on était jeunes, on allait tout voir. Maintenant, on préfère se nourrir de la vie et travailler. On a moins besoin d’influences, de découvertes, d’apprendre à travers les autres. Et puis il y a Internet… Bacon a travaillé à partir de tableaux célèbres dont il n’avait vu que les reproductions.
Pierre : Il y a de plus en plus d’artistes qui travaillent à deux, ça, on a remarqué. Il y a aujourd’hui autant de femmes (Frida Kahlo, Annette Messager, Cindy Sherman…) ou de groupes que d’hommes isolés.

Votre deuxième œuvre préférée ?
Pierre : Le film Pink Narcissus de James Bidgood [1971], ou non : Scorpio Rising de Kenneth Anger [1964]. On peut le voir et le revoir, le laisser tourner comme une musique, ou le voir en morceaux sur YouTube quand l’envie nous en prend.

Votre deuxième œuvre préférée de vous ? 
Gilles : On va dire notre portrait d’Iggy Pop parce que c’est la deuxième qu’on a faite. C’était pour le magazine Façade en 1977. On arrive dans sa chambre d’hôtel, il sortait de son lit, nu, avec une fan. On lui a mis une chemise et une cravate en cuir qu’il ne nous a pas rendues. Il ne portait pas de pantalon, on s’en foutait, c’était hors cadre.

Entretien Magali Aubert, Photographie Linus Ricard, Stylisme Olivier Mulin Assisté d’Arthur Laborie dans Standard n°41

 

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]]> 0 Standard <![CDATA[Le charme très indiscret de la bourgeoisie]]> https://standardmagazine.com/?p=18605 2015-03-17T17:33:31Z 2015-03-17T17:20:15Z Deux grands metteurs en scène burlesques s’abandonnent aux joies du théâtre jubilatoire dans deux des plus beaux théâtres de Paris : Jean-Christophe Meurisse et ses Chiens de Navarre aux Bouffes du Nord et...

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Deux grands metteurs en scène burlesques s’abandonnent aux joies du théâtre jubilatoire dans deux des plus beaux théâtres de Paris : Jean-Christophe Meurisse et ses Chiens de Navarre aux Bouffes du Nord et Christoph Marthaler à l’Odéon.
Chiens de Navarre dans Les Armoires normandes Philippe Lebruman les armoires normandes bouffe du nord

Les Armoires normandes © Philippe Lebruman 

Pendant que, rive droite, Les Armoires normandes dégueulent frénétiquement une multitude de selfies sur la vie de couple – rencontre, noce, accouchement, divorce et séances de thérapie chez la psy –, les patins sont recommandés rive gauche pour pénétrer dans l’appartement empesé de petits bourgeois tentant d’unir leur progéniture comme au XIXe siècle. Das Weisse vom Ei (Une île flottante), la nouvelle pièce du dramaturge allemand Christophe Marthaler est une adaptation délurée de La Poudre aux yeux d’Eugène Labiche (1862).

Distanciation ironique et ressorts comiques sont maniés de mains de maîtres par les deux metteurs en scène. Le trait commun : la satyre de la petite bourgeoisie.

Fidèles à leurs habitudes, Les Chiens de Navarre accueillent le public dès son arrivée (chaque spectateur était appelé à dire « présent » à l’annonce de son nom, comme à l’école, dans Une Raclette en 2008). Cette fois, c’est carrément le Christ ensanglanté, cloué à sa croix en lévitation dans la magnifique nef du théâtre des Bouffes du Nord, qui harangue les fidèles spectateurs cherchant leurs places : « Je ne suis attaché à aucune religion » clame t-il avant d’entamer sa descente. Le dispositif est super efficace et le nouveau public est conquis en un clin d’œil. Mais, même si trois nouveaux comédiens renforcent la meute (Solal Bouloudnine, Claire Delaporte, Charlotte Laemmel), les scènes qui s’enchaînent à toute allure ont un goût de déjà traité, laissant les adeptes les plus fidèles sur leur faim.

Simon Hallström Une ile flottante

Une île flottante © Simon Hallström

Il faut se préparer à un autre rapport au temps chez Marthaler. Pour résumer Une île flottante, autant dire que plus il est difficile de planter la cuillère dans le blanc en neige fuyant sur la crème anglaise, plus le plaisir que la bouchée procure est savoureux.
Le Suisse nous avait déjà fait rire au larmes avec la mise en scène tout en finesse burlesque de King size en 2013, qui reprenait les codes du théâtre de Boulevard (les amants dans les placards etc), il récidive avec ce Vaudeville du siècle dernier, où les portes sont sensées claquer de façon effrénée.

Suite à une auto présentation franco-allemande gauche – les problèmes de langues deviendront prétexte aux quiproquos – des deux familles de rentiers devant le rideau (Les Malingear, le couple de Français voulant marier leur fille et les Ratinois, les Allemands voulant marier leur fils), la pièce s’installe dans une immobilité et un silence qui paraissent interminables. Sobrement interrompu par les douze coups incessants d’une horloge, ce temps mort nous laisse le loisir d’observer le minutieux décor de l’Allemande Anna Viebrock : lustre à ampoules torsadées, cheminée pistache, fauteuils en velours marron, masques africains de travers, platine vinyles et sa coque fumée, transistors rétro, lampes et vases dépareillés et surtout de grands tableaux représentants les hôtes, assis dignement sous leur portrait, dans la même position et habillés à l’identique :  la mise en abîme fait mouche. Enfin, le mari s’exclame : « - Je me lance », ce à quoi sa femme répond d’un succulent : « - A cinquante-quatre ans il est temps ! ».

Les comédiens, soudés autour du metteur en scène depuis de nombreuses années – Meine faire dame (Un laboratoire de langues), King Size, Letzte Tage, pour ne citer que les dernières pièces –  sont excellents.  Plus les personnages s’enlisent dans leurs maladresses, plus le plaisir de les voir jouer et chanter est grand. C’est tendre et réconfortant, comme partager un dessert à la table d’Alfred Hitchcock et Jacques Tati.

Par Marion Boucard

Les Armoires normandes
Une création des Chiens de Navarre, dirigée et mise en scène par Jean-Christophe Meurisse
Bouffes du Nord, Paris
Jusqu’au 22 mars
Puis en tournée jusqu’à juin

Das Weisse vom Ei (Une île flottante) d’après Eugène Labiche par Christoph Marthaler
Odéon Théâtre de l’Europe, Paris
Jusqu’au 29 mars

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]]> 0 Richard Gaitet https://standardmagazine.com <![CDATA[Jarvis : une vie de Cocker]]> https://standardmagazine.com/?p=18564 2015-02-24T17:56:58Z 2015-02-24T17:20:05Z Pulp sort le 1er avril. Le film retrace l’histoire du groupe le plus degingandé de Sheffield en se focalisant sur ses habitants (castés conformément à l’esprit décalé du grand Jarvis). Après la projection de presse,...

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Pulp sort le 1er avril. Le film retrace l’histoire du groupe le plus degingandé de Sheffield en se focalisant sur ses habitants (castés conformément à l’esprit décalé du grand Jarvis). Après la projection de presse, une envie démange plus qu’une étiquette trop longue : relire les propos que l’auteur de Commun people tenait devant Richard Gaitet, un café et une clope, en octobre 2006 pour Standard n°14.

Jarvis Cocker portrait Bastien Lattanzio

© Bastien Lattanzio

Crooner pince-sans-rire des années 90, le charmant Jarvis Cocker, 43 ans, digère encore mal la mort de Pulp. Convalescent, devenu père et parisien, le myope le plus drôle du Royaume-Uni revient solo et en petite forme avec Jarvis, théâtralement défendu après le déjeuner.

Jarvis, qu’avez-vous fait depuis la séparation de Pulp, en 2001 ?
Jarvis Cocker : J’ai emménagé à Paris parce que ma femme est française [la styliste Camille Bidault-Waddington] – j’ai pensé qu’il serait plaisant de vivre dans la même ville que ma femme [sourire]. Nous avons un garçon [Albert] de 3 ans et demi. J’ai aussi mis trois ans à m’adapter au fait que je ne suis pas mort à 40 ans.

Aviez-vous peur de vieillir ?
Oui, mais beaucoup moins maintenant – j’ai passé la crise de milieu de vie. Normalement, vers la cinquantaine, vous réalisez tout ce que vous n’avez pas fait et vous achetez une moto et une veste en cuir. L’avantage, c’est que les gens nourrissent moins d’espoirs à votre sujet. Le cauchemar, c’est qu’on ne peut plus boire autant.

Comment est né Jarvis ?
Je ne voulais plus, du tout, écrire de chansons. Puis… parfois, dans mon bain, dans un parking ou dans le jardin du Palais Royal, j’avais un texte, un bout de mélodie. Si les deux me restaient en tête au bout de trois jours, je les enregistrais [jouant des sourcils l’artiste inspiré]. J’ai aussi tenté d’apprendre le piano. Plutôt fainéant, je me suis résigné : je suis le seul à pouvoir interpréter mes chansons. Je le ferais donc jusqu’à la fin de mes jours, comme Leonard Cohen, prêt à accepter l’humiliation ou l’impudeur éventuelle.

Devenir père a-t-il changé votre écriture ?
Notez cette phrase anglaise : « la poussette dans le vestibule annonce la mort de la créativité ». Certes, vous avez moins de temps pour vous, mais quand l’enfant dort, vous utilisez cette heure. Avant je fumais clope sur clope toute la journée en me disant que j’écrirais demain. Mon fils m’a d’ailleurs aidé sur cet album. J’ai d’abord cru a un sabotage : il a cassé ma guitare. Puis j’en ai racheté une, qu’il aime désaccorder. Par accident, il l’a réglé d’une manière que je n’aurai pas inventée, et cela m’a inspiré quatre chansons. Je devrais le créditer sur ce disque. [Dépliant les doigts d’une main immense et squelettique] Imaginez l’intérieur de votre esprit comme une ruche. Un enfant ne modifie pas votre esprit : il favorise l’ouverture d’autres alvéoles. Certaines, comme le sentimentalisme, sont fort désagréables. Un enfant meurt ou se blesse à la télé, et vous vous effondrez [gémissant comiquement].

Jarvis Cocker portrait Bastien Lattanzio

© Bastien Lattanzio

Jarvis Cocker : « A Paris, j’ai encore l’impression d’être un habitant de Sheffield – je cherche des frites, toujours. »

Vous avez ramé à Sheffield avant de connaître le succès. Quels souvenirs gardez-vous de cette période ?
J’ai enregistré Jarvis à Sheffield pour des raisons pratiques, mais c’était important d’y revenir vingt ans après. N’oubliez jamais l’endroit d’où vous venez. A Londres, je me sentais comme un étranger, et à Paris, j’ai encore l’impression d’être un habitant de Sheffield – je cherche des frites, toujours. Musicalement, la ville s’exprimait par des synthés et des boîtes à rythme. Effectivement, on nous ne a pas remarqué tout de suite. On répétait des heures, et on nous laissait jouer à 23h30 devant trois personnes.

Comment va la gauche en Angleterre ?
Le parti travailliste était censé être socialiste, mais c’est fini. Je sais qu’en France, vous traversez une sorte de crise, mais votre gauche existe. On dirait que beaucoup de Français veulent avoir leur Tony Blair. Je leur dis : ne faites surtout pas ça. Vous manifestez, et le CPE s’arrête ! Le gouvernement anglais ignore la critique. De plus, son américanisation m’embarrasse – c’est comme si j’essayais de sympathiser avec un ado de 15 ans. Nous devrions apprendre aux Etats-Unis comment devenir plus vieux et moins puissants avec grâce. Face à la Chine, ils vont chuter, économiquement, idéologiquement. Au lieu de leur dire de se calmer, nous les regardons comme papa, avec le sentiment d’importance de ceux qui fréquentent les plus costauds. C’est une mentalité de centre commercial.

Comment voyez-vous les Français, maintenant ?
Certains clichés sur votre pays doivent venir du cancan. Nous sommes persuadés que vous êtes très libérés, sexuellement, alors que la France est plus conservatrice que je ne le pensais. Culturellement, vous êtes plus sensibles, l’éducation est plus ouverte ; vous étudiez la philosophie au lycée, nous, non. En revanche, les Britanniques me paraissent plus passionnés. On dirait que vous prenez la culture comme un acquis, de manière un peu complaisante.

Vous voulez dire : prenant moins au sérieux la pop et le football ?
Le football est trop important en Angleterre, j’ai vécu près d’un pub, je sais ce que c’est. Concernant vos stars de la pop, je suis très étonné de voir que vos vedettes, comme Johnny Hallyday, restent sur le devant de la scène jusqu’à leur mort. En Angleterre, on n’en a qu’un comme ça : Cliff Richard. Vous, une centaine. Intéressant phénomène.

Comment expliquer l’attrait des musiciens anglais pour Serge Gainsbourg ?
Deux raisons à cela : d’abord, sur ses disques, la basse et la batterie sonnent de manière assez moderne, proche du hip hop et de la danse. Ensuite, il était plutôt extrême dans ses paroles et dans sa vie et nous n’avons pas d’équivalent en Angleterre – personne d’aussi connu et non conventionnel. Il a également pas mal expérimenté, mélangeant classique et rock ; Deep Purple a essayé et c’est la chose la plus immonde qu’on puisse écouter dans sa vie. Serge était en avance. Il brassait les musiques américaines et africaines pour aller plus loin. Quand on grandit avec le rock américain, c’est rafraîchissant. On m’a récemment proposé de participer à un album hommage, Monsieur Gainsbourg Revisited. J’ai dit oui, je voulais être sympa. Quand on arrive dans une nouvelle ville, il faut se faire des amis… [Riant].

Comment échapper au pastiche pour l’album de Charlotte ?
Facile : je ne me suis occupé que des paroles. Ils étaient coincés, et ils m’ont appelé [drapé d’élégance british] cos I am the best man in the business. Je voulais trouver un texte que Charlotte puisse chanter de manière convaincante. Je ne voulais pas qu’elle m’imite. J’ai discuté de ses goûts avec elle, et je suis content d’y être arrivé. N’insistez pas, je n’ai pas participé à la musique.

C’était quand, la dernière fois où vous vous êtes senti décadent ?
Le jour où ma mère m’a appelé pour savoir où était garée ma voiture. J’ai dit : « dans le garage, maman, que veux-tu savoir ? » Elle a répondu : « Ils disent à la télévision que les voitures brûlent à Paris. » J’étais à Saint-Germain, et j’ai expliqué à ma mère que cela se passait au-delà du périphérique. J’ai raccroché, et je me suis senti décadent : vivant dans un enclos artificiel et bourgeois, loin de la fumée, et près du Flore et de son café hors de prix. Il y a aussi, dans ce goût, l’enregistrement de This is Hardcore [1998]. Je ne voulais pas faire ce disque, j’étais baisé par le succès du précédent, Different Class [1995]. Rendre les choses plus graves était contradictoire, tordu. [En français] « dé-ca-dent ».

Où étiez-vous lors de la chute de l’Empire romain ? 
Disons que j’accordais les violons de Néron.

Sur quoi avez-vous dansé la dernière fois ?
Sur ce morceau [il fredonne Funky Town] pendant quarante secondes, au Baron. Ensuite ils ont mis cette horrible pop française des années 80 et je me suis rassis.


1963 Naissance à Sheffield (Yorkshire).
1978 Formation d’Arabacus Pulp, futur Pulp.
1995 Gloire internationale méritée via Different Class, cinquième album, totale réussite portée par l’hymne Common People. Sex-symbol, redonne de l’espoir aux binoclards.
1996 Ridiculise Michael Jackson aux Brit Awards et finit en garde à vue.
1998 The Fear et This is Hardcore, très, très grands morceaux de pop orchestrale.
2001 We love life, dernier Pulp, produit par Scott Walker.
2003 Devient père et déménage à Paris. Silence.
2005 Brève sorcière dans Harry Potter et la Coupe de feu.
2006 Reprise(s) de Gainsbourg et sortie de Jarvis, enregistré avec Richard Hawley et Steve Mackey, ex-Pulp.
2010 Reformation de Pulp pour un concert d’adieu à Sheffield
2013 After you nouveau single de Pulp produit par James Murphy
2014 Pulp, film de Florian Habicht

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]]> 0 Standard <![CDATA[Matt Groening : Rire jaune]]> https://standardmagazine.com/?p=18534 2015-02-03T17:38:47Z 2015-02-03T17:31:40Z Juste pour le plaisir, un des premiers interviews Standard : Matt Groening dans notre numéro 3. A l’époque, on bredouillait encore en anglais sans Skype, sans Facetime, sur  la friture des lignes transatlantiques… Qui aurait...

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Juste pour le plaisir, un des premiers interviews Standard : Matt Groening dans notre numéro 3. A l’époque, on bredouillait encore en anglais sans Skype, sans Facetime, sur  la friture des lignes transatlantiques…
Matt Groening portrait Yellowhands Courtesy of UCSB Arts and Lectures

Courtesy of UCSB Arts and Lectures

Qui aurait imaginé que « cartoonist » était un métier riche et prospère ? De fait, le créateur des Simpson est aujourd’hui milliardaire, dépositaire du visuel pop art le plus décliné de l’histoire du merchandising et heureux géniteur de deux séries d’animation diffusées en prime-time. Mais si Les Simpson approchent de leur 14e année [nous sommes en 2004 !], de quoi bientôt prétendre au titre de doyenne des séries télé, Futurama, sa petite soeur SF, vient de mordre la poussière aux Etats-Unis. Alors Matt, Groening ?

Salut Matt. Que faites-vous là maintenant ?
Matt Groening : Je roule sur La Cienega Boulevard en direction des studios Fox.

Pas trop abattu par l’annonce de l’annulation de Futurama ?
Non, car tout n’est pas tout à fait perdu. Fox n’en veut plus, mais il faut se rappeler qu’elle n’en a jamais voulu. Au cours des cinq ans d’existence de Futurama, la chaîne n’a rien fait d’autre que nous snober, omettant délibérément de faire de la pub autour de la série. Mais elle actuellement rediffusée sur Cartoon Network et connaît un succès inespéré. Il se peut qu’elle renaisse de ses cendres, ici ou là, sous une forme ou sous une autre. On en discute.

Qu’est-ce qui n’a pas marché ?
Rien, vraiment. Tout s’est déroulé comme prévu. On a travaillé comme des chiens, on a porté nos petits cerveaux de scientifiques frustrés en ébullition pour finalement créer la série dont j’ai toujours rêvé, à la fois parodie de science-fiction et contribution émue et sincère au genre. Tout le monde adore Futurama sauf la Fox. C’est aussi simple que ça.

C’est incroyable de penser que vous, qui avez ressuscité la série d’animation en prime-time 25 ans après Les Pierrafeu et avez créé la sitcom la plus populaire de ces 15 dernières années, vous en chiez avec les dirigeants d’une chaîne. De surcroît celle qui abrite Les Simpson
Vous ne pouvez pas imaginer à quel point les gens, dans ces hautes sphères capitalistes, peuvent se comporter comme des enfants. C’est vraiment comme au lycée. Chaque fois que je me suis montré conciliant avec les gros emmerdeurs de la récrée ça a été pris pour un signe de faiblesse. Et chaque fois que je leur ai gueulé dessus, on m’a traité avec respect. C’est impensable de les voir répéter inlassablement les mêmes conneries ; personne à la Fox n’agit dans l’intérêt de la chaîne. C’est dans leur intérêt que Futurama fonctionne, pourtant ils font tout pour nous mettre des bâtons dans les roues. Les Simpson rencontrent un succès grandissant depuis 14 ans mais Fox n’a rien à voir là-dedans, du moins sur le plan créatif. Du coup, ils n’aiment pas la série. Ecoutez bien ça : Fox n’aime pas Les Simpson !

Comment ça se manifeste ?
Un total manque de soutien pour tous les aspects extérieurs au business de la série. Mais bon, j’ai appris à ignorer l’ignorance. Hollywood enfante des bataillons de costards-cravates en culottes courtes dont le seul boulot est de dire d’un air pénétré : « mmm… non ».
Matt Groening interview francais futurama

Matt Groening : « Notre futur est à mi-chemin entre un mélange de merveilleux et d’horrible, un peu comme ce qui existe aujourd’hui. »

Matt Groening interview france futurama
La satire, en général, prend sa source dans la politique et la société. Elle émane d’une forme d’indignation. Comment s’est construite votre fibre satiriste ?
J’ai grandi avec la télé. Immergé dedans 24/24. Je fais de la télé aujourd’hui en partie pour m’amender de toutes ces heures gâchées devant le poste. Je peux maintenant regarder derrière moi et affirmer que tout ce temps perdu était de la recherche. Pour moi, ce n’est pas suffisant de savoir que ce qui passe à la télé est nul, stupide ou pernicieux. J’ai besoin de comprendre ce que je peux faire pour y remédier. Est-ce la nature même du médium ? La manière dont fonctionnent les grands networks aujourd’hui ? Ou un échec des créateurs de programmes ? Je me sens un peu comme un poisson qui analyserait l’eau de son aquarium, mais j’aspire surtout à montrer de quelle manière la télé est inconsciemment structurée pour nous garder.
Du mouvement steampunk des années 30 aux visions cyberpunk des années 80-90, les images du futur dans la SF disent traditionnellement plus de choses sur l’époque à laquelle elles ont été crées que sur l’époque qu’elles sont censées représenter. Que dit Futurama sur maintenant ?
En SF, c’est très simple, vous avez d’un côté la vision optimiste très chambre de commerce avec cités prospères et couleurs éclatantes et de l’autre un futur sombre, terrifiant et glauque à la Blade Runner. Notre futur est à mi-chemin, un mélange de merveilleux et d’horrible, un peu comme ce qui existe aujourd’hui.

Quel rôle ont joué Les Simpson ces quinze dernières années dans l’évolution de la société américaine ?
J’aimerais dire qu’il y a un peu plus de scepticisme envers le gouvernement et toutes les formes d’autorité. Malheureusement, je ne trouve la preuve de ça nulle part. Le monde du divertissement s’est engagé au contraire dans une frénésie consumériste qui exclut tout discernement. Pour le pire ou pour le meilleur, Les Simpson ont participé sur la durée à l’accélération de la culture.

Matt Groening interview france les simpson
Pensez-vous être encore crédible en tant que franc-tireur satiriste maintenant que Les Simpson sont devenus un tel monolithe culturel ?
Ce que la série ne cesse de dire, encore et encore, c’est que l’autorité morale n’agit pas forcément dans le meilleur intérêt des individus. Profs, proviseurs, hommes d’Eglise, politiciens… Pour la famille Simpson, ce sont tous des rigolos, et je pense que c’est un super message pour les gosses (rires). Le grand paradoxe est là : on tape sur les institutions tout en acceptant le fait que les gens s’y réfugient à la première occasion. Il y a certaines règles tacites à la télévision : les personnages ne peuvent pas fumer, doivent mettre leur ceinture de sécurité au volant, et l’alcool est bien sûr prohibé. Dans Les Simpson, tous les personnages boivent, fument et ne mettent pas la ceinture. D’un autre côté, Homer et les siens aspirent à un idéal protestant. Ils vont à l’église tous les dimanches. Ils parlent même. Dieu de temps en temps. Notre Dieu a cinq doigts. Pas comme les Simpson, qui en ont quatre.

Et finalement vous vous en tirez à bon compte parce que ce ne sont que des dessins…
Oui, bien sûr. On se cache toujours derrière l’argument : « hé, ce n’est qu’un dessin animé ! ». On a un épisode cette saison o. les membres de la famille Simpson s’endorment les uns après les autres à l’église et font chacun un rêve en rapport avec la Bible. Homer et Marge sont Adam et Eve, Bart est David dans David et Goliath. Il y a aussi Moïse caché quelque part.

Etre original, c’est encore possible ?
Après 300 épisodes, il est presque impossible de ne pas se répéter. On s’est fait une raison. La première règle chez nous : si ça date d’avant la saison 4, alors on peut le refaire. Les mecs de South Park ont réalisé récemment un épisode appelé The Simpson did that ! dans lequel Cartman et ses potes essayent d’inventer de nouveaux gags pour s’occuper, mais s’aperçoivent un peu désespérés que Les Simpson l’ont déjà fait. Sympa.

Matt Groening interview france the simpson
Homer est-il stupide ?
C’est un vrai problème parce que si Homer devient trop primitif, trop animal, la série n’existe plus. Il doit conserver des émotions et des motivations authentiquement humaines.

Propos recueillis par Benjamin Rozovas

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]]> 0 Standard <![CDATA[Hommes sweats hommes]]> https://standardmagazine.com/?p=18456 2015-05-01T08:01:11Z 2015-02-01T12:22:50Z Juste le temps de se remettre de Londres, la Fashion Week parisienne lance déjà ses mannequins sur les devants des podiums. Pompiers, militaires et sexe à l’air, velours palatine, plastique orangé et vestons...

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Juste le temps de se remettre de Londres, la Fashion Week parisienne lance déjà ses mannequins sur les devants des podiums. Pompiers, militaires et sexe à l’air, velours palatine, plastique orangé et vestons à boutons : mis à part la clôture mort-née de Thom Browne, les propositions sont contrastées et enjouées.

Il est loin le temps du premier défilé masculin de 1952 par Brioni. La Fashion Week qui vient de se clore à Paris, avec pas loin de soixante-dix événements de marques en cinq jours, est l’expression même du développement spectaculaire de la mode pour hommes.

Chistophe Lemaire AW15 perceval vincent magazine standard

Lemaire

Sur fond de sécurité renforcée après les attentats du début du mois, la saison ne manque pas de mordant avec des envies aussi engagées que personnelles. Christophe Lemaire transforme sa maison en Lemaire et esquisse le dressing d’un élégant contemporain en phase avec le minimalisme et la rigueur dont il est le sujet. Les pièces qu’il propose évoluent entre des parkas sportswears, de fines mailles aux cols roulés et des chemises en soie. Des essentiels à ne surtout pas oublier.

 Walter Van Beirendonck AW15 perceval vincent magazine standard

Walter Van Beirendonck

Subversifs, l’art et l’amour tonnent.

Walter Van Beirendonck poursuit en revanche son excentricité bien colorée où le plastique et son esprit déluré rendent hommage à Paul McCarthy dont le Butt plug exposé place Vendôme avait suscité des réactions dégonflées. La forme « scandaleuse » apparaît littéralement comme le point de départ de la collection funky de l’Anversois et se retrouve, aussi délicat soit il, autour du cou ou comme motif de broderie. Subversifs, l’art et l’amour tonnent comme l’émotion majeure du show.

ICOSAE AW15 perceval vincent magazine standard

ICOSAE

En phase de devenir une référence 100 % parisienne, la jeune maison Icosae a de quoi surprendre par sa vitalité. Avec son troisième show, cette nouvelle marque française se penche sur notre société et ses divisions pour l’habiller en fonction de nos conditions de vie. Les formes amples et chaudes rappellent les plus démunis alors que celles, plus fines, plus cintrées font référence à l’élite. Si ce n’est pas encore la révolution, les propositions sont à la fois étonnantes et parfaitement adaptées à un quotidien que l’on voit déjà sien.

Issey Miyake AW15 perceval vincent magazine standard

Issey Miyake

Lier d’amitié Des Esseintes et Ubu roi.

La collection d’Issey Miyake embrasse quelque chose d’assez inhabituel avec une présence très forte des costumes, mais Yusuke Takahashi, à la tête de la mode masculine, ne tarde pas à basculer vers des perspectives plus fantaisistes. On renoue avec la couleur, et les matières s’adonnent à une touches plus 70’s, voire féminine. La soie s’arrache les imprimés et le velours palatine se retrouve aussi bien sur de longs manteaux que des pantalons larges. Des silhouettes qui lient d’amitié Des Esseintes et Ubu roi. Pas forcement des plus adéquates en dehors des podiums, on préférera les versions plus graphiques des tenues clôturant le show…

Etude Studio AW15 perceval vincent magazine standard

Etude Studio

Ce regard graphique se retrouve d’autant plus enthousiasmant chez le collectif Etude Studio qui, en dialogue permanent avec l’art, apporte une vision neuve à la mode. Résolument branché, le vestiaire qui en découle rend hommage à un working boy fait de rouge et de bleu façon Mario Bros.

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Andrea Crews

Le délire tout autant surprenant d’Andrea Crews n’en finit plus de nous proposer une mode de garage. Mise en scène dans un parking à deux vroums des Champs-Elysées, le show se lance sous une techno tapageuse donnant l’ordre à l’armée de racer-ravers de débouler sur le catwalk. Sweats, survêtements et bonnets oversize s’affirment dans des teintes orangées ou reprennent plus nonchalamment le logo d’Opel en blaze. Tout le monde est en transe, la rêve party ne fait que commencer.

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Acne

Cette jeunesse découle aussi de la Big Bang Théorie d’Acne Studios qui dépeint le vestiaire d’un jeune intello à lunettes qui en a marre de son style ringard. Il emprunte ici et là les éléments stylistiques de ses potes les plus cools et se retrouve avec les shoes ultra lourdes du rockeur du fond de la classe ou les pièces sportswear de l’idole des vestiaires. Adulte tout de même, il s’accorde un costume, mais le dépareille. Une veste en nylon au lieu d’un blazer : c’est toujours plus fun. Il y a quelque chose de drôle et de pleinement satisfaisant à la fois, là où l’homme veille à être chic et habillé d’un luxe très sport.

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Dior

Traditionnelle élégance : les trente et un musiciens du Paris Scoring Orchestra investissent le Tennis club de la porte de Saint-Cloud pour Dior Homme. Au levé de rideau, alignés au centre du podium, ils laissent surgir de leurs archet et hanche un classicisme saillant aux premiers looks de luxe très « soirées ». Costumes trois boutons, spencers et vestons revêtissent se permettent quelques pins fleuris pour moderniser le tout. Peu à peu, le denim s’impose dans le dressing, remplace la dominance de noir, de gris et de motifs Princes de Galles. Si l’attrait au sport est plus discret que les saisons passées, Kris Van Assche ne dévie pas de sa ligne directrice chic et minimale.

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Kenzo

Carol Lim et Humberto Leon se penchent pour Kenzo sur le thème de l’individualité, de la survie et de la fonctionnalité. L’occasion de réinterpréter les parkas de chantier, les chaussures de protection et autres combinaisons de survie dans de l’orange signalétique, des matières waterproof ou des superpositions multiples. La proposition est enjouée, réconfortante et de bonne augure.

Juun.J AW15 perceval vincent magazine standard

Juun.J

Dans le même registre des vêtements professionnels, le Coréen Juun.J réinterprète les uniformes de l’armée dans des volumes magistraux : veste kaki, pantalons taille haute ultra larges et bombers. Si l’exercice qui a fondé son succès est clairement satisfaisant, il manque d’une once de surprise qui aurait éclairé d’avantage cette maîtrise des proportions jusqu’ici inégalée.

Dries Van Noten AW15 perceval vincent magazine standard

Dries Van Noten

Il en est un peu de même chez Dries Van Noten, qui ravive l’uniforme des pompiers pour en exhorter le caractère technique et protectionniste. Les bandes réfléchissantes et les fermetures par mousquetons deviennent des éléments de noblesse alors que des détails plus ethniques viennent assouplir les traits vers un raffinement notable. Jacquard, broderies et imprimés en sont les maîtres d’œuvres et confortent l’assise de la silhouette vers une élégance assez sombre pour la maison. Parfois militaire, tantôt ethniques, les créations du Belge rapprochent les similitudes et les divergences pour mieux les façonner vers un regard aussi sensible que viril.

Thom Browne AW15 perceval vincent magazine standard

Thom Browne

Si Rick devient Dick Owens avec son inexplicable envie de pénis découvert, il est certain que Thom Browne prédise à cette initiative un intérêt bien mortuaire. Le créateur américain clôt cette semaine de la mode sous un climat de mort. L’aspect théâtral du show et sa lenteur ne sont que les prémices d’une atmosphère macabre. Vêtus de noir, les mannequins avancent dans une marche funèbre où seules les matières et les coupes rappellent à la vie. Les manteaux sont longs et s’accaparent quelques détails de fourrures. Les superpositions sont la seule directive et fondent le peu de contrastes de la ligne dans un jeu de masculin féminin assez répétitif. De quoi sceller dignement la fermeture de cette semaine homme.

Texte et photographies Perceval Vincent

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