Froissées, reflétées, les images de David Sitbon « recomposent l’harmonie dans le chaos ».
Images froissées et reflets inédits, impressions, affichage : le photographe David Sitbon « recompose l’harmonie dans le chaos ».
Autodidacte à l’énergie insondable et transmissible, David Sitbon, 35 ans, a aiguisé son sens de l’image, dans le montage de films en travaillant pour Bertrand Tavernier ou Mathieu Kassovitz, il y a une dizaine d’année. La première exposition que nous avons vue de lui était d’ailleurs à Cannes, pendant le festival 2009, à l’Hôtel Martinez, mais il n’était pas seul. C’est la galerie Raphaël Imbert qui, en janvier 2012, lui offrira son premier solo show, Behind The Glass.
On y découvre le résultat esthétique d’une prouesse technique un peu folle réalisée durant l’été 2010 : l’invention d’une machine à refléter, construite à l’intérieur d’un camion pour sillonner les Etats-Unis et «mettre en application un procédé de photographie pour une nouvelle écriture de l’image. Muni d’une chambre obscure géante, le véhicule projette sur la surface d’une vitre des images vidéos ou des diapositives pour en photographier les reflets sur fond de paysages. Cette mise en scène permet de fusionner mon champ/contre-champ en fondu enchaîné et donne à l’image une force cinématique. » La photo de L’As de pique ci-dessous a été réalisée de cette manière.
David capture la réflexion spéculaire du décor urbain sur la vitre : le poster se superpose par transparence au reflet. A la galerie La Petite Vivienne, ce sera la seule issue de ce road trip, les autres sont visibles ici. La plupart des quarantes images de Street Life ont été shootées chez lui, par projection sur des photos froissées.
Il n’y a qu’à filer vite vite avant la fin de la semaine voir l’excellente exposition chez Thaddeus Ropac Seuls quelques fragments de nous toucheront quelques fragments d’autrui pour se rendre compte que l’esthétique du collage est de retour. On l’avait perdue depuis les surréalistes. David Sitbon l’explore au virtuel et en jouant avec les miroirs, les plans d’eau et tous les reflets qui s’amusent des couleurs comme d’une nouveauté à sonder.
C’est dans la rue, «creuset de la contre-culture, où les images naissent, se mêlent à la foule, croisent les visages, vieillissent, et s’effacent » que l’artiste use de son « reflecting pot » et présente le résultat comme « Un hommage au street art, de Lascaux à Banski, en passant par Basquiat. » Des kaléidoscopes figuratifs aboutis à 99 % sans ordinateur. C’est une réalité : on peut encore créer de l’illusion sans Photoshop.
David Sitbon Street Life
Tirages uniques
36×24, 60×40 ou 100×66 centimètres.
La Petite Vivienne
50 galerie Vivienne, Paris 2e
Du 18 janvier au 28 février