Trois après Ghost Train Tragedy, les Coming Soon reviennent avec un troisième album sauvage et mordant : Tiger meets Lion. Conciliabule sous la lune avec la meute avant leur release party au Centquatre.
Coming Soon

©Florian Duboe

« Billy est chez le coiffeur, il est très coquet » s’excuse Alex. C’est donc avec un groupe presque au complet que débute une rencontre placée sous le signe du Lion. Réchappés de leur expédition dans la savane sonore, Ben Lupus (guitare), Alexander Van Pelt (clavier), Leo Bear Creek (batterie), Howard Hughes (chant) et le bassiste Billy Jet Pilot – au brushing raté – présentent ce soir leur nouvel album, Tiger meets Lion. Une jungle de mélodies denses et fourmillantes que les garçons ont exploré pendant plus d’un an et demi avant d’y capturer onze titres à l’état sauvage. Enregistrée en captivité avec l’aide de Scott Colburn, dompteur des sons d’Animal Collective, Arcade Fire et Prince Rama, leur musique prend un virage pop sans perdre la trace indie rock de leurs racines. Ces cinq félins des villes n’ont rien perdu de leur instinct naturel.

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Avez-vous entendu parler du ligre ?
Alex : Oui ! C’est le petit d’un lion et d’un tigre accouplés.
Léo : Tu savais ça, toi ?
Alex : Je l’ai lu sur Wikipedia. Je suis très Wikipedia.

Alors Tiger meets lion, votre troisième disque, n’a aucun lien avec cet animal… 
Howard : Non, mais il y a une idée de fusion entre deux forces. Ce sont les premiers mots qui sont arrivés dans le songbook de l’album lors d’une jam, ça sonnait bien.

La jungle sonore de folk, rock, pop et électro, c’est votre nouvelle griffe ?
Ben : Le terme « pop » est assez ambigu, mais oui, on voulait aller vers quelque chose de plus dansant. On n’a pas réfléchit en terme de genre musical, mais de rythmes, de tonalités. C’était une recherche  primaire.

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Howard, Coming Soon : « Quand ça marche, on le ressent physiquement. »

Y a-t-il un retour à l’instinct animal dans votre musique ?
Howard : À nos débuts (leur premier album, New Grids, influencé par la scène antifolk, sort en 2008, ndlr), chacun était identifié en tant que bassiste, guitariste, chanteur… Maintenant on fait plein de mélanges [tous ont écrit et composé l’album]. 50 % du texte est arrivé pendant les sessions d’impro. Quand ça marche, on le ressent presque physiquement.

Votre musique s’apprivoise dès la première écoute. La mélodie, c’est la priorité pour vous ?
Howard : De plus en plus. On a dessiné et combiné jusqu’à cinq, six ou sept lignes mélodiques pour une seule chanson.
Léo : Et pour cet album, elle est arrivée avant le texte.

Le chanteur principal, c’est toi Howard. Tu es le chef de meute ?
Howard : C’est plus une histoire de relais. Il faut toujours mener une composition ou une chanson, mais il y a de la place pour plein de meneurs différents.
Alex : Une guitare s’inspire d’un clavier, un clavier s’inspire du chant… On se renvoie la balle.

Quand vous chantez tous ensemble (Terrella, Summer bands). Qui rugit le plus fort ?
Ben : C’est Alex !
Alex : J’aime beaucoup les onomatopées.
Howard : Il fait des cris très animaux sur Vermillon Sands.

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Alex, Coming Soon : « Je préfère être Beyoncé que Rihanna. »

Howard, tu dit : « Le pire c’est quand le mainstream récupère l’underground. Le crime c’est de voir par exemple Julien Doré et Carla Bruni-Sarkozy chanter Anyone Else But You (Moldy Peaches). C’est brader une culture indépendante. » (interview de Hartzine en 2010). Vous tenez à rester dans la forêt vierge ?
Ben : Cette récupération a un sale goût, ça crée un petit malaise.
Billy : Ça abîme les groupes, les Moldy Peaches en ont été victimes. C’est dur de rester inchangé au contact du mainstream.

Des exemples de reprises intelligentes ?
Leo : Pour Watch the Throne [2011], Jay-Z et Kanye West sont allés chercher des styles de hip hop et d’electro beaucoup plus underground et en ont fait un truc magnifique.

Vous avez repris Diamonds de Rihanna (Unapologetic, 2012). Fait-elle partie de la même race que vous ?
Billy : J’aimerais beaucoup, mais j’ai peur que ça soit un autre monde. Elle brille tout le temps, c’est dur d’être elle.
Howard : On s’est demandé si on était capable de faire cette reprise. Au départ c’était difficile parce que trop répétitif. C’est là qu’on voit le génie de la production du morceau.
Alex : Ce n’est pas une carrière dont je rêve. Je préfèrerais être Beyoncé. Elle a une image plus forte et fait des choix esthétiques beaucoup plus innovants.

Être de l’espèce underground, c’est vouloir rester à l’état sauvage ?
Billy : C’est une posture de survie, une manière alternative de faire des disques. Ça permet d’avancer tranquillement, d’avoir moins d’interlocuteurs, de faire plus de choses soi-même. Ça responsabilise vachement. Que le concert soit plein ce soir, c’est notre victoire.

Avez-vous des prédateurs ?
Howard : La déprime. Le milieu de la musique va mal, les labels et directeurs artistiques sont frileux et ont un discours ultra négatif. Le plus dur est de ne pas céder à cette pression-là. C’est une industrie menacée mais qui n’arrête pas de rebondir.
Billy : Il y a une richesse de la production musicale qui est complètement déconnectée du milieu des professionnels de la musique. Ce ne sont pas nos ennemis mais sûrement pas nos amis.

Qui reste pour vous « le roi des animaux » ?
Howard : David Bowie et Jay Z. L’un est très glam, très féminin et en constante évolution. L’autre, c’est le lion.
Alex : Animal collective, une meute de rois de la jungle.
Billy : En terme de ventes, c’est Daft Punk ou Nolwenn avec son disque breton.

Par Elsa Puangsudrac

Le 14 mai à La Laiterie à Strasbourg
Le 26 juin à La Plage du Glazart
Du 8 au 10 août au Festival Pantiero à Cannes