Caribou : Swim, du groove liquide
Le Canadien Caribou, 32 ans, épate avec ses tentations dancefloor… inspirées par la natation.
Pour présenter Swim, tu parles de « groove liquide ». C’est-à-dire ?
Daniel Snaith (Caribou) : C’est à cause du DJ anglais James Holden. Sur des rythmiques continues, il place des textures qui semblent dériver : le son monte puis se détériore, gonfle à nouveau de manière imprévisible. Comme des vagues.
Envie d’aller à la mer ?
[Rire] Je n’aime pas trop la plage, parce que j’ai appris à nager seulement l’année dernière. Je suis depuis devenu obsédé par la natation : quand je ne compose pas, je suis à la piscine. Le son y est assez fantastique : sous l’eau, le bruit ambiant n’arrête pas de changer, et même si tu n’entends que des conversations lointaines, c’est beau.
Swim est bon pour nager et pour danser aussi. Une première chez toi.
Après avoir exploré Can [pionniers allemands du krautrock], je voulais plus de liberté. Je l’ai trouvée dans l’électro pure. Les gens pensent qu’il suffit de quelques gimmicks pour faire danser. Ça peut être l’inverse. Si le beat compulsif est un passage obligé, on peut inventer autour une musique étrange. Regarde Ricardo Villalobos : un de ses morceaux de vingt-cinq minutes tient sur un chœur d’enfants chrétiens qui tourne en boucle. Et ça fonctionne en club !
Caribou : « Quand je ne compose pas, je suis à la piscine. »
Premier contact avec le clubbing ?
Au lycée, je devais avoir 15 ans. J’ai grandi à Windsor, en face de Détroit, du côté canadien. Chez des copains de mon frère qui sortaient des maxis sur un petit label de house, j’ai été invité à une fête où Richie Hawtin jouait. Dans leur cave pourrie ! Un vrai choc : moi, le nerd à l’éducation musicale très classique, qui écoutait du jazz et du rock progressif honteux genre Yes ! Ce soir-là, un copain s’est évanoui à cause des acides, le son était atroce, mais la découverte de l’électro m’a retourné l’esprit.
Nietzsche : « Chaque journée sans danser est une journée de perdue. »
Pas possible, il a dit ça ? Je l’imagine en club en train de danser comme un fou sous sa grosse moustache. Moi, ma danse préférée, c’est un peu comme ça [il indique une statue de l’hôtel, un gentilhomme du XVIIIe siècle exécutant un menuet maladroit].
Comme dans cette fameuse scène du film Napoléon Dynamite ?
[Soupir] Avant, on n’arrêtait pas de me comparer à Napoléon Dynamite, Art Garfunkel ou Woody Allen… pas très flatteur. Ça s’est un peu calmé depuis que je me suis coupé les cheveux. Mais quand je danse aux soirées house de Theo Parrish à Londres, je ne dois pas être très loin de Napoléon Dynamite !
Swim
Cooperative Music /Pias