April77 : de la Lune aux Blacks Lips
La marque de Brice Partouche renoue avec ses fondamentaux rock, ses jeans skinny à revers et ses t-shirts retroussés en faisant appel aux Black Lips, groupe indie-garage reconverti en apprentis stylistes. En 2009, c’était la Lune et le complot de la mission Apollo 11 qui inspiraient le créateur. Entretien avec un parano qui n’a pas peur du noir, dans Standard n°23 – spécial Cosmos.
Vous y croyez vraiment à cette théorie du complot ? Brice Partouche :
Brice Partouche : Oui. L’homme est bien allé sur la lune, seulement la vidéo a été réalisée en studio. Les conclusions de l’analyse de ces images sont troublantes… Elles donnent le droit de se poser la question : pourquoi cette mise en scène ? Il faut se rappeler qu’en 1969, les Etats–Unis et l’URSS se livrent une course à la conquête de l’espace…
The Apollo program was a hoax est le titre d’une chanson d’un groupe hardcore punk suédois, Refused. Vous l’avez connu comment ?
Je skatais et j’étais straight edge. En 1994, Internet n’était pas répandu. Je commandais mes disques sur des listes de distribution et découvrais les groupes en concert. La musique venait principalement des USA avec les labels Revelation Records, Dischords, Smorgasbord, Second Nature… Puis des labels suédois Desperate Fight, Burning Heart, avec un son nouveau : c’était do it yourself, garage, straight edge, rock’n’roll, très classieux et honnête… Refused sont arrivés avec leur style 60’s mods et leurs instruments vintage et ont tout simplement redéfinis le hardcore.
Et leur chanson est inspirée de l’écrivain Bill Kaysing, l’instigateur du doute. Vous avez lu son livre ?
J’ai essayé parce que le titre de la chanson de Refused me fascinait, mais à l’époque je ne l’ai pas trouvé et ai dû me contenter d’extraits récupérés sur le Net – ou du moins ce qu’était Internet il y a 11 ans…
Comment avez-vous inscrit ces éléments dans votre travail ?
J’en est fait une collection « céleste ». Les tons et les couleurs m’ont été inspirés par le film Solaris de Andrei Tarkovsky et par le clip de Sunshine Smile du groupe de shoegazing anglais Adorable.
Brice Partouche : « Je songe de plus en plus à devenir parano… »
Qui a fait les célestes visuels des t-shirts ?
Jeff Gaudinet de l’Atelier Indépendant et Pascale Koehl notre styliste maille.
Est-ce que ça a été l’occasion de développer des modèles plus futuristes ?
J’ai exploré d’autres horizons, dont le futurisme. Mais il y a surtout des clins d’œil à la musique, comme ces pantalons WHIP dans un style très DEVO.
La prochaine collection ce sera sur le World Trade Center soufflé par les services secret américain ou bien ?
Non, je ne suis pas adepte de toutes les théories du complot !
Vous avez peur de devenir parano ?
Je ne suis pas parano mais songe de plus en plus à le devenir… Le moment où je me suis intéressé à cette démonstration restera en moi pour toujours. Elle m’intéresse constamment. Je pense être devenu plus méfiant à l’égard des médias.
Comment expliquez-vous que le cosmos et son imagerie soit aussi présent dans la création actuelle ?
Parce que tout le monde se pompe dessus ? En tout cas, c’est la manière d’April77 de fêter les 40 ans de ce canular.
Ses années 90 Brice Partouche (sa date de naissance est facile à deviner) a créé la marque April77 en 2002. Et avant ?
« J’étais très impliqué dans la scène punk hardcore. Je tournais avec mon groupe, écrivais dans un fanzine, militais pour la cause animale, collais des affiches… Je suis très nostalgique de ces années car elles m’ont construit. »