La Brasserie, espace d’exposition et d’interactivité culturelle, a ouvert en Picardie ce week-end.
Longtemps directrice photo de grands magazines (Elle, Vogue, Mixte), Véronique Damagnez ouvre sa Brasserie dans le petit village de Foncquevillers (500 habitants) pour casser les préjugés sur cette région du Nord, réputée triste et austère. Mais aussi pour bousculer les idées reçues concernant l’art contemporain : « A Paris, la plupart des lieux d’exposition sont froids. Ça crée une distance entre les œuvres et le regardeur, qui se sent un peu perdu. La Brasserie aura un supplément de convivialité, je vais l’intégrer complètement dans le village. » Un long bâtiment en briques rouges, typique de l’architecture ch’ti, 140 m2 de salles d’exposition, des ateliers de création, deux résidences d’artistes (à partir de 2012) et une vraie proximité avec les habitants. Voilà de quoi justifier les 70 minutes de transport pour y venir depuis Paris. « Ça m’intéresse de mélanger les genres, les styles. Les expos resteront ciblées art contemporain, avec des choix exigeants. Il n’est pas question de faire une autre salle des fêtes, Foncquevillers en a déjà une ! »
Mémoire(s) visuelle(s)
Véronique Damagnez est née ici, entre Amiens et Arras, au milieu de la campagne picarde. Enfant, elle était intriguée par cette ancienne brasserie artisanale qui appartenait à son arrière grand-père, fut bombardée pendant la Première Guerre mondiale puis dévalisée lors de la Seconde. Après des études de langues à Lille, elle monte à Paris dans les années 70 : elle devient agent de photographes avant d’opter pour la presse magazine. Pour la saison 1 de sa Brasserie, elle a choisi trois photographes en leur suggérant de travailler sur le lieu même de l’exposition. La plasticienne Marie Amar, née en 1962, s’intéresse à la déclinaison du temps et à la matière (sa dernière expo prenait pour sujet la poussière à Londres). Nicolas Bluche, né en 1965, se focalise sur ce que retient notre mémoire visuelle. Nicolas Kowalski, né en 1967, sensible aux friches et aux bâtiments industriels, recense les objets abandonnés dans les recoins de la bâtisse – un vieux vélo, un landau, des pneus…
« A eux trois, avec leur propre regard, ils nous racontent La Brasserie », dit la directrice photo, qui regorge de projets pour les mois à venir : « En plus de la résidence d’artistes, La Brasserie servira de lieu pour des shootings de mode ou des tournages ciné, des photographes viendront y faire des animations… Et je vais mobiliser les collèges et les lycées. On parle beaucoup des banlieues défavorisées sur le plan culturel, mais c’est la même chose à la campagne. »
Guillaume Jan
Passés (re)composés
Jusqu’au 29 août.
Expo organisée avec le soutien des Transphotographiques Nord[s] 2011.
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