Coqueluche de Pete Doherty (elle a signé l’artwork de ses albums) et des éditions Allia, Alizé Meurisse, 27 ans, expose pour la deuxième fois ses dessins alambiqués à la galerie Nuke. Retour sur son interview, à l’époque (Standard n° 17) où elle sortait l’exalté Pâle sang bleu, son premier roman.

Alizé Meurisse autoportrait

©Alizé Meurisse

Depuis quand avez-vous cessé d’écrire pour votre journal intime ?
Alizé Meurisse : Je suis trop dans la lune pour tenir un journal intime, je ressasse assez dans ma petite tête de linotte pour ne pas être intéressée par le contenu de mes journées. Mais j’adore en acheter, je trouve ça joli et fascinant, surtout ceux avec les petites clefs. Petite, j’ai réussi à en ouvrir un sans errafflure avec une épingle à cheveux. En revanche, j’aime écrire de longues lettres, pas tant pour raconter mon quotidien que pour partager des sentiments, des idées, des choses qui m’inspirent. Et j’ai des carnets que je remplis de dessins, coupures de journaux, petits textes, etc.

Donnez-nous une raison de croire que vous serez encore là dans quelques années ?
Je suis coriace.

Qu’allez-vous faire maintenant que votre roman est sorti ?
Je viens de dessiner l’artwork de Delivery, le prochain single des Babyshambles [elle signait déjà les photos officielles de leur premier disque] et il est possible que je m’occupe de l’album. Je commence à griffonner un deuxième roman, mais c’est encore embryonnaire. J’aimerais organiser une expo de peintures : il faudrait que je rassemble mes toiles et que j’en travaille une quinzaine de plus… j’ai un contact à New York.

Comment voyez-vous votre avenir ?
Comme quelque chose qui n’existe pas… Vous avez déjà vécu dans un demain vous ?

Qu’évoque pour vous le mot « réussite » ?
Un jeu de cartes entre les mains tatouées d’une belle gitane.

Craigniez-vous que les gens se méprennent sur vous ?
Non, qu’ils le fassent si ça les chante… ça m’en touche une sans m’en s’couer l’autre !

Couillue
Après l’internement à l’HP de leur mère, Charles et Manon, la vingtaine, déambulent dans les rues chaudes de Paris, à la rencontre de leur destin. Manon travaille dans un bar et tombe sur Johnny, aussi paumé qu’elle. Johnny traîne dans les salles de boxe. Fou amoureux de Manon, il échappe à une bande de jeunes truands qui voulaient l’arnaquer. Les escrocs retrouvent la trace de sa bien-aimée. Sur une trame narrative assez simple, Alizé Meurisse plaque tous les accords nerveux d’une langue rock flirtant avec plusieurs registres, tour à tour lyrique ou exaltée : « T’es un stéréotype ! », qui reflète à merveille les joyeux paradoxes et les premiers tourments adolescents. Cette jeune auteur a bien l’âge de ses artères, elle ose tout, elle danse avec son style au plus près des sentiments. On reconnaîtra une certaine candeur de ton, et surtout une trentaine de pages qui auraient mérité plus d’attention, mais le talent intrinsèque d’Alizé Meurisse est pregnant. Une voix singulière est née.

Alizé Meurisse
Pâle sang bleu
Editions Allia

Alizée Meurisse pâle sang bleu

 

Par Jean Perrier

Alizé Meurisse
For soul not for sale
Galerie Nuke
Du 6 février au 31 mars