Dirty Space Cado


Pour la sortie de sa nouvelle compilation A French Psyche Pop Odyssey le label Dirty Sound System offre un podcast exclusif à Standard. Les morceaux ont été choisis parmi les lost tapes du disque. Après les deux premiers Dirty Diamond et le succès de l’éthéré Dirty Space Disco l’année dernière, Clovis Goux et Guillaume Sorge s’attellent à compiler de la pop française enrôlée dans les voyages psyche de Cheval Fou, Dashiell Hedayat ou François de Roubaix. C’est beau et c’est cadeau.


EXTRAIT DU TEXTE DE PRESENTATION – Cliquez sur play avant de commencer la lecture.
Que se passe-t-il en France au début des années 70 ? L’aventure hippie s’est achevée dans un bain de sang en 69 (année horrifique : Altamont et le meurtre de Sharon Tate), l’héroïne vient de remplacer le LSD et les survivants n’en ont plus pour longtemps. 146 jeunes périssent dans l’incendie d’une boîte de nuit à Saint-Laurent-du-Pont, De Gaulle dans son lit : « Bal tragique à Colombey : 1 mort ». Pompidou fume des clopes. Dans un noir et blanc primitif, La Maman et la putain de Jean Eustache enterre une génération qui perd tous ses repères (une définition possible du psychédélisme). La même année c’est le choc pétrolier. La plus longue éclipse solaire du siècle (6 min 20 s) annonce de futures marées noires. Jean Yanne vulgarise La Société du spectacle et Johnny joue au hippie (avant Hamlet et l’ange aux yeux de lasers). Robert Malaval projette des Poussières d’étoiles. Nous lisons Pif Gadget, et bientôt Metal Hurlant. Un homme qui dort attendra. Dieu est mort, Marx agonise, un commando maoïste attaque une épicerie Fauchon. Giscard à la barre. Le Larzac mobilise et Mesrine cavale. Nos mères peuvent enfin avorter en paix tandis que Mike Brant, notre Icare israélien, s’envole une dernière fois. Yves Mourousi présente le journal de 13h depuis un hôpital: les téléspectateurs assistent en direct à l’opération d’un malade à cœur ouvert. Claude Sautet tourne Mado et l’été 76 sera très très chaud. 1978, Claude François, 39 ans, s’électrocute dans sa salle de bain et Robert Bresson, 77 ans, clôt « la parenthèse enchantée » de Françoise Giroud par une œuvre au noir sur les enfants de la révolution, Le Diable probablement. Qui d’autre ? Dirty French Psychelelics est une vision subjective de cette époque déboussolée. À la France des expériences (Gong, Alpes, Magma etc…) nous avons préféré celle des francs-tireurs (Dashiell Hedayat, Alain Kan), des maîtres chanteurs (Christophe, Nino Ferrer, Brigitte Fontaine), des compositeurs (Karl-Heinz Schäfer, François de Roubaix, Jean-Claude Vannier), l’anomalie dans « la variété » plutôt que la norme dans « la marge ». Il y a des absents (Michel Polnareff, William Sheller, Gérard Manset, Serge Gainsbourg…), et des anachronismes: ils composent tous une partie du tableau. « La séance est finie, le dernier musicien est parti. Au milieu d’un studio endormi, je regrette ces lointains paradis… »; une manière comme une autre de se dire que l’on peut toujours commencer par la fin.
Clovis Goux

  1. #1 by Sabine on 25 juin 2009

    Nice Compilation

(ne sera pas publié)

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