Franck Annese et « sa meute » de So Foot et So Film entend « marquer l’Histoire » en direct d’un parking.

« Le mieux, ce n’est pas une armée de lions dirigée par un mouton, mais une armée de moutons dirigée par un lion. Quoi que, non, ce qui est encore mieux, c’est une armée de lions dirigée par un lion. » Il ne s’agit pas d’une citation du sélectionneur de l’équipe nationale du Sénégal, mais bien d’une leçon de management pratiquée par Franck Annese, « 35 ans et demi », directeur de la publication de So Foot, après cinq nuits blanches. Les traits tirés, le sandwich à peine entamé, il sort à peine – l’imprimeur est en ligne – du bouclage du numéro de rentrée du mensuel gonzo-footballistique (qui fêtera ses 10 ans en avril), ainsi que de celui, dans la foulée, du troisième numéro de So Film, mensuel idem, lancé en juin. Pondue avec les érudits cinéphiles des éditions Capricci, la revue aligne interviews fouillées (Jean-Pierre Léaud, Roger Avary), storys intellos (Leos Carax), des infos, des angles, de bonnes vannes et zéro critique, ou presque. L’anti-Première, et une greffe efficace sur le terrain du 7e art de leur formule à succès : « des histoires, de l’humain, de l’humour ».

Comme si ça ne suffisait pas, ce sprinter de l’édition, posé avec « sa meute » dans un ancien parking du 18e arrondissement de Paris, se félicite des résultats de Pédale, hors-série cycliste écoulé à 15 000 copies, de la reprise en main imminente de leur trimestriel Doolittle censé « raconter la société par le prisme des enfants », de la création d’un label de musique (Vietnam) et de ses projets de série (avec Thomas N’Gijol) ou de quinzomadaire de société, en chantier. A un moment, tel un Aimé Jacquet de la syntaxe, voire un Sacha Distel du sabir médiatique, il livre ce secret de l’écriture So : « Le truc, c’est la rupture au troisième temps : “des pommes, des poires, des scoubidous”, ça marche. Mais si tu écris “des pommes bleues et des citrons” ou “des pommes, des armoires, des scoubidous”, ça ne marche pas. » Mince, est-ce que quelqu’un peut lui donner du sucre ?

Cinq nuits blanches ?
Franck Annese : De jeudi à vendredi, on a dormi deux heures. De vendredi à samedi, une. De samedi à dimanche on n’a pas dormi, de dimanche à lundi on a dormi deux heures, de lundi à mardi quatre. Et cette nuit, j’ai dormi une heure vingt, Stéphane [Régy, rédacteur en chef] n’a pas dormi, et la graphiste a dormi cinq heures. On est au top. Les numéros tiennent la route.
Pourquoi s’infliger ça ?
Je ne supporte de travailler autrement qu’à fond. Stéphane pareil. On fait tout à deux, pour ne pas flancher. Mais ça nous plaît, on aime les ambiances de bouclage, hyper stressantes et très stimulantes. Bon, là, je commence à trembler.
La fatigue, ça augmente le risque d’erreurs ?
Ça me faisait chier au début, aujourd’hui j’ai l’habitude. Par contre, un bon sujet mal traité, ça me rend fou. On passe beaucoup de temps à écrire, à creuser. Hier, j’ai écrit un portrait de Vincent Lacoste ; pas crucial, hein : un mec de 19 ans ayant tourné dans des comédies françaises dont la moitié sont nulles. Mais on s’est dit qu’il était intéressant. J’ai harcelé sa mère au téléphone, après avoir appelé tous les Lacoste du 17e arrondissement pour la trouver. Comment écrire sur ce mec si je n’ai pas sa mère en ligne ? J’ai écrit 20 000 signes, le minimum syndical. Si c’est pour faire 3 000 signes, autant piger à 20 minutes.
Mais comment écrire 20 000 signes après quatre nuits blanches ?
Les bons mois, on n’en fait que deux. Quand tes journées font vraiment vingt-quatre heures, tu as douze heures de plus que tout le monde. Je dors en moyenne cinq heures par nuit. J’ai une petite fille, donc je me lève à 7 h et je me couche rarement avant 2 h. Ça fait treize ans que c’est comme ça. Mais quand je relâche, je suis épuisé. Je dors une journée et je suis tout pourri.
C’est du football total, comme dirait Cantona ?
Beaucoup de mecs chez So Foot sont angoissés par la mort. Ils se disent qu’un jour, tout va s’arrêter. Notre utopie est là : trente à trente-cinq personnes qui vivent de ce qu’elles font, entre potes, qui partent aussi en vacances ensemble. Si quelqu’un veut arriver à 14 h, ou se tirer six mois, c’est OK, je ne dirai jamais rien. Si la maquettiste est fatiguée, je la remplace. C’est comme pour commenter un match : si t’as jamais joué au foot, tu ne connais pas les sensations. Quand tu lis des critiques de films, tu vois très bien ceux qui ont déjà tenu une caméra.
La ligne éditoriale de So Foot peut-elle se résumer à cette citation de l’écrivain italien Alessandro Piperno, interviewé dans le numéro d’été : « J’aime les joueurs sales, ceux qui unissent au talent une certaine arrogance » ?
Non. Il n’y a jamais de jugement moral, jamais. Si on écrit sur une ordure supposée, on va la voir, et on retranscrit ce qu’on a vu et entendu. Ce n’est pas notre rôle de dire si ce type est méchant ou gentil. Samir Nasri, on ne le juge pas. Dans le même numéro, on raconte la manière dont il évolue, loin de la bête vindicte populaire. A titre personnel, je trouve que c’est un petit con, je le déteste, c’est le pire des mecs à sélectionner. Mais s’il est pris en équipe de France, je n’ai rien à dire. Il marque un but et dit à quelqu’un dans la tribune de presse de « fermer sa gueule » ? Il n’y a pas de quoi s’offusquer. Il insulte un autre journaliste  et devient soudain le symbole de la France caillera ? C’est disproportionné. Alors on analyse.
Idem pour Thierry Roland : vous avez eu des accrochages, il a eu parfois des propos douteux, mais vous lui rendez hommage.
L’ignorer, ç’aurait été bizarre. On a tous préféré écouter les commentaires de Thierry Roland, aussi raciste fut-il, que ceux de Thierry Gilardi, parce qu’il y avait quelque chose de jouissif, de dégueulasse. Les premiers de la classe comme Christian Jeanpierre, c’est insupportable. Le rêve de Roland, c’était de rencontrer ses idoles. A 65 ans, il faisait encore signer des autographes.

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© Patrice Normand

Franck Annese : « Il n’y a pas de culture footballistique en France. »

So Foot, un journal de fan ?
Oui, au sens de l’énergie. Mais on s’impose la règle des 3H : tous les articles doivent contenir une Histoire, de l’Humour, de l’Humain. Ça crée une distance. On n’a pas d’amis footballeurs à part Vikash Dhorasoo, et on s’est beaucoup refusé à parler de lui, ce qui ne l’a pas empêché de se prendre quelques vannes.
Et quand la distance n’a pas été respectée ?
C’est ce qui se passe avec Doolittle, notre magazine sur les enfants. On n’y trouve pas ce qu’il devrait y avoir. Dans la presse parentale habituelle, si tu ne passes pas l’aspirateur deux fois par semaine, t’es une ordure. Il faut raconter les vrais enfants et, en creux, les vrais parents. On n’a pas mis assez de moyens dans l’éditorial, et le rythme trimestriel offre peu d’adrénaline. Mais on vient de débaucher [des Inrockuptibles] un ancien de chez nous, Marc Beaugé, qui nous coûte un bras, pour reprendre en main Doolittle. Par exemple, on a entendu que trois nounous américaines organisaient des combats avec des mômes. Si on ne fait rien là-dessus, c’est qu’on a rien compris sur la place des enfants dans la société. Est-ce qu’un annonceur achètera de la pub à côté de ce reportage ? Je m’en fous. Il viendra si c’est le meilleur canard sur les enfants.
So Foot, ça vend comment ?
On tire à 80 000 exemplaires et on en vend 45 000, dont 10 000 abonnés. On a dépassé les 40 000 il y a deux ans à peu près. Le premier numéro, en 2003, a été vendu à 4 000 ou 5 000 exemplaires. C’est du bouche à oreille, il n’y a pas eu de déclic particulier.
Quelles leçons as-tu tirées de l’échec de Sofa, votre précédent mensuel culturel [1999-2006] ?
Six cent mille leçons ! Sofa c’était n’importe quoi, c’était ça qui était marrant. A la base, je sors d’une école de commerce, l’Essec, et je voulais monter une maison de disques et un festival. Mais comme un festival, ça prend un an, on a monté un fanzine, puis un magazine, dans lequel chacun a mis un peu d’argent. L’idée : on ne se paye pas, mais on dit ce qu’on veut. Quand on a interviewé Daniel Johnston, personne ne le connaissait, on a fait trente-cinq pages. Mais il y avait beaucoup d’ego, on se prenait très au sérieux. On faisait de la critique culturelle sans aucune ligne éditoriale, tout le monde avait sa rubrique, on ne faisait pas de réunion, c’était illisible, tu ne savais pas où ça allait. Le bordel. On n’accrochait personne, acheter Sofa ne voulait rien dire.
De quoi vivais-tu ?
J’ai commencé dans un cabinet d’audit, puis je me suis barré chez Culture Pub. Le rédacteur en chef m’a appris à faire des émissions de TV, pendant quatre ans. Ensuite je me suis occupé de Pink TV, j’ai fait un docu pour Arte, des pilotes pour Canal, des trucs à droite, à gauche. On faisait Sofa par loisir. Ensuite on a lancé So Foot, en continuant Sofa pendant trois ans. On finançait Sofa avec So Foot. Pour réussir dans la presse culturelle, il faut avoir une vision.
Comment le foot arrive sur votre terrain ?
On y jouait, on aimait en parler, avec dérision. On était des fans sans être supporters obsessionnels. Et on se retrouvait tous à faire Sofa, qui nous plaisait qu’à moitié parce qu’il était disparate et ultraprétentieux. On a commencé à trois, avec Guillaume Bellamy et Sylvain Hervé, en investissant 150 euros chacun. Un pari, parce qu’il n’y a pas de culture footballistique en France. Même après le Mondial 1998, ça restait très mainstream, un peu pourri. En 2002, au moment des numéros tests, on passait pour des gros beaufs ; Technikart a par la suite écrit qu’on avait inventé le style « intello beauf », tout le monde l’a bien pris ici. Je ne sais pas si je suis intello, mais je crois qu’on est assez beaufs, oui, au sens décomplexé. Il n’y a pas moins branché que trente-cinq personnes qui travaillent dans un parking. Si on pouvait être deux cents, ça serait génial. Je pense qu’on va annexer toute la rue petit à petit.
Quelles sont tes règles, en termes d’écriture ?
Il faut surprendre, mais surtout raconter une histoire d’un point A à un point B, en déconnant à des moments précis, le tout sans jugements moraux. Et lire son texte à voix haute pour voir si ça marche. En France, beaucoup d’articles sont à réécrire, surtout le sujet n’est qu’effleuré. Et les formules toutes faites, et les mecs qui écrivent pour eux… Les Inrocks, ça me tombe des mains. Si c’est pour nous en mettre plein la vue avec des mots incompréhensibles, ou conceptualiser des trucs que l’auteur lui-même ne comprend pas, autant rester chez soi. C’est arrivé dans So Film et ça me rend dingue. Mais c’est normal, le canard démarre.
La rédaction est ouverte ?
Toujours. Mais attention, principe de sélection naturelle, comme dans une meute de loups. On se connaît très bien, on bosse depuis des années dans des souterrains, alors quand quelqu’un d’extérieur arrive, il doit se faire accepter. Il y a de tout : des mecs qui ont fait beaucoup d’études, d’autres pas, des gens aisés, des ploucs, des banlieusards, des middle-class, beaucoup de provinciaux. Entre 15 et 48 ans. Et pour que leurs articles soient bons, ils doivent être là au moins quinze jours par mois.

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© Patrice Normand

Franck Annese : “Je n’ai pas fait d’école de journalisme, donc je ne sais pas ce qu’on y apprend.”

Travailler avec ses potes, est-ce si facile ?
Il y a un chef, c’est moi, et c’est comme ça. J’ai été le dernier à me payer, j’ai pas touché une thune pendant trois ans, je serai le dernier à repartir. Si tu montres l’exemple, les gens te suivront.
Ça coûte cher, So Foot ?
40 000 euros de frais généraux par mois pour couvrir les reportages, le téléphone, etc. C’est deux fois plus que ce que dépensent Les Inrocks en un mois. Ce qui coûte très cher, ce sont les voyages. Si un mec me dit qu’il doit aller en Chine puis au Brésil et en Russie pour son sujet, et que le sujet est bon, je lui dis vas-y mon coco.
Prix de la pige ?
Pareil pour tout le monde : c’est 65 euros la page quel que soit le nombre de signes, pareil si c’est une photo. Pour les gabarits, la maquette s’adapte aux rédacteurs, et pas l’inverse. Certains sujets s’étalent sur un mois pour gagner 150 euros… C’est la règle, tout le monde est au courant.
Combien de temps penses-tu tenir ?
Avec Stéphane, on arrête en septembre 2014, après la Coupe du Monde au Brésil. Pierre Maturana [l’un des rédacteurs en chef du site] et Javier Prieto Santos [directeur administratif et financier] reprendront la rédaction.
Ah ? Vous quittez le club ?
Non, on restera là, mais on arrête la direction. Il n’y a pas que le foot dans la vie, et trop de journaux ont raté le renouvellement des générations. Ça va faire plus de dix ans qu’on fait ça, ça donnera une seconde jeunesse au magazine. Pierre et Javier ont été formés ici et connaissent tout par cœur, ils le feront à leur sauce. En puis ce sera marrant d’écrire pour eux.
Comment naît So Film. Pourquoi le faire avec Capricci, producteurs, éditeurs et distributeurs d’un cinéma pointu (Abel Ferrara, HPG, Monte Hellman) ?
On aurait pu le faire seul, mais ce sont eux qui ont eu cette idée de reprendre le modèle So Foot avec leurs compétences de cinéphiles. Grâce à eux, et aussi parce qu’on a appris beaucoup de choses entre-temps, le premier So Film, par rapport au premier So Foot, c’est le jour et la nuit.
Pourquoi si peu de critiques de films ?
Il n’y a pas non plus de classement ou de résultats dans So Foot… Les critiques ne m’intéressent pas. Les raisons de parler d’un film, c’est parce qu’il y a tel comédien, ou à cause de son sujet. Mais donner mon avis sur le résultat… autant faire un blog.
Pourquoi la maquette est-elle si moche, si austère ? Vous n’avez pas de budget pour les photos ou les illustrations ? Sur un domaine aussi visuel que le cinéma, c’est dommage, non ?
Oui, mais ça va changer. Nos DA ne peuvent pas faire deux canards en même temps. De plus, puisqu’on ne calibre pas la taille des articles à l’avance, la maquette est presque à réinventer à chaque numéro. Et on n’a pas, non, de gros budget pour les images.
Vous avez assez d’argent pour envoyer des reporters en Chine, mais pas pour photographier des réalisateurs ?
On va opérer une transition en 2013. Comme c’est un magazine en partenariat avec une autre équipe, les décisions se prennent beaucoup moins vite.
La maquette de So Film n’est pas si éloignée de celle de So Foot
Ah si. Celle de So Foot est géniale, on sent une envie, une énergie. La maquette de So Film, c’est le journal du McDo. Dès le mois prochain, on va changer plein de trucs.
So Film, ça paye ?
Non. Si on paye maintenant, on ne pourra pas tenir très longtemps. On a fait 14 000 ventes au premier numéro, Première fait 35 000, Les Cahiers du cinéma entre 5 000 et 6 000. Faut réussir à se placer. Mais ça démarre très bien. On est déjà troisième derrière Première et Studio, on a fait trois fois les chiffres des Cahiers avec une ligne éditoriale aussi – si ce n’est plus – exigeante qu’eux. On peut dépasser Première. En deux numéros, on a déjà 600 abonnés, en surfant sur le succès de So Foot.
Tu vas souvent au cinéma ?
Très peu, mais je regarde trois ou quatre films par semaine en DVD. C’est pas un problème : pour l’article sur Vincent Lacoste, je n’ai vu que deux de ses films. Je m’en fous, c’est son flegme qui m’intéresse. Je suis là pour savoir ce qu’il fait de ses journées. Ce sont les réalisateurs qui me diront s’il est bon.
C’est pareil quand tu interviewes un écrivain ? Pas besoin de lire son livre ?
Ça ne me paraît pas obligé, je parle d’abord à des humains. Bon, j’aime évidemment quand il y a un semblant de direction artistique et d’exigence, tellement rare dans ce pays où Guillaume Canet est encensé et où on dit que le meilleur acteur du monde, c’est Jean Dujardin. C’est juste un bout de bois, Dujardin. Je ne vais pas décrire leurs œuvres, je ne sais pas faire.
Parfois les œuvres racontent les personnes.
C’est encore plus intéressant si elles disent le contraire.
Combien d’articles écris-tu, en général, entre les deux magazines ?
Peu. Je devrais en faire plus, ça me manque, et ça ne me plaît pas de réécrire des papiers. Mais si j’écris, les mecs ne bouffent pas. Je dois leur fournir des idées et pas tout écrire moi-même. De plus, mes articles ne sont pas du tout les meilleurs du canard. Ce n’est pas mon ambition d’être le meilleur journaliste.
C’est quoi l’ambition ?
Que nos journaux marquent l’Histoire. Que ça puisse être générationnel et que ça parle à des gens comme nous.
Ton métier, c’est journaliste ?
Quand on me demande, c’est ce que je dis. Je n’ai pas fait d’école de journalisme, donc je ne sais pas ce qu’on y apprend. J’ai une carte de presse. Après, je fais un peu de tout : on produit des pubs, des clips, des films, j’en réalise, je fais des scénarios, j’écris des blagues pour des mecs [aux Césars pour Antoine de Caunes]… Mais ce que je fais le mieux, c’est de diriger un canard.
A contre-courant de l’époque ? Privilégier le papier, alors que le Net et les tablettes passionnent les foules ?
Je ne suis pas très moderne, pour moi l’iPad, c’est un iPhone en plus gros et un Blackberry me convient très bien. Un magazine, ce n’est pas plus lourd qu’une tablette. Ce sont les modèles de lancement qui sont compliqués. Si tu veux vraiment que ton magazine marche, il faut de l’argent, pareil pour un site avec des exigences éditoriales. Il y aura toujours des gens qui claqueront trois ou quatre euros pour lire des histoires et se cultiver. Plus il y aura de presse gratuite et des journaux de dix pages, plus les articles de 30 000 signes sur papier auront de chances d’exister.
Quels médias consultes-tu ?
C’est horrible, rien. Rien de manière fidèle. Sur Gmail, sur Facebook, je regarde ce que j’ai reçu, ce que les gens ont lu. J’adore les brèves, qui traitent parfois en trois lignes ce qui sera pour nous un super sujet. Je me tiens au courant via le site de Libé, du Monde. Et, si, j’achète plein de magazines à la con quand je prends le train : Voici, Grazia, Technikart, Vox Pop, Courrier international, L’Equipe. Je ne regarde pas la télé, j’écoute vaguement la radio.
Tu lis ?
Un peu. Un livre par mois, très lentement. Je lis à des heures où je commence vraiment à être fatigué. Par contre, j’écoute beaucoup de musique.
On m’a dit de toi : « Il ne boit pas, il ne fume pas, ne se drogue pas, ne sort pas. C’est un genre de cycliste musulman, un coureur propre. »
C’est vrai. Je suis beaucoup sorti, mais je ne le fais plus depuis cinq ans, depuis que je suis père. Je bois parfois pour les convenances sociales ; j’ai déjà une casquette et des baskets, alors si je ne bois pas, les gens ont l’impression d’avoir un ado devant eux. Ça leur fait plaisir, mais à chaque fois je trouve ça dégueulasse. Fumer… j’ai une nature addictive : j’aime le Coca, j’en bois trois litres par jour, donc si je fume, ça va être intenable, ma mère n’a jamais réussi à arrêter et j’ai pas envie de crever d’un cancer du poumon. La drogue… me fait peur : j’aime être conscient de ce que je fais, je n’ai jamais tiré sur un joint, et la coke ou l’héro ne m’ont jamais attiré, ayant vu plein de potes à qui ça ne réussissait pas vraiment. Mais j’adore danser. Si t’interroges mes proches, tu verras qu’il y a un petit pas.

So Foot, So Film, Doolittle, en kiosques